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Christophe LECOURTIER, DG de Business France (1/3) : « Nos Team France Export accompagnent les entreprises dans leurs premiers pas vers le grand large de l’international »

2 mai 2019
Christophe LECOURTIER, DG de Business France (1/3) : « Nos Team France Export accompagnent les entreprises dans leurs premiers pas vers le grand large de l'international »
Si depuis quelques années la « diplomatie économique » s’efforce d’accompagner les stratégies publiques de (re)conquête des marchés internationaux, leur réussite demeure néanmoins dépendante de leur mise en œuvre opérationnelle. Business France, chargée de l’internationalisation des entreprises françaises, en est l’un des acteurs de tout premier rang. Christophe LECOURTIER, son Directeur général, nous décrit dans ce premier volet d’un entretien exclusif la genèse de la création des Team France Export, un projet en cours de concrétisation, qu’il a initié et dont on attend beaucoup.

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Propos recueillis par Alfred Mignot, AfricaPresse.Paris (AP.P)
@alfredmignot | @PresseAfrica

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Business France est l’opérateur à l’origine de la création récente des Team France Export, et vous-même en êtes l’inventeur. Comment s’est articulée la genèse de cette idée ?

Christophe LECOURTIER - Un élément essentiel de ma démarche aura été de commencer… par le commencement, c’est-à-dire demander aux entreprises ce dont elles ont besoin. Quand on leur pose cette question, elles répondent essentiellement deux choses. En premier, c’est que l’export est la partie émergée d’un iceberg beaucoup plus important, celui de la compétitivité. D’où ces premières requêtes qu’elles adressent à l’État : faites-nous une bonne politique économique, c’est-à-dire permettez-nous d’avoir un coût du travail compétitif, de pouvoir financer l’innovation, de ne pas être assommé par les réglementations en tous sens ; favorisez l’émergence de labels qui valorisent la qualité de nos produits, engagez avec l’Union européenne une politique commerciale qui nous permette d’accéder plus facilement au marché mondial – à l’instar de ce qui s’est fait récemment au Japon ou au Canada.

Sur cette question de la politique de compétitivité, force est de reconnaître que ces dernières années, bien des avancées ont été accomplies, qui ont amélioré la capacité d’action des PME et ETI françaises, avec une accélération notable depuis deux ans. Ainsi le taux de marge s’est reconstitué, les coûts salariaux ont été maintenus à un niveau acceptable, l’innovation continue à être bien financée au travers du crédit d’impôt recherche. Plus généralement, l’environnement pro-business plus positif de notre pays commence à porter ses fruits, comme l’atteste l’attractivité plus forte de la France, tant pour les investisseurs étrangers [IDE] que pour les nationaux – c’est le fruit d’un autre pan de l’action publique, où Business France a aussi une part de la responsabilité. Ainsi le taux d’investissement s’est-il redressé ces dernières années. Certes, Business France n’est pas en charge de la politique économique, ni de la politique de compétitivité. Ce n’est pas nous qui les déterminons, mais il nous revient de nous appuyer sur celles-ci pour développer notre action.

Le souhait d’un accompagnement fort à l’étranger, en soutien à l’export, c’est la deuxième chose que nous disent les entreprises, cette fois-ci davantage dans la partie des politiques publiques dont nous avons la responsabilité. Elles nous disent d’une manière très directe : « Faites simple et faites proche ! Faites en proximité, pas depuis Paris… il faut venir vers nous, dans nos territoires ! »

Notons en passant que c’est là une considération que l’on retrouve dans beaucoup d’autres domaines, en particulier en ce moment, où la demande n’est pas tant de moins d’administration, mais plutôt que celle-ci soit plus proche, tant géographiquement que par l’attitude, c’est-à-dire qu’elle se mette davantage dans une position de conseil plutôt que dans une posture de réglementation et de contrôle. Et elle doit aussi être plus simple d’accès, parce qu’aussi intelligents, aussi efficaces soient-ils, les dispositifs publics ne seront utilisés que si leur accès est aisé.

Autour de votre projet Team France Export, vous avez réussi à fédérer les Régions, les CCI régionales et Bpifrance, soit trois opérateurs ayant chacun une forte identité. Comment cela s’est-il passé ?

Christophe LECOURTIER - Partant du principe que la question de la compétitivité est déjà bien portée par le gouvernement et les politiques publiques, j’ai esquissé une réforme assez fondamentale de l’accompagnement export, pour répondre justement aux demandes et requêtes des entreprises.
Avant tout, il s’est donc agi de convaincre le gouvernement – et cela s’est fait très vite – que finalement, comme l’a dit le Premier ministre sur ma proposition, la bataille de l’export se gagne d’abord en France, et que si nous voulons véritablement susciter davantage d’exportateurs et stimuler l’exportation, il nous faut être à la source, en proximité vis-à-vis des entreprises, et leur proposer un dispositif incitatif pour leur donner envie d’aller à l’international.

Mais susciter le désir ne suffit pas ! Il faut aussi préparer les entreprises à cette aventure, de manière à leur donner le plus de chances de l’aborder positivement, en ayant déjà les réponses aux principales questions, et en fonction de cela définir le ou les marchés où nous les accompagnerons, sachant que tout cela est évidemment séquentiel, que les parcours doivent se faire dans l’ordre.

Donc j’ai convaincu le gouvernement de la pertinence de créer les Team France Export, puis bien sûr également les principaux partenaires présents dans les territoires, car à partir du moment où il nous était demandé de faire proche et simple, il était inimaginable d’envisager que coexistent sur un même territoire trois guichets différents auxquels les entreprises seraient censées s’adresser, et vis-à-vis desquels elles chercheraient – avec d’ailleurs on ne sait quelle boussole – le meilleur ou le moins mauvais.

Les fondateurs des Team France Export sont au nombre de quatre : les Régions, qui ont de par la loi la compétence du développement économique des territoires, et ont élaboré des stratégies sans toujours disposer des équipes pour passer à la phase opérationnelle ; les CCI régionales, qui incarnent par essence le réseau de proximité mais qui, parce qu’elles vivent une période un peu troublée de leur histoire, étaient confrontées à la question du développement de leur stratégie à l’international ; nous, Business France, qui avons la légitimité de notre expertise et de notre réseau sur les marchés étrangers mais une présence trop faible en région ; et enfin Bpifrance, qui apporte la capacité financière aux TFE, avec principalement le financement des garanties notamment pour l’export, et en particulier depuis deux ans qu’elle a repris les activités du compte public de Coface.
Bpifrance, qui pour le coup n’était pas en concurrence directe avec les trois autres opérateurs – ce qui était le cas entre eux –, puisqu’elle avait déjà sa spécialisation, est un partenaire essentiel car pour réussir à l’international il faut à la fois la boussole – savoir où aller – mais aussi le carburant, c’est-à-dire les ressources financières.
Nous avons donc choisi de nous mettre ensemble pour créer dans chaque Région un guichet unique de proximité, qui va assurer la préparation puis l’accompagnement des entreprises à l’export.

Dans quelles régions la Team France Export est-elle opérationnelle à ce jour ?

Christophe LECOURTIER - Les Team France Export, ce sont donc ces quatre membres fondateurs. Désormais elles sont déjà présentes dans 11 régions sur 13, il reste encore une petite exception bretonne mais le dialogue est nourri, et une petite exception en Région Grand Est où nous avons créé le guichet unique avec la CCIR et Bpifrance, mais où la Région évalue encore l’option de prendre la tête de cette équipe, comme on le propose dans toutes les autres régions.

Chaque Région est le chef de file de sa propre Team France Export ?

Christophe LECOURTIER - Oui, dans toutes les autres régions la collectivité régionale est clairement le leader, c’est conforme à la loi, et la grande percée de notre stratégie, c’est celle que Jean-Yves Le Drian [ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, qui porte la « diplomatie économique », ndlr] a lui-même énoncée en disant que « l’export est une ambition nationale avec une stratégie régionale ».

Autrement dit, il y a une ambition partagée partout dans le pays et au sein du gouvernement, mais elle se décline dans des stratégies mises en œuvre par les Régions. C’est à ces stratégies que les Team France Export apportent leurs moyens. Nous sommes l’armée qui met en œuvre les stratégies définies par les Régions, et c’est à elles que nous rendrons des comptes – outre bien sûr à l’État – car c’est la Région qui est comptable devant sa population, au titre de ses compétences, des performances en matière de développement international de son territoire. C’est un point vraiment essentiel.

Quel dispositif mettez-vous en place, concrètement ?

Christophe LECOURTIER - Pour épauler les Team Export, nous mettons en place des plates-formes informatiques de solutions apportant des réponses à toute une série de questions, un peu basiques et d’orientation, à l’ensemble des entreprises qui, à un titre ou un autre, se posent une question vis-à-vis de l’export. Cette plate-forme numérique interactive, très précise, séduisante et rythmée, ouverte 7/24, sera testée en version pilote au mois de mai, puis mise en œuvre à partir du mois de juin et généralisée à l’ensemble des régions françaises, chacune ayant son site propre, arboré à ses couleurs.

Ces plates-formes régionales s’adressent aux entrepreneurs. Elles sont en quelque sorte un « coach virtuel » en même temps que la porte d’entrée export pour les débutants, si je puis dire, avec les réponses à toutes les premières questions que l’on peut se poser, et qui visent à montrer qu’il y a toujours une solution, adaptée à chaque situation.
À partir de là, vous pouvez prolonger le dialogue et rencontrer un acteur en particulier – financier, RH, logistique, conseil, etc. Ensuite, au-delà de cette première étape, si vous êtes tenté, c’est la Team France Export physique de votre région qui va vous prendre en charge. Ainsi nos Team France Export accompagnent-elles les entreprises dans leurs premiers pas vers le grand large de l’international. Un premier pas qui se fait chez soi !

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À SUIVRE

- Christophe LECOURTIER, DG de Business France (2/3) :
« Les Team France Export, c’est du gagnant-gagnant pour tous
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SUR LE MÊME SUJET :

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