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Nicolas KAZADI, ministre des Finances de la RD Congo, déclare à Paris : « Nos partenaires traditionnels, malheureusement, ne sont pas suffisamment au rendez-vous ! »

1er avril 2024
Nicolas KAZADI, ministre des Finances de la RD Congo, déclare à Paris : « Nos partenaires traditionnels, malheureusement, ne sont pas suffisamment au rendez-vous ! »
De droite à gauche sur la photo : le ministre Nicolas KAZADI, l’éditorialiste Yves THRÉARD, le député Bruno FUCHS. À gauche, de profil, Mme Niagalé BAGAYOKO, Présidente de African Security Sector Network (ASSN) et S.E.M. Émile NGOY KASONGO, Ambassadeur de la RD CONGO. Visible en reflet dans le miroir : S.E. Mme Corinne BRUNET, Ambassadeur du Bénin en France. © AM/APP
Nicolas Kazadi, ministre des Finances de la RD Congo depuis avril 2021, était mercredi 27 mars à Paris l’invité d’honneur du premier Rendez-Vous d’Afrique(s), nouveau cercle de réflexion et d’influence créé par Maître Pierre Masquart et Mme Zouhour Boughammoura, co-présidents. Yves Thréard, DA de la rédaction du Figaro, a animé l’interview-débat.

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par Alfred MIGNOT, AfricaPresse.Paris (APP)
@africa_presse

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Lors de son propos liminaire, Maître Pierre Masquart a notamment tenu à souligner que Rendez-Vous d’Afrique(s) s’intéresserait à tout le continent, et pas seulement aux pays francophones. « Notre idée, c’est vraiment de mettre l’Afrique au centre du monde, dans toutes ses relations et dans toutes ses dimensions avec les différents continents ».

Le club, qui publiera aussi des rapports annuels, « se réunira cinq fois fois par an », précise la coprésidente Mme Zouhour Boughammoura, Directrice Communication Externe de ARQUUS. « Le club aura à chaque fois l’honneur de recevoir une personnalité éminente, il sera ouvert sur la société civile économique, industrielle, culturelle, artistique mais aussi sur le monde politique et diplomatique (…) Notre but, c’est de redynamiser et promouvoir des projets d’espoir pour l’Afrique. »

Au pupitre durant leur propos liminaire : Maître Pierre Masquart et Mme Zouhour Boughammoura, coprésidents des Rendez-Vous d’Afrique(s). © AM/APP

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Le plus grand pays
francophone au monde

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En introduction de l’interview-dabat qu’il a conduit, l’éditorialiste Yves Thréard, Directeur adjoint de la rédaction du Figaro, n’a pas manqué de relever quelques caractéristiques singulières de la République démocratique du Congo, communément appelée RD Congo : avec ses presque 100 millions d’habitants (99 millions exactement, selon la BM), c’est le plus grand pays francophone au monde ; il s’étend sur 2,34 millions km², soit quatre fois la France, ce qui en fait le second plus vaste pays d’Afrique, après l’Algérie ; son économie relève à 70 % de l’agriculture, mais le pays est riche de minerais rares, comme le cobalt et le coltan, matières indispensables à la fabrication des téléphones portables… « Et c’est aussi un pays qui est aujourd’hui en butte à une guerre sanglante avec le Rwanda, une guerre quasiment oubliée. Et c’est bien le problème. »

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Rien ne va plus avec l’OIF

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Un « problème » qui a conduit récemment les autorités congolaises à décider de boycotter la journée de la Francophonie du 20 mars, car « l’OIF n’a manifesté « ni considération, ni solidarité ni compassion » face à cette tragédie qui se déroule à l’Est du pays, a relevé le ministre Nicolas Kazadi, dans la continuité des propos du ministre congolais de la communication, quelques jours plus tôt : « Nous allons évaluer notre appartenance à la Francophonie, et à l’issue des évaluations, des décisions seront prises », avait déclaré mardi 19 mars le porte-parole du gouvernement congolais Patrick Muyaya. « L’option de quitter la Francophonie pour beaucoup de Congolais n’est pas à exclure », avait-t-il poursuivi. « Mais ce n’est pas nous qui quittons la Francophonie, c’est la francophonie qui nous a quittés », commente le ministre Nicolas Kazadi.

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Manipulations
et trahisons

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La réélection pour un second et dernier mandat du président Félix Tshisekedi, en décembre dernier, fut un autre sujet abordé, sujet de satisfaction cette fois : malgré des « tentatives de manipulation du processus », l’élection, à laquelle les Congolais de l’étranger ont pu participer pour la première fois, s’est déroulée dans de bonnes conditions – fait assez rare en Afrique pour être souligné – ont estimé de conserve le ministre Nicolas Kazadi et Yves Thréard.
Quant à la question posée par ce dernier sur un éventuel rétablissement de la peine de mort, le ministre l’a justifée en évoquant des « trahisons » alors que le pays est en guerre, concédant toutefois que « l’idéal serait évidemment de ne pas avoir à l’utiliser ».

Une vue partielle des participants à la première conférence des Rendez-Vous d’Afrique(s), à Paris le 27 mars 2024. © AM/APP

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Économie : quand « les partenaires
traditionnels s’enferment dans la norme… »

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Côté économie, même si les partenaires traditionnels de la RD Congo que sont la Belgique, l’UE et la France font encore belle figure, Pékin est devenu, au fil des années, le premier partenaire commercial de Kinshasa, et les investissements chinois dans le pays ont atteint 10 milliards de dollars. « Il est clair qu’aujourd’hui la Chine contrôle plus de 80 % du secteur minier qui est le fer de lance de notre économie », relève le ministre, qui n’hésite pas à asséner quelques vérités :

« Nos partenaires traditionnels, malheureusement, ne sont pas suffisamment au rendez-vous. L’une des raisons, c’est qu’ils se sont enfermés dans la production massive de normes. Oui, au début c’est un progrès, mais à un moment donné, ils s’enferment dans la norme, ils se mettent en situation de ne plus pouvoir rien faire ! »

Alors que les vieilles nations historiquement actives en Afrique apparaissent ainsi corsetées dans leurs normes et frilosités, « les pays de ce que l’on appelle le nouveau monde, comme la Turquie, l’Inde, la Chine et un peu le Brésil font montre d’un dynamisme soutenu par leur démographie, et qui peut se déployer sur plusieurs espaces à la fois. Ils savent maintenant mieux appréhender l’Afrique que nos anciens partenaires ».

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Réduire le champ
de la corruption

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Cela dit, de son côté la RD Congo n’est pas exempte d’améliorer le climat des affaires afin d’attirer les investisseurs étrangers. Elle s’y emploie, comme le montre la réforme fiscale actée en décembre dernier. Portée par le ministre lui-même – « c’est mon bébé » – cette réforme a notamment aboli l’impôt cédulaire et a introduit l’impôt sur les personnes physiques, dans le but d’élargir l’assiette fiscale pour alléger la pression sur les entreprises formelles, et de mieux lutter contre la corruption : « De proche en proche, en fiscalisant le cadastre, les individus, les salaires, etc., on va réduire le champ de la corruption (…)

À l’avenir, les agents des impôts percevront peut-être un peu moins sur les entreprises et un peu plus sur les particuliers qui devront rendre compte de leur train de vie. Je crois que c’est un élément de changement important, car chacun fera attention. »

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« Les rendez-vous
impossibles… »

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Répondant à une question sur les PPP, le ministre a indiqué qu’une « loi sur le PPP avec un cadre réglementaire de mise en œuvre » existe. « Elle n’est pas encore suffisamment maîtrisée par tout le monde, mais il y a des expériences qui se mettent en place, notamment en matière d’infrastructures. »

Répondant enfin à une question sur le secteur bancaire, le ministre n’a pas hésité à conter une anecdote personnelle, illustrative du retrait des banques françaises : alors qu’il détenait un compte dans une banque française depuis qu’il était étudiant en France, bien des années plus tard ce compte a été clos d’office par la banque, alors même qu’il avait accédé à des « fonctions officielles » dans son pays…

« C’est ce que j’appelle les rendez-vous impossibles… [ce désengagement] coûte à la relation partenariale, à la relation commerciale entre les deux mondes. Notez que ce n’est pas le seul fait des banques françaises, c’est pareil avec les banques belges… Comment peut-on se faire mal à soi-même à un tel niveau ? Il n’y a pas d’explication ! »

Ou alors… le désamour de soi-même de l’Occident serait-il devenu son pire ennemi de l’intérieur, l’ennemi intime ?

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REPLAY / Grand succès de la XIIe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris, dédiée au partenariat renouvelé du Groupe AFD avec l’Afrique

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