Jawad KERDOUDI, président de l’IMRI (Maroc) : « La Chine qui s’ouvre aux importations de produits et services, c’est une chance pour l’Afrique »
Une contribution de Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI
(Institut Marocain des Relations Internationales)
La CIIE de Shanghai,
une exposition dédiée aux importations
C’est dans cette perspective qu’en mai 2017, le Président chinois Xi Jinping a annoncé au Forum « One belt One road » l’organisation par la Chine d’une exposition entièrement dédiée aux importations. Passant de la parole aux actes, la première édition de ce Salon China International Import Expo (CIIE) a eu lieu récemment à Shanghai, du 5 au 11 novembre 2018.
La CIIE s’est déroulée au Centre national des expositions et des congrès de Shanghai, a été co-organisée par le Ministère Chinois du Commerce et la municipalité, soutenue par l’OMC (Organisation mondiale du commerce) et l’ONUDI (Organisation des Nations Unies pour le développement industriel).
L’exposition a été divisée en trois parties : le Forum du Commerce international, les pavillons nationaux pour l’investissement, et le Salon des entreprises. La surface totale de la CIIE dépasse les 240 000 m2, et les 150 000 importateurs chinois présents pendant l’exposition peuvent irriguer les grandes villes du delta du Yangtse, centre industriel commercial et industriel important de la Chine.
Au cours des cinq prochaines années, on prévoit que la Chine importera des produits et services pour une valeur de plus de 10 000 milliards de dollars. Enfin Shanghai, située dans la zone économique du delta du fleuve Yangtse, dispose d’une grande puissance économique, une industrie des services bien développée, et un port de conteneurs classé au premier rang mondial pendant sept années.
Des exemples de produits importés par la Chine…
L’Afrique qui exporte actuellement vers la Chine surtout des matières premières, a tout intérêt à développer vers ce pays des exportations de produits manufacturés et de services. Cela lui permettra de valoriser sur place ses produits de base, et de faire face à son endettement de plus en plus contraignant.
Exporter sur la Chine des produits manufacturés et de services n’est guère facile pour les pays africains. Mais l’effort est nécessaire et profitable, du fait de l’importance des consommateurs chinois et du développement de leur pouvoir d’achat, car il est prévu que la Chine devienne la première puissance économique mondiale en 2030.
À titre d’exemple, la section du commerce des biens de la CIIE 2018 s’est focalisée sur les équipements intelligents haut de gamme, les appareils électroniques grand public, les automobiles, les vêtements, les biens de consommation, les produits agro-alimentaires, les équipements médicaux et produits de soins médicaux. Quant à la section du commerce des services, elle a couvert le tourisme, les technologies émergentes, la culture et l’éducation, le design créatif et la sous-traitance des services. En outre, l’important réseau bancaire chinois offre une large gamme de services pour le financement des importations et des investissements à travers la Bank of China, la Banque industrielle et commerciale de Chine et la China Construction Bank.
« Il appartient au secteur privé marocain
de placer
le marché chinois comme une priorité »
Notre pays le Maroc, qui vient de fêter le soixantième anniversaire des relations diplomatiques avec la Chine a signé en mai 2016 le Partenariat stratégique avec ce grand pays. En novembre 2017, les deux pays ont signé conjointement le Protocole d’accord relatif à « One belt One road » qui prévoit l’adhésion du Maroc à cette initiative.
La Chine est devenue le troisième partenaire commercial du Maroc, mais avec un fort déficit au détriment de notre pays. Les investissements chinois au Maroc se développent dans les secteurs de l’automobile, des centrales thermiques, des énergies renouvelables, des télécoms, des infrastructures et de l’électronique. BMCE Bank of Africa a obtenu en juillet 2018 l’accord définitif pour l’ouverture d’une succursale à Shanghai, de même que le nombre de touristes chinois a dépassé les 100 000, à la suite de l’exonération du visa pour le Maroc.
Mais ces efforts sont insuffisants, et il appartient au secteur privé marocain de placer le marché chinois comme une priorité, et sélectionner les niches où il a le plus de chances de se placer sur cet immense marché.
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