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Henry Marty-Gauquié, BEI-FEMIP : « Nous sommes prêts à doubler nos financements à l’Égypte »

Egypte | 20 juin 2011 | src.LeJMED.fr
Henry Marty-Gauquié, BEI-FEMIP : « Nous sommes prêts à doubler nos financements à l'Égypte »
Paris -

Orateur invité au colloque « Nouvelle Égypte, quel devenir ? » organisé sous l’égide du Sénat par « L’Association pour la Fondation France-Égypte », vendredi 17 Juin 2011 au Palais du Luxembourg, Henry Marty-Gauquié, Directeur représentant la BEI à Paris, a rappelé que la BEI-FEMIP, conformément aux récentes directives européennes, soutient activement les pays sud-méditerranéens en « transition démocratique ». C’est déjà le cas pour la Tunisie, ce sera aussi le cas pour l’Égypte, dès que les conditions de mise en œuvre seront réunies…

Photo ci-dessus : Henry Marty-Gauquié, Directeur représentant la BEI à Paris, durant son intervention au Palais du Luxembourg (Sénat), vendredi 17 juin 2011. © Alfred Mignot - juin 2011


Henry Marty-Gauquié (au centree), Directeur représentant la BEI à Paris, durant son intervention au Palais du Luxembourg (Sénat), vendredi 17 juin 2011. © Alfred Mignot - juin 2011

Ainsi que l’avait annoncé Philippe de Fontaine Vive, VP de la BEI et « patron » de la FEMIP, dès le 22 février dernier à Bruxelles, à l’occasion de la conférence annuelle de la Banque européenne d’investissement, dès 2011 la Tunisie bénéficiera d’une mise à disposition de 700 à 800 M€ de financements, contre 498 en 2010, soit près du double.

Depuis, plusieurs prises de positions et déclarations d’autorités européennes sont venues conforter cette attitude proactive de l’UE au regard des transitions démocratiques à l’œuvre dans le sud méditerranéen.

Ainsi, Le 8 mars dernier, l’engagement de l’Union européenne a été formalisé par la communication intitulée « Partenariat pour la démocratie et une prospérité partagée », complétée le 25 mai par une nouvelle version de la politique européenne de voisinage.
De plus, mardi 7 juin 2011, Catherine Ashton, Haute Représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, et vice-présidente de la Commission, a constitué un groupe de travail pour le sud de la Méditerranée, afin qu’il « veille à ce que les propositions que nous avons formulées à l’occasion de notre récent bilan de la politique européenne de voisinage soient effectivement mises en œuvre, et qu’il ait une vision claire de la stratégie que nous avons définie pour toute la région du Sud de la Méditerranée.
Il renforcera la cohérence de l’assistance que nous apportons à la société civile, à la mise en place de la démocratie et à la reconstruction économique grâce à des fonds provenant de l’UE, de la BEI et de la BERD ».

Une vue de la salle Clémenceau, au Palais du Luxembourg (Sénat), vendredi 17 juin 2011, lors du colloque dédié au devenir de l’Égypte nouvelle. © Alfred Mignot - juin 2011

C’est dans ce contexte d’engagement européen fort que l’intervention de Henry Marty-Gauquié, Directeur représentant la BEI à Paris (et donc aussi la FEMIP), prend tout son sens : « Nous avons mis à disposition de l’Égypte 650 millions d’euros de financements en 2010. Nous sommes prêts à doubler nos prêts dès que la situation le permettra, ainsi que nous le faisons déjà en Tunisie, avec laquelle nous signerons le premier “prêt au titre du Partenariat de Deauville” jeudi prochain, le 23 juin ».

En effet, au-delà de la disponibilité européenne réaffirmée – et renforcée par l’annonce du G8, le 27 mai à Deauville, d’une mise à disposition de 20 milliards de dollars pour soutenir le « printemps arabe » – Henry Marty-Gauquié a tenu à affirmer que « l’aide sans vision ne conduit nulle part (…). Il convient donc d’accompagner le mouvement démocratique sur le long terme pour conforter les évolutions courageusement portées par les peuples, par une perspective de convergence économique et sociale.
Ces dix dernières années, on a pu en effet observer que la croissance enregistrée au sud n’était pas inclusive. Ainsi tel pays sud-Med qui a enregistré pendant dix ans une croissance annuelle de 6 % n’a vu la pauvreté y diminuer que de 0,5 % par an ! Ceux qui se contentaient de relever le caractère quantitatif de la croissance ont oublié que la qualité de celle-ci est tout aussi importante, sinon plus ! »


Trois étapes pour une triple convergence

Ainsi le Directeur représentant la BEI à Paris a-t-il plaidé pour une vision de « triple convergence » : économique d’une part, « car l’écart de niveau de vie de 1 à 10 entre les rives nord et le sud de la Méditerranée n’est plus supportable » ; convergence des systèmes sociaux et éducatifs, afin de déboucher sur de plus grandes possibilités de mobilité pour les populations méditerranéennes ; convergence politique, enfin, par le cheminement désormais engagé au sud, vers l’État de droit et la démocratie.

Pour avancer vers cette « triple convergence », Henry Marty-Gauquié identifie trois étapes :

 d’abord le rétablissement des comptes publics, durement affectés par l’arrêt brutal de pans entiers de l’économie et par des aides sociales d’urgence apportées aux populations. « Il s’agit clairement d’aides budgétaires immédiates », pour lesquelles le Président José manuel Barroso, lors de son voyage à Tunis en avril dernier, a évoqué un montant de 140 millions pour chacun des pays en transition ; cette aide européenne sera complémentaire des aides bilatérales d’urgence que les pays de l’Union européenne ou les Etats-Unis se sont engagés à apporter ;

 ensuite, développer rapidement les outils de soutien au secteur privé, notamment aux TPE et PME (microcrédit, capital investissement…) afin qu’elles puissent créer de l’emploi, car, relève HMG, « l’emploi est la rémunération attendue par ceux qui ont fait la révolution » ;

 à moyen terme enfin, accroître substantiellement l’aide remboursable et l’orienter prioritairement vers des projets porteurs d’une croissance plus équitable, l’équilibre des territoires, l’augmentation des services aux populations.
Dans cette perspective, la BEI s’est engagée à Deauville à apporter à l’Égypte et à la Tunisie 3,5 milliards d’euros d’ici la fin 2013, et « le premier prêt à la Tunisie démocratique, qui concerne pour 163 M€ la modernisation du réseau routier dans les zones les plus défavorisées du pays, illustre bien le type d’action intensive en termes d’emploi qu’il faut mener », souligne Henry Marty-Gauquié.

En Égypte, où les contacts avec les autorités de transition sont moins avancés, la Banque envisage de développer le logement social et de soutenir des programmes de revitalisation urbaine intégrée comprenant tous les services qui sont associés au logement : infrastructures et réseaux, microcrédit et capital-risque aux entreprises, etc.

Parallèlement aux prêts, l’appui à la modernisation des politiques publiques sera aussi nécessaire ; la BEI est déjà fort active dans ce domaine, ainsi que l’illustre son action, aux côtés de la Banque mondiale et de l’AFD, au sein du Centre de Marseille pour l’Intégration en Méditerranée (CMI) qu’elle a fondé en octobre 2009 : accélérer le rattrapage des services urbains pour les populations, rénover les cadre juridique, fiscal, réglementaire des entreprises, améliorer les systèmes éducatifs et de formation, etc.

Dans cette perspective et pour accélérer la réalisation des investissements de base, la BEI a également lancé un vaste programme d’assistance technique à la promotion des PPP – et, à ce sujet, releva Henry Marty-Gauquié, « nous nous réjouissons vivement que l’Égypte, avec la Jordanie, le Maroc et la Tunisie, ait adhéré pleinement à la « Déclaration conjointe sur les PPP en Méditerranée », lundi 30 mai à Casablanca, au terme de la IXe Conférence de la BEI-FEMIP ».


Alfred Mignot

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Sites de référence
 Site de la BEI, Banque européenne d’investissement
 Site de la FEMIP
 Site du CMI, Centre de Marseille pour l’intégration en Méditerranée

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