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Mahamat Assileck Halata, ministre tchadien, à Paris : « La France n’est pas assez présente dans notre tissu économique »

21 octobre 2023
 Mahamat Assileck Halata, ministre tchadien, à Paris : « La France n'est pas assez présente dans notre tissu économique »
Mahamat Assileck Halata, ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Habitat et de l’Urbanisme du Tchad. © AM/APP
Ayant participé mercredi à la rencontre des présidents français Emmanuel Macron et de transition au Tchad, Mahamat Idriss Déby, le ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Habitat et de l’Urbanisme Mahamat Assileck Halata a rencontré jeudi plusieurs journalistes français pour un échange dépassant le seul champ de ses compétences ministérielles.

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par Alfred MIGNOT, AfricaPresse.Paris (APP)
@alfredmignot | @africa_presse

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« Oui, la France perd un peu pied en Afrique, mais la présence militaire française au Tchad ne souffrira aucune contestation. Cette présence est d’ailleurs très antérieure à l’opération Barkhane au Sahel », rappelle le ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Habitat et de l’Urbanisme. En effet, cette présence est quasi continue depuis l’indépendance du pays en 1960, avec six opérations extérieures successives (Limousin, Bison, Tacaud, Manta, Épervier, Barkhane) un record pour l’armée française, et le régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad fut, en 1940, le premier à se rallier à la France libre.

Un engagement dont la dimension symbolique demeure prégnante, même si aujourd’hui « on peut estimer autour de 40 % de la population » ceux qui vocifèrent leur sentiment anti-français, manipulés par des influenceurs populistes, voire l’argent de puissances étrangères.

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« Venez investir et créer
des emplois chez nous »

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Mais, affirme le ministre, « j’ai fait mes études au Maroc et en France, et j’assume de me sentir un peu Français. C’est assumé aussi au sommet de l’État. Avec la France c’est un partenariat gagnant-gagnant, mais la France a pris du retard, des acteurs nouveaux arrivent… »
Aussi, le ministre considère-t-il que beaucoup des critiques faites à la France par la vox populi trouvent leur source dans le fait que « la France n’est pas assez présente dans notre tissu économique. Aidez-nous à résoudre la question sociale, venez investir chez nous et y créer des emplois. Il y a tant de choses à faire dans tous les domaines, insiste Mahamat Assileck Halata, évoquant les secteurs stratégiques de l’énergie hydraulique, des routes, de l’organisation du marché de la viande hallal que le Tchad exporte dans les pays voisins, mais aussi celui de la gestion des déchets – « personne ne s’en occupe » – ou encore l’exploitation à industrialiser des gisements d’or, et déplorant que le Medef « n’est pas revenu… ».

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Le Tchad quasi-seul face à la charge
des réfugiés soudanais

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L’afflux massif de réfugiés soudanais au Tchad, de loin leur première terre d’accueil, est une autre préoccupation du gouvernement de transition.
En effet, selon l’UNHCR, Agence des Nations Unies pour les réfugiés, depuis que la guerre a éclaté à nouveau le 15 avril entre l’armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdan Dogolo, et septembre 2023, près de 800 000 personnes, principalement des femmes et des enfants (86 %), ont fui le Soudan en guerre pour se réfugier au Tchad,

Mais le soutien de la communauté internationale reste très insuffisant, malgré les appels de Filippo Grandi, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés. « Le Tchad fait face à cette grave situation humanitaire quasiment seul, les fonds d’aide tardent à arriver », déplore le ministre.

Le calendrier politique tchadien a également été évoqué, Mahamat Assileck Halata annonçant que le processus du « Dialogue de réconciliation nationale (1) inclusif inspire tout. Nous allons vers un référendum avant la fin de l’année… Le Président dit qu’il faut aller vers un régime constitutionnel »

Quelle sera la nature de ce régime constitutionnel ? « La démocratie à l’occidentale ne marchera jamais en Afrique, elle n’est pas en phase avec les réalités africaines. Il nous faut un modèle démocratique qui intègre les spécificités culturelles africaines », estime Mahamat Assileck Halata.

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1 - Le 20 avril 2021, aussitôt après l’annonce de la mort du président Idriss Déby Itno, tué au front par des rebelles, une junte de 15 généraux a proclamé son jeune fils, le général Mahamat Idriss Déby Itno, président pour une période de transition de 18 mois avant des élections.
Mais à l’échéance, en octobre 2022, la transition a été prolongée de deux ans afin de donner du temps au déploiement d’un Dialogue de réconciliation nationale.

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