LE DOSSIER DU 1er FORUM AMBITION AFRICA (Paris-Bercy, 22-23 octobre)
Yvonne Mburu, membre du Conseil Présidentiel pour l’Afrique : « Il faut renforcer le système de santé africain dans sa globalité »
par Lena Kaba, pour AfricaPresse.Paris
Nous sommes passés des traitements antipaludéens aux traitements contre le cancer en quelques années » a déclaré Charles Wolf, directeur vaccins Afrique de Sanofi.
L’urbanisation galopante du Continent et les modes de vie associés se sont accompagnés d’une « mutation des pathologies (…) diabète, hypertension, cancers et autres maladies dégénératives qui reflètent l’évolution des besoins », a-t-il poursuivi.
Établir un équilibre entre l’offre et la demande médicale
Le Continent fait néanmoins apparaître « des disparités énormes » reconnaît Charles Wolf. L’Afrique du Nord concentre 35 % des personnels de santé du Continent, et l’Égypte 25 %. Par ailleurs « les degrés de maturité en matière de santé, sont supérieurs dans les pays anglophones, comme au Kenya qui compte dix fois plus de médecins par habitant, que la moyenne du continent ».
Cependant, loin d’être un eldorado médical, le Kenya accuse un déficit de 40 000 professionnels médicaux. Afin de renforcer le système de santé, Uhuru Kenyatta, le président kenyan, a signé un partenariat le 14 mai dernier avec Cuba, validant l’arrivée d’une centaine de médecins cubains pour une période de deux ans. Une décision désapprouvée par le syndicat des praticiens kenyans : « Il y a 1 000 médecins au chômage aujourd’hui au Kenya », faute de structures capables de les accueillir, a souligné Yvonne Mburu, membre du Conseil Présidentiel pour l’Afrique (CPA).
Renforcer l’accessibilité des soins sur le Continent
Christophe Jacquinet, co-CEO de Doc&You était venu présenter le centre de télé-cardiologie de Bouaké, ville située au centre de la Côte d’Ivoire, rappelant au passage que la locomotive économique ouest-africaine ne comptait, à ce jour, que 50 cardiologues pour 25 millions d’habitants. « Il n’y a qu’un IRM pour 90 000 personnes au Nigeria » la première puissance économique africaine, a quant à lui déploré Charles Wolf.
Toutefois, avec 500 millions d’utilisateurs de téléphones mobiles, le développement de la m-santé est en passe de confirmer le « leapfrog » médical africain. Elle permet par ailleurs, de réduire de façon significative le tourisme médical, en particulier dans les pays du Maghreb. La Tunisie, avec ses 2 058 centres de santé de base et ses 167 hôpitaux, représente aujourd’hui la deuxième destination de tourisme médical du Continent, après l’Afrique du sud.
Séance inaugurale du grand Forum #AmbitionAfrica, lundi matin 22 octobre à Paris-Bercy, au ministère de l’Économie et des Finances. © AM/AfricaPresse.Paris
Il faut être présent partout pour éviter la rupture de médicaments qui serait la porte ouverte à tous les trafics » a-t-il prévenu.
Plus de 100 000 personnes meurent chaque année, à cause de faux médicaments, d’après l’OMS malgré les initiatives menées par les bailleurs publics et les acteurs privés depuis quelques années. En 2016, Sanofi a participé au démantèlement de 27 laboratoires clandestins dans le monde, dont 22 en Chine. Le chiffre d’affaires issu de la contrefaçon de médicaments serait compris entre 10 % ou 15 % du marché pharmaceutique mondial (estimé à quelque 150 Mds $ par le Forum économique mondial, ndlr).
Retenir les compétences africaines
« Il faut renforcer le système de santé africain dans sa globalité » prévient la kenyane Yvonne Mburu, CEO et fondatrice de Nexakili, réseau mondial regroupant des professionnels de la santé et scientifiques africains, du Continent et de la diaspora. L’accessibilité des soins passe également par leurs coûts, c’est la raison pour laquelle les pouvoirs publics africains se sont, tour à tour, engagés à généraliser la couverture sanitaire universelle. Sur les 100 millions de personnes qui s’appauvrissent chaque année à cause des dépenses de santé, 97 % sont répartis entre l’Afrique et l’Asie, faute de couverture sanitaire.
Parallèlement, l’accessibilité aux soins suppose un personnel de santé réparti sur tout le territoire. De fait, la formation reste le nerf de la guerre.
À ce jour, le continent compte 24 % des malades dans le monde pour seulement 3 % des professionnels de santé et il n’existe que 168 facultés de médecine en Afrique subsaharienne ; 11 pays en sont totalement dépourvus. De plus, à l’issue de leur formation médicale, 27,5 % des Africains partent à l’étranger, démotivés par des salaires singulièrement bas et des environnements de travail peu attractifs. Le déficit des professionnels de santé s’élève à 4,2 millions en Afrique.
Éviter la fuite des cerveaux scientifiques ne se fera pas sans des investissements massifs destinés à la construction d’infrastructures de santé high-tech. S’appuyant sur son expérience personnelle, Yvonne Mburu a expliqué que c’est la nécessité de poursuivre sa formation, qui l’a conduite à émigrer : « Ma grand-mère était atteinte de la maladie de Parkinson et il n’existait rien en matière de recherche à ce sujet au Kenya. J’ai continué mes études aux États-Unis car je n’avais pas la possibilité de poursuivre mon cursus dans mon pays. J’ai ensuite rejoint l’Institut Marie Curie à Paris, exactement le type d’établissement qui manquent cruellement en Afrique » a-t-elle conclu.
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er FORUM AMBITION AFRICA
(Paris-Bercy, 22-23 octobre 2018)
« Il faut que les entreprises françaises prennent bien plus de risques ! »
AmbitionAfrica – Kabirou Mbodje, PDG de WARI :
« Notre plate-forme digitale se veut une porte d’entrée incontournable en Afrique »
Ambition Africa - Yvonne Mburu, membre du CPA et CEO de Nexakili :
« Il faut renforcer le système de santé africain dans sa globalité »
AmbitionAfrica - Mossadeck Bally, PDG du Groupe Azalaï :
« En Afrique, les entreprises françaises doivent se remettre en cause ! »
Ambition Africa - Mossadeck Bally, PDG du Groupe Azalaï (2/2) : « Nous sommes fiers d’être un groupe panafricain d’origine malienne »
Ambition Africa - Frédéric ROSSI, DGD de Business France (1/3) :
« La création de la Team France Export est une innovation historique ! »
AmbitionAfrica - Frédéric ROSSI, DG délégué de Business France (2/3) :
« Business France et Bpifrance vont lancer ensemble
un accélérateur d’entreprises à l’international »
Ambition Africa - Frédéric ROSSI, DGD Business France (3/3) :
« Après Ambition Africa, on ne lâchera rien ! »
Ambition Africa - Christophe LECOURTIER, DG de Business France :
« Ambition Africa deviendra l’événement entrepreneurial de référence entre la France et l’Afrique ! »
Ambition Africa - Ylias Akbaraly, PDG Groupe SIPROMAD (Madagascar) :
« Notre bureau de Paris représentera toutes nos activités avec nos partenaires internationaux »
Ambition Africa - Paul BOURDILLON, DGA SUEZ Afrique, Inde et MO (1/2) :
« Le développement inclusif est véritablement au cœur des activités de SUEZ en Afrique »
Ambition Africa - Paul BOURDILLON, DGA de Suez Afrique, Inde et MO (2/2) : « En Afrique, il faut financer à la fois la construction
et l’exploitation des infrastructures »
Ambition Africa - Vincent Stempin, DG de MÜPRO, TPE exportatrice en Afrique : « Nous avons identifié un potentiel important en Côte d’Ivoire »
#AmbitionAfrica - @Pedro__Novo, Directeur Export Bpifrance :
« Notre Fonds franco-africain vise à fertiliser PME et co-entreprises »
- Pierre-Yves Pouliquen, DG Afrique, MO et Inde de SUEZ :
« Le traitement des déchets est l’une des urgences de l’Afrique » (1/3)
- Pierre-Yves Pouliquen, DG Afrique, Moyen Orient et Inde de SUEZ : « L’Afrique nous oblige à réinventer nos modèles d’action et d’inclusion » (2/3)
Pierre-Yves Pouliquen, DG Afrique, MO et Inde de SUEZ :
« Nous travaillons en Afrique avec la même exigence technique et humaine qu’en France » (3/3)
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Une des affiches de promotion de l’événement Ambition Africa, à Paris, à proximité du ministère de l’Économie et des Finances. © AM/APP
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