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Au Forum Afrique Cian-L’Opinion / Benoît Chervalier, VP Afrique de Medef Int. : « L’exception française en Afrique, ce sont 500 000 emplois portés par 4 400 entreprises françaises du continent »

24 avril 2024
 Au Forum Afrique Cian-L'Opinion / Benoît Chervalier, VP Afrique de Medef Int. : « L'exception française en Afrique, ce sont 500 000 emplois portés par 4 400 entreprises françaises du continent »
Benoît Chervalier, vice-Président Afrique de Medef International et PR de Africa and financing Business Europe, lors de son intervention au Forum Cian-L’Opinion, à Paris le 23 avril 2024. © AM/APP
« Les nouveaux enjeux géopolitiques du continent et leurs conséquences sur l’investissement » était la deuxième table ronde du Forum Afrique du Cian-L’Opinion, ce mardi 23 avril. L’occasion de revisiter quelques fondamentaux mais aussi de (re)découvrir le fort engagement des entreprises françaises sur le continent.

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par Alfred MIGNOT, AfricaPresse.Paris (APP)
@africa_presse

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Premier intervenant du panel, Papa Amadou Sarr, Directeur exécutif de l’AFD, observe qu’aujourd’hui, malgré le contexte peu favorable et les crises géopolitiques – Sahel, Corne de l’Afrique – le taux de croissance du continent avoisine les 4 %, comme avant la crise de la Covid.

« Longtemps portée par les exportations de matières premières, la croissance se diversifie, observe-t-il. Il y a de plus en plus de transformation locale, l’industrie et le secteur tertiaire comment à pendre de l’ampleur dans certaines zones géographiques du continent, qui aussi est marqué par la diversification des partenaires. Leur compétition pour prendre des parts de marché génère une émulation que les dirigeants devront mettre à profit. »
Selon le Directeur exécutif de l’AFD, la question de la pression démographique et son corollaire la migration exige que « la croissance puisse profiter à la majorité des populations africaines et avoir de l’impact en termes d’emploi des jeunes, qui est aujourd’hui le problème majeur de tous les pays du continent. »

Papa Amadou Sarr, Directeur exécutif de l’AFD, lors de son intervention au Forum Afrique du Cian-L’Opinion, le 23 avril 2024 à Paris. © AM/APP

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Le goût de l’Afrique et
l’exception française

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Benoît Chervalier, vice-Président Afrique de Medef International et PR de Africa and financing Business Europe, estime pour sa part qu’il y a « plusieurs Afriques et donc plusieurs réalités très diverses derrière le chiffre de croissance moyenne de 4 %. Certaines grandes économies – l’Afrique du sud et le Nigeria – sont à la peine, tandis qu’un autre groupe – Côte d’Ivoire, Rwanda, caracole autour de 7 % », et bientôt au-delà, notamment le Sénégal et surtout la Mauritanie grâce à la mise en exploitation des gisements gaziers et pétroliers.

Le plus important aujourd’hui, alors que « la lune de miel avec l’Afrique est révolue » comme on l’entend dire par de grands investisseurs, relève Benoît Chervalier, c’est de « (re)donner le goût de l’Afrique à ceux qui ne sont pas convaincus de prime abord par le Continent. C’est l’enjeu numéro un. »
Un défi pas si évident à relever, car depuis que le couple risque/rendement tend à jouer en défaveur de l’Afrique, à cause de la hausse des taux consécutive à la hausse de l’inflation, les investisseurs sont plus tentés par les économies matures, lesquelles apparaissent à nouveau attractives.

Mais il convient ici de relever une réelle « exception française », estime Benoît Chervalier : tandis qu’en termes de flux d’échanges commerciaux avec l’Afrique les entreprises françaises s’inscrivent à la huitième place mondiale, elles se hissent à la deuxième place en termes d’IDE, estimés à plus de 58 milliards d’euros. Autrement dit, elles investissent en s’inscrivant dans le long terme, elles s’enracinent dans les territoires où elles créent des emplois – 500 000 emplois estimés à ce jour pour 4 500 à 5 000 entreprises françaises implantées en Afrique –, ce qui est évidemment très apprécié par les autorités et les populations locales.

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Des banques de développement
en cours de création

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Vincent Di Betta, responsable de l’activité conseil international de Bpifrance, lors de son intervention au Forum Afrique du Cian-L’Opinion, le 23 avril 2024 à Paris. © AM/APP

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Vincent Di Betta, responsable de l’activité conseil international de Bpifrance, explique que l’un des axes d’action importants de la banque publique est de « participer, avec beaucoup d’humilité, à la création d’un environnement » propice pour que les entreprises françaises puissent exporter et se développer sur le continent africain. Cela se concrétise notamment par le programme de « l’Accélérateur Afrique ». Déployé en partenariat avec Business France et la Team France, il s’adresse aux dirigeants de PME et ETI françaises qui souhaitent s’implanter en Afrique. Avec Averroès, qui est un fonds de fonds, l’objectif est cette fois de faire grandir les PME locales.

Mais un élément nouveau se fait jour et mérite d’être remarqué, estime Vincent di Betta. C’est la demande formulée par les autorités locales de créer des outils de financement pouvant soutenir la création d’emplois, donc les entreprises. Le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Togo et le Bénin ont déjà formellement souhaité créer ces banques de développement en coopération avec Bpifrance, et d’autres pays s’y intéressent.
Ainsi, « notre dispositif Choose Africa 2 est une initiative très forte et très novatrice en vue d’apporter de la ressource financière à un pays qui veut se doter d’une banque de développement. Ressource financière à la fois pour financer et pour faire de l’assistance technique. »

Car cela fait des dizaines d’années que l’on investit beaucoup d’argent dans l’accompagnement, mais totalement déconnecté du financement, et avec des résultats unanimement reconnus comme trop médiocres, voire inexistants.
La nouveauté majeure avec Choose Africa 2, « c’est que l’accompagnement est au centre de tout le continuum de financement, relève Vincent Di Betta.
Et c’est le secteur public qui le fait, qui prend le risque et qui entraîne le secteur privé. Alors oui, c’est fou parce que c’est un changement total de paradigme, c’est mettre l’entrepreneur à tous les niveaux, dans les ministères, dans les écoles, dans l’éducation ».

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Les entreprises françaises
en Afrique : + 60 % en dix ans !

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Stéphane Tabarié, chef du bureau Afrique subsaharienne de la DG Trésor, lors de son intervention au Forum Afrique du Cian-L’Opinion, le 23 avril 2024 à Paris. © AM/APP

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Stéphane Tabarié, chef du bureau Afrique subsaharienne de la DG Trésor, rebondit sur le propos de Benoît Chervalier, estimant que « ce à quoi l’on assiste en Afrique, c’est à une transformation de la présence française, historiquement de l’export, vers l’investissement. C’est plutôt quelque chose à mettre au crédit des entreprises françaises et il faut, je pense, qu’elles communiquent davantage sur cette réalité, peu connue mais appréciée localement à la fois des gouvernements et des populations, notamment pour la création d’emplois et les formations. »

Aujourd’hui, on compte autour de 5 000 entreprises sur l’ensemble de l’Afrique et 2 500 en Afrique subsaharienne, estime Stéphane Tabarié. Surtout, « leur nombre a augmenté de 60 % en dix ans, relève-t-il. Cela signifie que, par rapport à quelques décisions d’entreprises qui se retirent, nombreux sont les nouveaux entrants qui pénètrent le continent ».

Sur la question des financements, Stéphane Tabarié a rappelé que depuis plusieurs années, l’AFD réalise plus de 5 milliards par an d’engagements sur l’Afrique, soit la moitié de son budget total. De son côté, le Trésor s’est impliqué pour 1,5 milliard de crédit export pour l’Afrique, sur 50 projets, et une dizaine de prêts du Trésor pour environ 200 millions d’euros ont été déployés dans des prêts directs aux gouvernements, pour des projets avec des entreprises françaises.

Certes, il est évident que la France ne peut pas à elle seule subvenir aux besoins de l’ensemble du continent africain en termes de financement. « C’est pourquoi, depuis quatre ans, le gouvernement français est extrêmement mobilisé au niveau multilatéral pour développer notamment tout ce qui est le recyclage des droits de tirage spéciaux et l’augmentation des moyens de la Banque mondiale – sur lesquels des résultats ont été obtenus. »

Quant au recul des investissements chinois, Stéphane Tabarié estime qu’« il ne faut pas forcément voir un signal négatif dans leur recul de ces dernières années. Car parfois, par le passé, ces financements avaient en réalité contribué à endetter exagérément certains pays bénéficiaires. Aujourd’hui, il y a une réelle volonté, côté chinois, de mieux cibler des investissements et de ne pas entretenir des dynamiques de dette non soutenables pour les pays. Je pense à certains pays d’Afrique de l’Est, – l’Éthiopie, la Zambie, le Kenya – où les investissements chinois avaient été très importants, mettant parfois en danger la soutenabilité des pays. »

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