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Pr A. MEBTOUL : « Gaz, hydrogène vert, énergies renouvelables : les trois axes de la coopération énergétique Algérie-Europe »

8 octobre 2023
Pr A. MEBTOUL : « Gaz, hydrogène vert, énergies renouvelables : les trois axes de la coopération énergétique Algérie-Europe »
Une rencontre dans le cadre de la 5e réunion annuelle de haut niveau du dialogue énergétique entre l’Algérie et l’Union européenne, s’est tenue les 4 et 5 octobre à Bruxelles, co-présidée par le Ministre algérien de l’énergie et la commissaire européenne à l’Énergie. Au menu : le développement de la coopération énergétique.

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Une contribution du Pr Abderrahmane MEBTOUL
Professeur des universités, expert international, directeur d’études ministère Énergie et Sonatrach (1974/1979 - 1990/1995 - 2000/2007 - 2013/2015), président de la commission Transition énergétique des 5+5 et Allemagne (2019)

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Cette rencontre de début octobre à Bruxelles fait suite à la deuxième édition du Forum d’affaires Algérie-UE sur l’énergie, les 11 et 12 octobre 2022 à Alger.
Comme je l’ai rappelé dans plusieurs contributions (cf.www.google.com, 2010/ 2022) l’exploitation du pétrole/gaz de schiste aux États-Unis a bouleversé la carte énergétique mondiale, où les trois plus grandes réserves de gaz naturel se trouvent en Russie avec 45 000 milliards de mètres cubes gazeux, en Iran (32 000) et au Qatar (20 000).

L’Algérie, pour sa part, possède le quatrième réservoir mondial, soit environ 19 000 milliards de mètres cubes gazeux (cf. étude en 8 volumes, 780 pages, sous la direction du Pr Abderrahmane Mebtoul assisté des cadres de Sonatrach sous le titre « Gaz de schiste : opportunités et risques, pour une transition énergétique »).

Avant la crise en Ukraine, l’Europe dépendait pour environ 55 % de son approvisionnement en gaz de la Russie, qui était également son principal fournisseur en Gaz naturel à travers les canalisations de South Stream (capacité de 63 milliards de mètres cubes gazeux) et le North Stream 1(capacité de de 55 milliards de mètres cubes gazeux ), le North Stream 2 (même capacité) qui a été gelé, sous la pression des États-Unis.

Durant le premier trimestre 2023, la Norvège devient le premier fournisseur de l’Europe avec 46,1%, la Russie passe à 17,4% (la nouvelle stratégie étant de se touner vers l’Asie, Inde et Chine notamment ), l’Algérie à 13,4% ( contre 11/12% précédemment ) ,le Royaume Uni 12,9% et l’Azerbaïdjan 7,2%.Concernant le GNL (gaz naturel liquéfié), les États-Unis occupent la première place avec 40,2 %, la Russie représente 13,2 %, le Qatar 13,1 %, l’Algérie 6,7 % et la Norvège 6% , les autres pays représentant 20,2% des importations de GNL

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Les trois axes directeurs
d’un partenariat accru

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Selon Kadri Simson, la Commissaire européenne à l’énergie, s’exprimant lors de la deuxième édition du Forum d’affaires Algérie-UE sur l’énergie, les 11 et 12 octobre 2022 à Alger, l’Union européenne (UE) est prête à consolider et à développer davantage un partenariat énergétique avec l’Algérie, celle-ci ayant toujours été un fournisseur important et fiable de gaz naturel pour l’UE. L’Union européenne a proposé à l’Algérie trois axes directeurs pour un partenariat gagnant – gagnant.

Premier axe : l’augmentation des volumes de gaz à l’exportation vers l’Europe, en coopération avec des entreprises européennes et en exploitant de nouveaux champs gaziers.
Une des voies pour augmenter les exportations de gaz consiste à réduire davantage les émissions de méthane et le torchage, ce qui rendrait plus de gaz disponible pour le commerce. Plusieurs projets qui doivent approvisionner l’Europe permettront de développer les exportations du gaz par canalisation : le projet du gazoduc trans-saharien NIGAL, d’une longueur de 4 128 kilomètres (qui suppose la résolution du conflit au Niger) et d’une capacité annuelle de trente milliards de mètres cubes ; le projet de Galsi, via la Sardaigne et la Corse, gelé depuis 2012 et qui annonçait alors une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux pour un investissement de 3 milliards de dollars devant être relié à la Corse (cf. conférence du Pr A.Mebtoul à la CCI de Corse et son déplacement en Sardaigne pour défendre ce projet).

Selon les données de l’Opep, le gazoduc Medgaz reliant l’Algérie à l’Espagne a connu une augmentation de l’ordre de 2 milliards de m3 en 2022, en passant de 8 milliards de m3 à 10 milliards m3, tandis que les quantités de gaz acheminées vers l’Italie, via le Transmed, ont atteint 23,5 milliards de m3 contre 21,5 milliards m3 en 2021.

Deuxième axe : les énergies renouvelables. L’Algérie dispose d’abondantes sources d’énergies renouvelables, solaires (plus de 3 000 heures de soleil par an) et éoliennes, qui lui permettent de devenir un leader mondial dans la production de l’énergie propre, pour la consommation locale ( le Ministère de l’Energie prévoyant horizon 2030/2040, environ 40% de de la couverture du marché intérieur étant fin 2022 entre 1/2% ) mais aussi pour l’exportation vers l’Europe.

Rappelons qu’entre 2002 et 2023, dans plusieurs déclarations, le Ministère de l’Energie s’est engagé à promouvoir les énergies renouvelables, ce qui consiste à installer une puissance d’origine renouvelable de l’ordre de 22 000 MW à l’horizon 2030, dont 12 000 MW pour le marché national algérien, et avec une possibilité d’exportation allant jusqu’à 10 000MW.

L’Europe et l’Algérie travaillent déjà ensemble sur le développement des énergies renouvelables avec le projet commun « Taka Nadhifa » ainsi que des projets d’interconnexions électriques. Cependant, il reste à mobiliser un financement européen important du Fonds européen pour le développement durable, en coopération avec les banques de développement comme la Banque européenne d’investissement et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement.

Troisième axe de coopération : l’hydrogène vert. Un éventuel partenariat UE-Algérie sur l’hydrogène permettrait de développer la production, la consommation et le commerce d’hydrogène renouvelable et de dérivés. L’Algérie se propose, selon le Ministère de l’Energie, d’investir de 20 à 25 milliards de dollars à l’horizon 2040 autour de l’hydrogène renouvelable, divisée en trois grands phases : le démarrage via des projets pilotes (2023 à 2030), l’expansion et la création de marchés (2030 à 2040) et l’industrialisation et la compétitivité du marché (2040 à 2050).

À horizon 2040, l’Algérie prévoit de produire et d’exporter 30 à 40 TWh d’hydrogène gazeux et liquide, avec un mix à la fois composé d’hydrogène bleu, produit à partir de gaz, et d’hydrogène vert fabriqué par électrolyse grâce aux importantes ressources solaires du pays, avec pour objectif de fournir à l’Europe 10 % de ses besoins en hydrogène vert, d’ici à 2040.

En conclusion : l’Europe étant le principal client énergétique de l’Algérie (+ de 50 % en 2022) et le monde devant connaître une profonde mutation, notamment avec les impacts du réchauffement climatiques des espaces euro-méditerranéen et africain, la coopération entre l’Algérie et l’Europe devra être axée sur la nécessaire transition énergétique (nouveau modèle de consommation) et numérique. Ce bouleversement mondial influera sur les méthodes de gestion des États, par ailleurs exposés aux nouveaux dangers systémiques des cyberattaques.

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REPLAY DE LA CMAAP 10 / Grand succès de la Xe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris, organisée par AfricaPresse.Paris, et qui a réuni sept Excellences à l’Académie des Sciences d’Outre-mer, le 20 septembre 2023

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