Le Président Étienne Giros à l’AGO du Cian : « Pour répondre aux besoins africains, il faut proposer des solutions, donc former des coalitions d’acteurs »
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par Alfred MIGNOT, AfricaPresse.Paris (APP)
@alfredmignot | @africa_presse
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Sur la conformité, et pour paraphraser une réplique célèbre, la position du Cian pourrait se résumer en deux simples mots : Oui, mais !
« Oui à la compliance, argumente Étienne Giros, car nous ne demandons pas l’absence de règles, une sorte de Far-West. Nous sommes en faveur de la régulation et des comportements de RSE. Je le dis d’une manière ferme. Et ce n’est pas juste un plaidoyer pro domo, nous sommes motivés par deux raisons : la première, c’est que nous adhérons par conviction aux principes de la RSE. Nous ne devons pas nous comporter mal, corrompre, ne pas respecter les droits humains et du genre, maltraiter l’environnement et ne pas lutter contre le réchauffement climatique. Donc oui, nous adhérons pleinement à la conformité. Seconde raison : en tant que sociétés françaises, nous avons davantage d’obligations que les autres du fait de notre histoire complexe et ancienne avec l’Afrique ».
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« Imposer les règles à ceux
qui ne les respectent pas »
« Imposer les règles à ceux
qui ne les respectent pas »
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Mais - Expliquant ensuite que les règles de contrôle de la conformité sont en train de s’étendre à la suite d’une nouvelle directive européenne s’appliquant aux entreprises de plus de 500 salariés, alors que jusqu’ici seules les entreprises de plus de 5 000 collaborateurs étaient concernées, le Président du Cian a fait part des inquiétudes des entreprises.
« Il existe une certaine naïveté dans le déploiement de ces réglementations, qui se traduit par deux dangers. Le premier, c’est qu’elles peuvent engendrer de la concurrence déloyale : les nouveaux entrants, notamment d’Asie, ne sont pas soumis à ces règles, c’est le cas pour la moitié de la planète. Ils ne sont pas contraints par la Commission européenne, la loi Sapin II, ni par un procureur enquêtant sur la base d’une plainte d’une ONG…. Il faut donc arriver, avec les gouvernements africains et les bailleurs de fonds, à imposer ces règles à ceux qui ne les respectent pas. C’est la position que nous défendons auprès des pouvoirs publics. »
Le deuxième danger qui guette nos entreprises, a estimé Étienne Giros, c’est que ces règles peuvent être utilisées comme des armes par des adversaires. Des intérêts concurrentiels peuvent s’en servir pour affaiblir des concurrents à travers certains mouvements activistes. Ne pas tenir compte de cela, c’est là notre naïveté européenne !
Le nouveau logo du Cian a été présenté lors de l’AGO du 23 mars 2023. « Ce nom possède une forte portée en Afrique, c’est un actif. », a commenté le Président Étienne Giros. À droite sur l’estrade, Stephen Decam, Secrétaire général du Cian. © AM/APP
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« Apporter des solutions au marché »
par des « coalitions d’acteurs »
« Apporter des solutions au marché »
par des « coalitions d’acteurs »
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Dans un monde qui change rapidement et se multilatéralise, peut-on encore simplement proposer un produit, un investissement ? Selon Étienne Giros, les enjeux sont devenus si interdépendants que, pour prendre des positions sur les marchés africains et répondre aux besoins des États comme des consommateurs, il faut apporter des « solutions » au marché plutôt qu’un bien ou un service isolés.
« Un seul prestataire ne saurait seul proposer des solutions collectives qui nécessitent des coalitions d’acteurs », estime Étienne Giros, ajoutant que « le Cian peut y jouer un rôle, représentant tous les secteurs économiques et 80 % du chiffre d’affaires français en Afrique. Sans avoir la prétention d’organiser tout cela, nous avons la capacité d’attirer l’attention et d’être fédérateur. On pourrait commencer par deux secteurs : l’agro-industrie et l’électrification, donc l’énergie. »
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Alfa, une coalition d’entreprises françaises
pour une agriculture durable en Afrique
Alfa, une coalition d’entreprises françaises
pour une agriculture durable en Afrique
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La création de l’association ALFA – Agriculture-Livestock-Fisheries-Africa – pilotée par Karim Aït Talb, directeur général délégué d’Advens/Géocoton [que AfricaPresse a reçu au panel de notre Conférence des Ambassadeurs de mars 2022, ndlr] illustre ce concept de « coalition d’acteurs » préconisé par Étienne Giros. C’est pourquoi le Cian a décidé d’en être membre fondateur et d’entrer au conseil d’administration.
C’est la bonne démarche, estime Étienne Giros, pour « répondre aux besoins africains et apporter des solutions d’ensemble. Nous allons accompagner ALFA parce que nous partageons ses valeurs, nous défendons les entreprises et l’Afrique, c’est notre engagement. »
La deuxième piste évoquée par Étienne Giros pour la coalition d’acteurs, c’est l’électrification et donc l’énergie. Par exemple, le retour en grâce du nucléaire et les besoins immenses de l’Afrique ouvrent des pistes à l’énergie nucléaire civile sur le continent, notamment grâce aux mini-réacteurs modulaires. Un défi qu’une coalition d’acteurs aurait la capacité de relever, dans ce secteur où la France occupe une place de choix.
« Notre rôle, c’est d’alerter et de donner l’envie de l’Afrique » a conclu Étienne Giros.
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Organisée en collaboration avec le journal l’Opinion, l’édition 2023 du Forum Afrique du Cian aura lieu mardi 18 avril prochain (de 8 h 30 à 17 h 30, entrée gratuite sur inscription préalable) au Novotel Tour Eiffel, à Paris XVe. Sur le thème de la construction d’une nouvelle relation entre l’Afrique et la France, le Forum accueillera des délégations africaines de haut niveau, notamment du Niger, du Tchad, du Congo et de la RDC, a annoncé Étienne Giros.
En savoir plus et s’inscrire : https://www.forum-afrique-cian.fr/fr
Site du Cian : https://www.cian-afrique.org/
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