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TICAD-JICA-AFRIJAPAN / Christine JOUAN-BRUNEAU, Présidente de Femmes de Demain : « La femme est l’avenir de l’Afrique ! »

18 juillet 2022
TICAD-JICA-AFRIJAPAN / Christine JOUAN-BRUNEAU, Présidente de Femmes de Demain : « La femme est l'avenir de l'Afrique ! »
L’association Femmes de Demain est engagée depuis plus de vingt ans dans le combat pour l’égalité des droits des femmes et s’intéresse particulièrement aux stratégies de développement en Afrique. Sa Présidente Christine Jouan-Bruneau nous livre ici sa réflexion sur le rôle décisif des femmes dans l’émergence du Continent.

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Une contribution de Christine JOUAN-BRUNEAU
Présidente de Femmes de Demain

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Il est intéressant de savoir que le continent Africain est le leader mondial de l’entreprenariat féminin et de loin : l’Afrique s’affiche comme le territoire des femmes entrepreneures. Elles représentent 27 % de la population féminine et 57 % des entreprises africaines. Mais nous savons que toutes les femmes en Afrique sont par nature dans l’économie informelle.Toutes les femmes sont donc concernées par l’entreprenariat, hélas, trop souvent par obligation, par réaction de survie, pour nourrir les enfants et les scolariser. Un des objectifs de l’évolution africaine est que les femmes deviennent entrepreneures par choix, par passion.

Les femmes africaines produisent 62 % des biens marchands, mais seulement 12 % sont propriétaires de terres. Elles assurent 70 % à 80 % de la production agricole, représentent 80 % de la masse salariale agricole : aujourd’hui, alors que l’insécurité alimentaire est criante et accrue par le réchauffement climatique, les femmes sont le premier levier de développement.

Elles représentent en effet un capital humain incontournable, qu’il faut cependant accompagner. Des études démontrent que si les femmes produisent nettement moins que les hommes, elles produiraient 20 % à 30 % de plus en étant formées. Cela permettrait à l’Afrique d’obtenir en seulement quelques années l’autosuffisance alimentaire.

Par ailleurs le contexte des besoins/opportunités africain est très favorable à l’innovation et à la création d’entreprises, car il faut solutionner les besoins en matière de santé, d’éducation, d’énergie, d’agriculture…
L’environnement culturel et éducatif se traduit particulièrement chez les femmes par une sous-bancarisation, et une méconnaissance des systèmes financiers et manageriaux, une très faible participation aux réseaux d’affaires, qui restent masculins.

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Les « 3 C » : Confiance,
Compétence, Capital

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La révolution 4.0, la digitalisation et la monétique changent aujourd’hui la donne et bousculent tous les préjugés. Une chance pour l’Afrique et, pour les femmes, une double chance de rattrapage des inégalités, permettant une certaine inclusion financière durable des femmes dans le monde économique global.
Comprendre quels sont les obstacles à la création d’entreprises féminines prospères, les freins au développement économique ,est une nécessité.

J’ai identifié trois causes majeures, que j’ai appelées les « 3 C » :

 la CONFIANCE en soi. Le poids socioculturel et les traditions relèguent les femmes aux tâches domestiques et privées, dans le monde actuel conçu par les hommes, pour des hommes. Les hommes et femmes croient les femmes incapables d’accomplir les tâches professionnelles et managériales. Elles ont été écartées des univers financiers et immobiliers et du monde des sciences. Toutes les formations au leadership démontrent qu’avec une confiance en leur qualités, les femmes deviennent opérationnelles dans tous les secteurs, y compris ceux classiquement réservés aux hommes : lever les stéréotypes est une nécessité.

- la COMPÉTENCE. Les petites filles d’Afrique ont longtemps été sous-scolarisées, elles décrochent très fortement au niveau du collège et accèdent rarement aux études supérieures. C’est dans l’univers des sciences et particulièrement du numérique qu’elles sont le plus sous-représentées. Éducation et formation de qualité , sont les chemins de l’accès à une diversité d’emplois de compétence. La Banque mondiale, l’Unesco, la BAD ont pris en main ce sujet, reconnaissant que si les filles et femmes ne sont pas formées aux emplois du numérique, elles ne seront pas présentes dans le monde de demain. La mise en œuvre de programmes dédiés aux femmes et aux jeunes, y compris dans des écoles alternatives ,favorise l’accélération du développement.

– le CAPITAL. Les femmes n’avaient aucun accès à la banque, au crédit, à l’emprunt, outils financiers absolument nécessaires pour créer entreprises, commerces et activités de services. Le financement de projets novateurs exige que les femmes soient accompagnées dans la structuration de leurs financements et soient en lien avec l’univers financier et bancaire.

La révolution numérique a fortement favorisé le rapprochement des femmes du système bancaire, le payement, la facturation numériques et la familiarisation avec les plateformes numériques de mise en relation entre l’offre et la demande sur les marchés les amènent progressivement à l’autonomisation financière. Des programmes et recommandations des grandes agences participent de cette évolution.

D’une manière générale, les programmes d’autonomisation des femmes donnent l’exemple de méthodes efficaces qui rapidement libèrent les femmes et leur permettent de développer leur entreprise, la surface de leur commerce, et l’on assiste à des progressions étonnantes. L’innovation n’est pas en reste en matière de e-santé, e-agriculture, e-commerce… et dans les domaines de transformation et production locales de produits variés.

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Création par AFRIJAPAN d’une CCI intercontinentale
pour les femmes entrepreneures d’Afrique, du Japon
et de France

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AFRIJAPAN [entité de promotion de la TICAD, ndlr], dans le souci d’accroître le potentiel de l’entreprenariat féminin, a décidé de lancer une initiative originale, dédiée aux femmes : créer une CCI des femmes Franco-Japonaises-Africaines, dont la mission serait d’assurer la promotion des entreprises commerciales, industrielles et de services.

L’objectif général de cette CCIF sera de développer les relations d’affaires entre femmes entrepreneures françaises, japonaises et africaines. Il s’agira également de développer le partage des bonnes pratiques et d’expériences en matière de création d’entreprises, de développement de compétences et de compétitivité sur les marchés internationaux. La Chambre accompagnera également les entreprises pour mieux répondre aux appels d’offres et aux besoins stratégiques .

Les objectifs spécifiques porteront sur la création d’une banque d’investissement des femmes accordant microcrédit, méso-crédit, et crédit aux initiatives des femmes entrepreneures du réseau ; la création d’une bourse de valeurs financières et foncières ; la création d’une assurance pour garantir et faciliter les prêts et investissements des femmes entrepreneures membres de la Chambre.

Une gouvernance novatrice de cette CCIF, soutenue par les agences et partenaires des divers continents – AFD, JICA, BAD… – serait annonciateur d’un soutien pragmatique renforcé à la création d’entreprises féminines et pourrait devenir un facilitateur inédit, que nous attendons tous et toutes. La politique portée aujourd’hui par la France, le Japon, et divers pays africains s’inscrit parfaitement dans un tel projet. Sachant qu’un intérêt particulier est donné à la société civile, force d’inclusion sociale au plus près des réalités de terrain.

Forte de ses richesses incommensurables, de ses 60 % de terres arables et d’un capital humain en 2050 le plus important au monde, l’Afrique, continent de demain, peut acquérir son autosuffisance alimentaire et énergétique, devenir un leader dont tous les autres continents auront besoin, notamment parce que les réserves naturelles minières et de matériaux rares, nécessaires à l’économie mondiale, se trouvent dans le sol africain.

Les femmes sont une part d’humanité qui souhaite s’investir totalement dans la réussite d’un développement durable à l’échelle mondiale, leur arrivée dans les nouveaux secteurs vitaux est une force nouvelle mise au service de l’évolution positive du monde de demain, particulièrement en Afrique. Partageons la conviction d’Alain Mabenckou, auteur académicien : « La femme est l’avenir de l’Afrique ».

Photo-souvenir de la CMAAP 4 du 28 juin, à laquelle Mme Christine Jouan-Bruneau a participé comme panéliste. De gauche à droite, sur la photo : François-Xavier BELLOCQ, Directeur-adjoint du département Afrique de l’AFD ; SE M. Junichi IHARA, ambassadeur du Japon à Paris ; Mme Christine JOUAN-BRUNEAU, Présidente de Femmes de Demain ; Mme Madina DIALLO YEO, Consultante ; Ferdinand BLEKA, Président international Afrijapan ; Mme Mouna BENNANI, Présidente de l’association « ASLI des femmes, une tradition ». © Frédéric REGLAIN/APP

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SUR LE MÊME SUJET :

CLIQUEZ ICI ET VOYEZ
LE REPLAY DE NOTRE CMAAP 4,
CONFÉRENCE
DES AMBASSADEURS AFRICAINS
DE PARIS DU 28 JUIN,
DÉDIÉE À LA TICAD,
LA COOPÉRATION JAPONAISE EN AFRIQUE

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