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#Covid-19 AFRIQUE - Forces et faiblesses de l’Afrique numérique pour combattre la pandémie - Une contribution de Jean-Michel HUET (BearingPoint, CIAN)

23 avril 2020
#Covid-19 AFRIQUE - Forces et faiblesses de l'Afrique numérique pour combattre la pandémie - Une contribution de Jean-Michel HUET (BearingPoint, CIAN)
Dans la lutte engagée contre le Covid-19, l’Afrique, malgré une faiblesse certaine d’équipement des administrations, dispose de certains « avantages comparatifs » de terrain et d’habitudes de la société civile, comme l’usage intensif du téléphone mobile pour s’informer, mais aussi le paiement sans contact et la géolocalisation. Reste le problème des zones blanches…

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Une contribution de Jean-Michel HUET
Associé BearingPoint,
Président de la Commission digitale du CIAN

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Le numérique est sans conteste un des éléments de réponse à la crise sanitaire et économique liée au Covid-19. Cinq apports majeurs apparaissent clairement, notamment du point de vue économique sur le terrain, sans parler bien sûr de la contribution, notamment de l’IA et des mégadonnées, à la recherche médicale.

1 - L’organisation du travail grâce aux outils à distance permettant le télétravail - L’explosion de l’usage des MS Teams et autre Zoom* n’est que la face émergée de l’iceberg, mais il s’agit bien de nouveaux modes de travail (partage et modification de document, nouveaux modes d’échanges, etc.) qui certes concernent les entreprises mais aussi les administrations.
La question est d’autant plus délicate que dans certains pays africains l’équipement des administrations est défaillant, or le télétravail pour une administration est un enjeu clé pour le pilotage de l’État en temps de crise où il faut limiter les contacts physiques et alléger le temps de travail des personnels prioritaires. Avec la fermeture des écoles, cette question touche même l’éducation.

2 - Le développement d’un canal d’information pour tous et proche de tous - Autant la grippe espagnole fut gardée sous silence (sauf en Espagne, d’où son nom), autant le Covid-19 est devenu mondialement connu du fait des médias et des réseaux sociaux.
Les téléphones mobiles peuvent être un canal précieux, clé de diffusion d’information et de sensibilisation. Les cas d’usages sont nombreux : développement d’une application mobile avec contenu éducatif et ludique présentant le parcours du « citoyen prudent » (bonnes pratiques en termes d’hygiène, de respect des consignes du gouvernement, jeu avec mise en situations concrètes et QCM), utilisation de la technologie USSD pour faciliter l’accès à l’information au plus grand nombre, etc.

3 - Le soutien au personnel soignant pour son travail quotidien - En lui fournissant des outils de suivi des patients et de facilitation de leurs parcours au sein des institutions sanitaires, tout en limitant les contacts physiques, sources d’infection. Le digital peut permettre aussi de favoriser la distanciation sociale pour le patient et le médecin avec, par exemple, le déploiement d’applications de type l’ivoirienne anticoro.ci pour aider les citoyens à s’auto-diagnostiquer

4 - La fluidité des transferts financiers - L’avancée du paiement mobile peut être un vrai avantage sur le continent. Non seulement, comme le suggérait le président Kenyan au début de la pandémie, pour limiter les échanges d’argent physiques, avec un risque présumé de contamination, mais surtout pour pouvoir aider les plus démunis en leur versant un subside durant la crise. Plusieurs pays se sont lancés dans cette approche, souvent nécessaire dans des économies où l’informel est important. En dehors des transferts d’argent, la logique de e-vouchers pour acheter les biens de premières nécessités sont aussi des techniques déjà utilisées dans plusieurs programmes en Afrique.

5 - La géolocalisation comme moyen de juguler la pandémie est un axe clé - Inégalement utilisée selon les pays, ce peut être, en utilisant les données des téléphones mobiles, une aide précieuse. Le sujet est complexe non pas techniquement mais éthiquement, car il pose la question de l’usage des données personnelles.
Mais il existe différents niveaux de géolocalisation et il n’est pas nécessaire d’avoir des données individuelles. L’information sur les mouvements de populations, les achats de médicaments ou même les systèmes d’alertes sur la distanciation sociale sont autant d’usages possibles et il y en a bien d’autres.

Le digital est donc une arme pour aider à lutter contre la pandémie actuelle, même s’il ne sera pas la solution à tout. En effet, il ne faut pas négliger le revers de la médaille, car le « fossé numérique » peut avoir un effet aggravant de la crise pour : les personnes résidant en zone blanche (sans accès à Internet notamment) ; celles qui n’ont pas d’accès même basique au réseau télécom (30 % des Africains) ; les pays sans vraie offre de paiement mobile, ou dont les gouvernants ne comprennent pas l’apport du digital, risquent de pâtir encore plus de la situation et de retarder la fin de la crise ou la limitation de son ampleur.

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* Ndlr : ALERTE sur les failles de sécurité de Zoom - L’Université La Sorbonne Nouvelle-Paris 3 vient de diffuser (14 avril) une note d’alerte sur les failles de sécurité de l’application de visioconférence Zoom. La voici :

« Peut-on utiliser l’application Zoom pour assurer les cours à distance ou faire des visioconférences ?

Afin d’assurer les cours à distance des enseignants utilisent la solution gratuite proposée par ZOOM VIDEO COMMUNICATION INC. Des inquiétudes en matière de protection des données personnelles ont été soulevées : la non limitation des données collectées, des sous-traitants nombreux, les durées de conservation non explicites, un risque en matière de sécurité de l’information et de la protection des données, un risque en matière de droit de la protection intellectuelle non spécifié et enfin un risque de détournement de la finalité à des fins commerciales.

En France, de nombreux articles soulignent des failles, allant du piratage des webcams à la divulgation de données. Depuis le 13 avril, plusieurs quotidiens ont publié des informations alarmantes concernant la vente de plus de 500 000 comptes d’utilisateurs, dont ceux d’universitaires, sur les forums du dark web.

Des données personnelles telles que les adresses mails, les mots de passe, les URL de réunion et leurs clés d’administration sont bradées pour faciliter :
 le « ZoomBombing », pratique consistant à intervenir dans les réunions (écoute des discussions, diffusion de contenu parfois choquant, harcèlement, etc.) ;
 des actions plus malveillantes, comme l’accès aux comptes individuels d’autres services lorsque les utilisateurs adoptent un mot de passe identique.

Au vu de ces éléments, il est fortement conseillé aux personnels et étudiants d’interrompre le recours à Zoom. Les utilisateurs peuvent faire valoir leurs droits d’opposition et d’effacement à l’adresse privacy@zoom.us.
Source : http://www.univ-paris3.fr/numerique-628630.kjsp

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