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EN DIRECT DU IVe LAB, À ABIDJAN

Éric Bazin, fondateur de Land of African Business : « L’Afrique est une terre d’innovation, c’est un fait établi ! »

27 octobre 2018
Éric Bazin, fondateur de Land of African Business : « L'Afrique est une terre d'innovation, c'est un fait établi ! »
Plus de 500 personnes s’étaient réunies au sein de la Chambre du Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire à l’occasion de la IVe édition du Land of African Business (LAB), début octobre. L’innovation inversée était au centre des débats, face à un auditoire particulièrement jeune mais pas toujours très impliqué : explication de texte avec Éric Bazin, le fondateur du cercle de réflexion Land of African Business.

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La quatrième édition du Land of African Business (LAB) a opté pour le thème de l’innovation inversée. Pourquoi ce choix ?

Éric Bazin – Nous avons emprunté à Makhtar Diop, de la Banque mondiale, l’idée que l’Afrique est une terre d’innovation, sans condition ni point d’interrogation. Nous avons abordé l’innovation sur le Continent comme un fait établi, car il faut cesser de penser que l’Afrique est le continent de demain alors qu’il s’y passe beaucoup de choses depuis plus de dix ans !

La jeunesse africaine est depuis bien longtemps mobilisée pour proposer des solutions concrètes et performantes. Plus de 25 pays africains étaient représentés cette année, ainsi qu’une dizaine d’autres nationalités. Nous avons fait le choix de ne pas nous éparpiller en restant sur le périmètre de l’Afrique francophone et, avec 70 % des personnes présentes à cet événement âgées de moins de 30 ans, c’est un pari gagné pour nous !

Parmi les startups présentées au cours des trois précédentes éditions du LAB, lesquelles se sont depuis particulièrement distinguées ?

Éric Bazin – L’an dernier lors des African Rethinks Awards (ARA), Bio Phyto, une startup gérée par un jeune béninois, Gildas Zodome, qui fabrique des engrais biologiques, a levé 800 K€ avec Erick Yong, le fondateur du fonds d’investissement allemand GreenTec Capital, lors de ces rencontres qui s’étaient également tenues à Abidjan.

Il y a également LIFI-Led d’Ange-Frédérick Balma, qui vient de signer un contrat de 4M$ et qui a aujourd’hui dépassé le stade de la startup (NDR : LIFI Led fournit de connectivité Internet grâce aux ampoules LED alimentées en énergie solaire, ndlr).

Cette année nous avons identifié des « startuppeures » ivoirienne, sénégalaise et burkinabè, particulièrement intéressantes dans le créneau Agritech.

« L’ambiance à Abidjan est conviviale
et facilite l’échange »

Pourquoi avoir choisi d’organiser cette IVe édition à Abidjan, à quelques jours des élections municipales et régionales ?

Éric Bazin – L’accueil y est agréable et nous y sommes bien accompagnés (…) Certes, les ministres attendus n’étaient pas tous au rendez-vous le premier jour en raison du contexte électoral (absence remarquée du Premier ministre, ndlr) mais nous avons suivi notre programme. Par ailleurs, le ministre de la Santé est venu nous faire part des défis et des perspectives liés au développement de sa région, dont il était le président, avant d’être tout récemment appelé à ses nouvelles fonctions.

L’ambiance à Abidjan est conviviale et facilite l’échange. Par ailleurs, nous sommes très bien reçus à la Chambre du Commerce et d’Industrie où nous avons pu ouvrir l’événement sur la projection d’un film consacré aux enfants invisibles, produit par Michel Welterlin. Une situation qui concerne 2,8 millions de personnes sans état civil uniquement en Côte d’Ivoire… Il s’agit d’un thème fort qui nous a accompagnés tout au long de ces rencontres.

Vue d’un atelier du IVe LAB, en octobre 2018 à Abidjan. © DR

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Comme l’a souligné Régina Mbodj, directrice du CTIC à Dakar, les innovations africaines sont aujourd’hui largement exploitées par des firmes étrangères, faute de moyens pour les développer sur le continent… comment y remédier ?

Éric Bazin – C’est un problème qui fait partie intégrante de notre réflexion. C’est pourquoi, dès l’an dernier, nous avions organisé des sessions relatives aux droits d’auteurs, à la protection et à l’enregistrement des marques. Nous avions d’ailleurs sollicité deux avocats spécialisés dans la protection des marques pour accompagner les startuppeurs…

Un manque de « responsabilisation »

Comment s’opère l’accompagnement et le suivi des jeunes startuppeurs qui participent au LAB ?

Éric Bazin – Je vais être sévère, mais dès la gratification financière reçue, nombreux sont ceux qui perdent leur motivation pour un réel suivi. C’est un manque de « responsabilisation » selon moi et un manque de « temps », selon eux. Trop souvent, les jeunes entrepreneurs préfèrent aller d’une conférence à une autre : de la Chine aux États-Unis, au détriment de leur présence au sein de leur entreprise…

Pas un seul des jeunes sélectionnés l’an dernier n’a fait appel spontanément aux avocats que nous avions sollicités. Il a fallut qu’une avocate elle-même, prenne l’initiative d’entrer en relation avec eux…
Lors de la première édition, alors que nous avions un partenariat avec Science-Po, parmi les 9 lauréats qui ont reçu un mentorat équivalent à 12 000€ à l’Institut, aucun ne l’a demandé, à l’exception d’une jeune femme, qui avait dépassé la date d’inscription à cause de sa grossesse mais que nous avons finalement intégrée. Les jeunes sont encore trop souvent attirés par les lumières de l’Occident…

Quelle suite sera donnée à cette nouvelle édition du LAB ?

Éric Bazin – Cette année, nous éditons avec les étudiants de l’ESSEC-Rabat et de l’ESSEC-Paris un livre blanc à destination des pouvoirs publics, de la société civile, de nos partenaires comme Royal Air Maroc, Canal+ Afrique et la Société Générale, ainsi que des bailleurs internationaux. Nous réfléchissons encore à la destination 2019… cela pourrait être à Paris ou de nouveau à Abidjan.

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SITE DU LAND OF AFRICAN BUSINESS (LAB)
https://lelab.info/

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