Avec son conte « La sérénade d’Ibrahim Santos », Yamen Manaï prophétise la victoire des peuples
Ayant vécu à Tunis jusqu’à ses dix-huit ans, et vivant à Paris depuis, Yamen Manaï met des mots français sur une atmosphère et une inspiration orientale et maghrébine. Et raconte sous le mode du conte des histoires qui s’apparentent beaucoup à des réalités d’ici et maintenant.
Photo ci-dessus : Yamen Manaï © Editions Elyzad
Yamen Manaï n’en est pas à son coup d’essai. Ce jeune ingénieur, né à Tunis en 1980, a enchanté par son premier roman « La marche de l’incertitude » en décrochant en Tunisie le prix Comar d’Or (principal prix littéraire du pays) du meilleur roman 2009, après avoir remporté en France le prix des Lycéens Coup de Soleil, en 2000. Le jeune franco-tunisien nous offrait alors un livre qui réconciliait poésie et mathématiques quantiques dans un souffle propre aux contes orientaux.
Son deuxième roman, « La sérénade d’Ibrahim Santos », sorti en Tunisie le 20 juin 2011, et qui paraîtra en France le 22 aout prochain, parodie les dictatures modernes qui souvent perdurent... comme en Tunisie, justement.
Dans sa préface écrite en mai 2011, il précise : « Je ne sais quel accueil aurait eu ce livre si le pays était toujours entre les mains de Bonnie and Clyde. Mes angoisses ont été réduites en cendres par le sacrifice d’un homme puis balayées par la révolte populaire. Que c’était magnifique ! Pourvu que cette montagne de dignité n’accouche pas d’une nouvelle souris manipulatrice. »
Et le conte égrène sa magie : la bonne ville de Santa Clara est un endroit où il fait bon vivre et cultiver au gré des sérénades d’Ibrahim Santos, musicien météorologue, le meilleur rhum du pays. Mais, c’est sans compter sur la découverte par le dictateur de ce merveilleux breuvage. Et voilà que le village est assiégé et que les avancées technologiques sont imposées pour développer la production.
Ce conte raconte, dans une écriture délicieuse, plaisante et peuplée de métaphores, qui emprunte à la fois à la littérature sud-américaine contemporaine et aux grands conteurs tels Khalil Gibran, la révolte populaire. Une révolte dont Yamen Manaï annonce en couverture du livre qu’elle vaincra : « À tous les dictateurs du monde, regardez donc défiler les heures à vos montres d’or et de diamants. Les peuples vous arracheront leurs rêves, les peuples sonneront votre glas ». Que sa volonté soit faite, ici et ailleurs…
Nadia BENDJILALI
La sérénade d’Ibrahim Santos, Yamen Manaï
Éditions Elyzad, Coll. Littérature
Paru en juin en Tunisie, sortie en France le 22 août 2011
12 x 20,5 cm, 276 pages
ISBN : 978-9973-58-035-1
15 DT / 18,90 €