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Eric AMOUSSOUGA, DG de GE pour l’Afrique francophone sub-saharienne : « Il faut réinventer la formation pour combattre le chômage en Afrique »

16 novembre 2023
Eric AMOUSSOUGA, DG de GE pour l'Afrique francophone sub-saharienne : « Il faut réinventer la formation pour combattre le chômage en Afrique »
Éric Amoussouga, DG de GE pour l’Afrique francophone sub-saharienne. © BF/AM
Participant à un panel de haut niveau sur la formation professionnelle, au Salon Afrique Unie (SAU) de Cotonou, le DG de GE pour l’Afrique francophone sub-saharienne a donné quelques pistes : « Apprentissage, apprentissage, apprentissage ! » a-t-il lancé, et appelé à plus d’adéquation entre la formation des jeunes et les besoins des entreprises.

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Entretien exclusif à Cotonou (Bénin)
par Bruno FANUCCHI
pour AfricaPresse.Paris (APP) @africa_presse

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APP - Vous êtes un industriel béninois qui a réussi, mais quelles sont aujourd’hui vos responsabilités ?
Eric AMOUSSOUGA –
Je suis en effet Béninois, mais actuellement basé à Abidjan (Côte d’Ivoire), où j’assume aujourd’hui les responsabilités de DG de GE pour l’Afrique francophone sub-saharienne, c’est-à-dire l’Afrique de l’ouest et l’Afrique centrale. Et je m’occupe principalement des activités du secteur Énergie.

APP – Dites-nous en plus sur GE...
Eric AMOUSSOUGA –
Depuis plus de 130 ans, GE invente le futur de l’industrie. Aujourd’hui, GE est surtout connue pour son travail dans les secteurs de l’énergie, des énergies renouvelables et de l’aérospatiale. L’entreprise est également leader dans la fourniture de solutions pour la fabrication additive, la science des matériaux et l’analyse des données.

Dans l’énergie, qui est mon domaine d’expertise, GE Vernova contribue à la production d’environ 30 % de l’électricité mondiale. À ce titre, nous reconnaissons le rôle crucial que nous jouons dans le mouvement de transition énergétique pour aider les pays à atteindre leurs objectifs de décarbonisation. Nous couvrons donc toute la chaîne de l’énergie, c’est-à-dire qu’on accompagne les infrastructures qui permettent de générer, évacuer et gérer l’énergie.

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« Ce genre de forum économique
contribue au développement
de l’Afrique par des Africains »

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APP - Comment vous êtes-vous retrouvé aujourd’hui à Cotonou pour la première édition du Salon Afrique Unie organisée sur le Continent ?
Eric AMOUSSOUGA –
J’ai été contacté par les organisateurs et j’ai aussitôt trouvé simple et naturel d’y participer pour « rendre ce qu’on a reçu ». C’est dans cet esprit que je suis revenu à Cotonou. Ma participation à ce salon, comme à tous les types d’événements qui permettent de partager, d’échanger et de diffuser la connaissance, me semble logique et utile. Je trouve qu’on a d’ailleurs besoin de plus en plus d’initiatives de ce genre parce que le changement et la transformation de l’Afrique vont passer par ce genre de fora où les Africains peuvent échanger entre eux et se dire aussi quelques vérités.

APP - Ce genre de forum économique vous paraît donc utile ?
Eric AMOUSSOUGA –
C’est parfaitement exact. En Afrique, on est trop souvent dans la caricature et la critique alors qu’on doit faire plus de choses nous-mêmes pour nous en sortir. On doit travailler plus ! Et travailler plus efficacement pour trouver des solutions aux problèmes économiques qui se posent à l’Afrique passe aussi par ce genre de moments.
Dès qu’on m’a donné l’opportunité de venir au SAU et de participer à un panel sur la Formation professionnelle, j’ai aussitôt accepté avec plaisir. Je pense, en effet, que ce type d’initiatives qui se répètent de plus en plus sur le Continent va permettre aux gens de commencer à travailler sur des choses un peu plus concrètes. Et permettre aux Africains en général de mieux se développer. Voilà l’objectif et c’est une excellente chose.

Le DG Afrique sub-saharienne de GE (à gauche sur la photo) avec les panélistes de la table ronde sur la formation professionnelle, au SAU de Cotonou. © BF/APP

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APP - Au Salon Afrique Unie, vous participiez à un panel consacré à la formation professionnelle. Quel a été votre principal message ?
Eric AMOUSSOUGA –
Il faut réinventer la formation pour combattre le chômage en Afrique. On ne peut pas continuer à former des gens et à remplir les universités d’étudiants qui, demain, vont se retrouver au chômage car leur formation ne correspond pas aux besoins des entreprises. Il y a trop souvent une inadéquation complète et flagrante entre certaines filières d’études et les besoins réels du marché du travail.

Il faut donc clairement identifier le besoin et cela passe par la collecte de données pour mieux collaborer avec les entreprises et s’assurer que toute la chaîne — depuis la maternelle jusqu’à l’Université – soit en parfaite adéquation. Si on a besoin de médecins, d’ingénieurs et de comptables, peu importe, il faut non seulement s’assurer qu’on forme ce dont la société a réellement besoin, mais aussi qu’on pense à former des gens pour des métiers d’avenir.
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« Il faut revoir et orienter toute la formation
professionnelle vers les métiers d’avenir »

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APP - Ne faut-il donc pas revoir dans certains pays d’Afrique une grande partie de ce que l’on appelle précisément la formation professionnelle ?
Eric AMOUSSOUGA –
Exactement, nous devons trouver la bonne adéquation. C’est vraiment très important parce qu’on va ainsi réduire de façon significative le problème du chômage. Quand les gens vont être formés de façon plus professionnelle avec une vraie expérience et un métier à la clé, cela va mécaniquement nous aider à développer la société. Cette approche plus pragmatique de la formation professionnelle va permettre d’avoir un véritable impact sur la société. Il faut donc revoir et orienter toute la formation professionnelle vers les métiers d’avenir.

APP - N’y a-t-il pas parfois une certaine obsolescence des formations avant même que les apprenants n’achèvent leur cursus ? Comment pallier cela ?
Eric AMOUSSOUGA –
Dans ma vision d’industriel, je vais le répéter, il faut donner la priorité à l’apprentissage : apprentissage, apprentissage, apprentissage ! Il faut que les gens soient soumis à la vraie vie. Si on continue de former des gens qui ne sont pas prêts, qui ne sont pas équipés, pas outillés pour remplir correctement des fonctions, on en fera des chômeurs. Or l’objectif d’une entreprise, c’est de faire des profits et donc d’avoir des salariés efficaces.

Pour moi, la solution est donc de retravailler le concept et le parcours des étudiants pour vraiment les associer, les intégrer aux entreprises. On a énormément de métiers mais ça va être très important d’arriver à enclencher cette nouvelle mécanique. On a encore beaucoup de travail mais je pense que la première étape est de clairement modifier la façon dont les décisions sont prises et d’y associer à la fois les politiques et le secteur privé.

APP - Quels sont, selon vous, les métiers d’avenir en Afrique ?
Eric AMOUSSOUGA –
Pour répondre à votre question, une chose est primordiale à rappeler : la population de l’Afrique subsaharienne va quasiment doubler d’ici à 2050 et tous ces gens auront besoin de l’énergie. L’Energie sera l’une des clés essentielles pour construire l’Afrique de demain. On parle beaucoup de transformation des matières premières et ça passe par les industries, mais ces industries auront d’abord besoin d’énergie. Parmi les métiers d’avenir qui vont s’imposer à nous, je citerai donc en premier tous les métiers liés à l’énergie.

En deuxième position, je mettrai tous les métiers liés aux infrastructures, car il va en falloir beaucoup pour répondre aux exigences de cette population croissante. Troisièmement, bien évidemment, les métiers du numérique, l’intelligence artificielle, la cybersécurité pour rendre les gens plus autonomes. Et enfin, bien sûr, les métiers de la santé car il faudra bien soigner un jour ou l’autre tous ces nouveaux venus. Voilà les quatre principaux secteurs des métiers d’avenir en Afrique.

APP – Un dernier mot pour conclure notre entretien ?
Eric AMOUSSOUGA –
Bien volontiers. L’acquisition des compétences va être essentielle pour construire l’Afrique de demain. Si on n’a que des gens pas formés, sans compétences, on pourra beau avoir tous les discours et toutes les bonnes volontés on n’aura pas l’Afrique que l’on souhaite. Car rien ne se fera sans les Africains. L’Afrique de demain va se construire par les Africains et avec les Africains. Pour cela il faut qu’ils soient bien formés.

EN SAVOIR PLUS :
www.ge.com

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INSCRIPTIONS OUVERTES à notre XIe Conférence
des Ambassadeurs Africains à Paris, le 28 novembre

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