CMAAP 8 / Emmanuel PEZÉ, VP de TINUBU : « L’assurance-crédit est un pilier fondamental à la confiance et à l’essor des PME africaines »
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Par Bruno FANUCCHI pour AfricaPresse.Paris (APP)
@africa_presse
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« Que les choses soient claires : Tinubu n’a rien à voir avec l’actuel Président du Nigeria. C’est un hasard historique : mon frère, qui a commencé sa carrière au Nigeria et qui a créé Tinubu, avait décidé que, si un jour il créerait une société, il l’appellerai Tinubu (le nom d’une place de Lagos) et l’Histoire nous a rattrapé », relève d’emblée avec un zeste d’humour Emmanuel Pezé, Vice-Président de Tinubu, société française spécialisée dans l’assurance-crédit.
Leader mondial dans ce domaine très pointu, Tinubu fournit aujourd’hui aux assureurs-crédit et aux sociétés de caution les systèmes qui leur permettent de faire leurs métiers. « De A jusqu’à Z, précise-t-il aussitôt. Depuis le portail de communication avec les assurés et les courtiers (Front End, en anglais) jusqu’à la partie centrale (Back End, en anglais) qui est celle dans laquelle l’assureur va travailler ».
« L’assurance-crédit, c’est une mécanique financière à laquelle nous croyons beaucoup », assure-t-il, rappelant les origines de cette passion familiale pour ce métier : « J’étais courtier dans le passé, je sais que cela marche bien et que c’est très utile. Mon grand-père était l’un des fondateurs de la SFAFC (Société Française d’Assurance pour Favoriser le Crédit) dès avant la Seconde Guerre mondiale, et mon frère a été directeur commercial d’Euler pendant des années. L’assurance-crédit c’est le métier que je connais et, s’il est aussi passionnant, c’est tout simplement parce que c’est un pilier fondamental de l’économie. Et cela n’est pas assez mis en valeur. L’assurance-crédit, c’est le système qui permet d’installer la confiance. Or, ce qui est le plus nécessaire dans le commerce, c’est de se faire confiance ».
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« En Afrique, beaucoup de PME
n’arrivent pas à se financer »
« En Afrique, beaucoup de PME
n’arrivent pas à se financer »
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Et Emmanuel Pezé d’expliquer en toute simplicité le mécanisme de ces transactions fondées sur la confiance. « Quand vous avez un intermédiaire qui est l’assureur-crédit et qui dit à la société A : Ne t’inquiète pas, tu peux vendre à la société B parce que je les connais et, d’ailleurs, si tu as un problème avec eux, c’est moi qui vais te rembourser… c’est magique ! ».
« L’intérêt de l’assurance-crédit, c’est qu’elle permet dès le début – grâce à ce travail d’analyse du risque qu’on appelle la prévention – de faire le tri entre le bon grain et l’ivraie », poursuit-il, car « il y a des sociétés qui méritent d’être garanties et d’autres qui ne le méritent pas. Il y a des gens sérieux et d’autres qui ne le sont pas ».
« Ce qui est dommage en ce qui concerne une grande partie de l’Afrique, observe-t-il encore, c’est qu’il y a plein de petits entrepreneurs et de PME prêts à faire beaucoup de choses mais qui n’arrivent pas à se financer. Or, le premier moyen de se financer, c’est le crédit. Si votre fournisseur vous fait crédit, vous avez le moyen de produire. Et si vos créances sont garanties par l’assureur-crédit, votre banque vous les finance. Pour les fournisseurs comme pour les clients, l’assurance-crédit joue un rôle fondamental de facilitateur ».
L’assureur-crédit va certes reverser 50 % à 60 % de ses primes perçues à l’indemnisation, mais s’il a le bon outil – je veux parler de nos logiciels – pour gérer son activité et contrôler ses risques, en fait, il s’y retrouve toujours.
Au premier rang de l’auditoire, on reconnaît notamment S. E. M. François NKULIKIYIMFURA, Ambassadeur du RWANDA ; S. E. M. Alaa YOUSSEF, Ambassadeur d’ÉGYPTE ; S. E. M. Ayed Mousseid YAHYA, Ambassadeur de DJIBOUTI ; S. E. M. Vijayen VALAYDON, Ambassadeur de MAURICE. Au second rang, on reconnaît M. Étienne GIROS, Président du Cian (Conseil français des investisseurs en Afrique). © F. Reglain.
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« Ce système est indispensable au
développement du tissu économique local »
« Ce système est indispensable au
développement du tissu économique local »
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Mais, concrètement, comment fonctionne Tinubu ? C’est une société qui apporte des systèmes en SaaS, c’est-à dire dans le « i-cloud », ce qui permet bien souvent de travailler à distance.
« Avec une équipe de quatre gars, que l’on espère à peu près compétents, mais on peut les former, on peut démarrer une compagnie d’assurance-crédit », assure Emmanuel Pezé, qui parle d’expérience : « On a commencé ainsi aux Émirats Arabes Unis et c’est aujourd’hui un vrai succès. L’Égypte a choisi aussi notre système et je sais que la Banque centrale d’Égypte est tout à fait motivée pour soutenir le redémarrage des activités dans ce secteur ».
Une vue de salle de conférences de l’Académie des Sciences d’Outre-mer durant l’intervention de S. E. M. Alaa YOUSSEF, Ambassadeur d’Égypte. © F. Reglain
« C’est frappant de voir que le pays d’Afrique aujourd’hui le plus puissant commercialement se trouve être l’Afrique du Sud, qui dispose de trois assureurs-crédit », observe encore Emmanuel Pezé, rappelant aussi la forte dynamique économique des « Trente glorieuses » en France, grâce notamment au rôle moteur de l’assurance-crédit.
« Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, raconte-t-il, vous aviez la SFAFC, la COFACE – qui est au départ une émanation de la SFAFC avant de devenir un élément d’assurance-crédit à l’export pour l’État –, et la Namur, une compagnie belge qui apportait aussi des garanties sur le marché français. Le nombre d’entreprises bénéficiant de l’assurance-crédit en France était alors considérable et c’est ce qui a vraiment facilité le développement de l’économie française » d’après-guerre.
« Il n’y a donc pas de raison, conclut-il, qu’en Afrique on n’utilise pas la même méthode et que l’on ne fasse pas la même chose car – je le répète – pour le développement du tissu économique local et régional, l’assurance-crédit est indispensable. Il faut que les pays africains puissent commercer entre eux de manière fluide, rapide, efficace. La confiance en ce domaine est vraiment le maître-mot. »
EN SAVOIR PLUS :
www.tinubu.com
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Les personnalités du panel et quelques autres ayant participé à notre VIIIe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris (de gauche à droite sur le photo) : S. E. M. Alaa YOUSSEF, Ambassadeur d’ÉGYPTE ; M. Alfred MIGNOT, Président AfricaPresse.Paris, concepteur et modérateur des CMAAP ; S. E. M. François NKULIKIYIMFURA, Ambassadeur du RWANDA ; Mme Lucia PETRY, Présidente de BPL Global France ; M. É tienne GIROS, Président du Cian ; Mme Læticia BALOU, Présidente de LB Global Consulting ; S. E. M. Ayed Mousseid YAHYA, Ambassadeur de DJIBOUTI ; M. Zied LOUKIL, Associé Mazars France ; S. E. M. Vijayen VALAYDON, Ambassadeur de MAURICE ; M. Emmanuel PEZÉ, Vice-Président Afrique et Moyen Orient de TINUBU. © F. Reglain
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