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CMAAP 9 / S. E. M. Ahamada HAMADI, Ambassadeur des Comores : « La coopération triangulaire Afrique, Pays Arabes, Europe est une nécessité à élargir et à approfondir »

8 juillet 2023
 CMAAP 9 / S. E. M. Ahamada HAMADI, Ambassadeur des Comores : « La coopération triangulaire Afrique, Pays Arabes, Europe est une nécessité à élargir et à approfondir »
Panéliste de la IXe Conférence mensuelle des Ambassadeurs Africains de Paris (CMAAP 9), le 4 juillet à l’Académie des Sciences d’Outre-mer, l’Ambassadeur des Comores Ahamada HAMADI a dressé un tour d’horizon des relations entre l’Afrique, les Pays arabes et l’Europe.

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Une contribution de S. E. M. Ahamada HAMADI
Ambassadeur de l’Union Comores

Texte intégral de référence de l’allocution du 4 juillet 2023,
à l’Académie des Sciences d’Outre-mer, à Paris

1 - Environnement international et justification de la coopération triangulaire entre l’Afrique, les Pays Arabes et l’Europe :

• Déstabilisation de l’ordre international – Les croyances d’antan se disloquent - Les vérités bétonnées craquent – L’ordre ancien est remis en cause et le nouveau peine à apparaître – De nombreux défis apparaissent et menacent chaque pays et chaque Peuple – Le doute et la peur s’installent – Quel monde demain ? Quels lendemains ? Quel environnement international ? Sommes-nous capables de sauver la paix et la sécurité pour imaginer un vivre-ensemble commun ? Quelles coopérations ? Quels repères et quelles complémentarités possibles ?

• Ainsi, la coopération internationale mérite un maximum d’intérêt pour préserver le dialogue commun et la capacité de pouvoir réfléchir ensemble aux défis mondiaux.

• Entre l’Afrique, les Pays arabes et l’Europe la coopération s’impose. Elle doit être une évidence. Ces trois régions ont des convergences, des complémentarités, des singularités et des défis communs qui doivent conditionner l’articulation nécessaire pour, ensemble, peser sur l’organisation d’un monde plus humain, respectueux des souverainetés et des Peuples. Un monde où la puissance et la force, la créativité et l’invention, participent au renforcement de la paix et à l’épanouissement de l’homme. Un monde qui garantira à l’Afrique son identité et sa place sur la scène internationale afin de lui éviter d’être le « caillou dans la chaussure » du monde.

2 - L’Afrique aujourd’hui : Quels objectifs – Comment les atteindre ? Quelle contribution par la coopération Afrique/Pays Arabes/Europe ?
  L’Afrique, c’est :
• 6 % de la surface de la Terre,
• 20 % de la surface des terres émergées.
• 18 % de la population mondiale, 1 400 000 000 d’habitants en 2022
• Elle produit seulement 3 % du PIB mondial.
• L’Afrique subsaharienne représente 2 % de la production mondiale et 3 % du commerce mondial
• Elle abrite le second plus grand massif forestier continu de la planète, la forêt du bassin Congo, avec 21,8 % de surface arborée. Ce qui lui vaut le surnom de « Paradis de la biodiversité ».

Une vue partielle de la salle des séances de l’Académie des Sciences d’Outre-mer durant la CMAAP 9, la 4 juillet 2023. HADY Photo/APP [Cliquer sur l’image pour l’agrandir]

a) Objectifs immédiats de l’Afrique :

• Combattre la faiblesse économique qui fait de l’Afrique le Continent le moins développé et le moins avancé de la planète –
• Rentabiliser ses matières premières –
• Lutter contre le chômage de masse et le sous-emploi, causés en grande partie par la forte croissance démographique – Promouvoir l’éducation et la formation –
• S’affirmer dans le monde en ayant une voix écoutée et respectée, une voix qui compte là où se décident les affaires du monde –
• Garantir la paix et la sécurité sur le Continent.

b) Pour atteindre ces objectifs :

• Mise en œuvre de l’Agenda 2063 qui est le cadre stratégique visant à atteindre l’objectif de développement.
• Il englobe entre autres, les infrastructures, l’éducation, la science, la technologie, les arts et la culture, ainsi que des initiatives visant à garantir la paix et la sécurité –
• La création de la Zone de Libre-échange Continentale Africaine (ZLECAF) pour accélérer le commerce intra-africain et renforcer la position commerciale de l’Afrique sur le marché mondial –
• La coopération internationale.

c) Contribution éventuelle de la coopération Afrique/Pays Arabes/Europe au développement de l’Afrique :

• Participer au plaidoyer en faveur de l’Afrique
• Renforcer la paix et la sécurité,
• Aider à lutter contre le terrorisme et l’intégrisme,
• Financer les différents projets du Continent.
 Les deux mondes africain et arabe se recoupent : la moitié de la population africaine est considérée comme arabe. Deux Arabes sur cinq sont Africains. Cette proximité est un atout à rentabiliser.

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LE PANEL DES AMBASSADEURS - Alfred MIGNOT, Président du CAPP et d’AfricaPresse.Paris, présentant le panel des Ambassadeurs. De gauche à droite : S. E. M. Ayed M. YAHYA, Ambassadeur de DJIBOUTI. Doyen du Groupe des Ambassadeurs arabes, vice-doyen des Ambassadeurs en poste à Paris ; S. E. M. Fahad M. AL RUWAILY, Ambassadeur du ROYAUME D’ARABIE SAOUDITE ; S. E. M. Ahamada HAMADI, Ambassadeur de L’UNION DES COMORES. © Hady Photo/APP [Cliquer sur l’image pour l’agrandir]

 Les relations arabo-africaines se sont tissées au fil des siècles, par la mobilité sociale et l’interaction culturelle entre les Arabes et les Africains.
 Elles se sont formalisées entre la Ligue États arabes et l’Organisation de l’Unité Africaine, devenue Union Africaine, en 1963, année de la création de l’Organisation continentale.
 La Première Conférence des Ministres des Affaires Etrangères des Pays Arabes et Africains à Dakar, le 10 août 1963, a encouragé et renforcé la coopération entre les deux régions.
 La guerre arabo-israélienne de 1973 donnera un coup de fouet décisif à la coopération arabo-africaine.

 En novembre 1973, le Sommet des Rois et Chefs d’État arabes à Alger entérine plusieurs décisions concrètes et rend « un vibrant hommage aux États frères d’Afrique » pour avoir manifesté leur solidarité envers les Peuples Arabes.
 Il vote, à l’unanimité, une Résolution appelant à transcrire dans le concret la coopération arabo-africaine dans tous les domaines et en particulier sur le plan de la coopération politique et économique.
Ainsi, c’est riche de ce passé volontariste, et, en inspiration des réalités géopolitiques du moment, que l’Afrique espère que les pays arabes pourront apporter les financements pour l’éveil économique du Continent.

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LE PANEL DES EXPERTS - De gauche à droite sur la photo : M. Emmanuel DUPUY, Président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe, IPSE - M. Dominique BRUNIN, Directeur du développement de la Chambre de commerce franco-arabe, CCFA Paris - M. Houssam NASRAWIN, Directeur associé de OROUS Capital. © HADY Photo/APP [Cliquer sur l’image pour l’agrandir]

d) Contribution de l’Europe :

 L’Europe est pour l’Afrique, une nécessité stratégique, pour être un pilier de son émergence, de sa stabilité et de son affirmation, là, où se décident les affaires du monde.

Le plaidoyer :

 L’Europe peut alors participer au plaidoyer et à la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, qui, avec 14 projets phares, vise à transformer l’Afrique pour atteindre son objectif de développement inclusif et durable.

 Le plaidoyer peut engager les vecteurs d’opinion à aider à sortir de l’afro-pessimisme et de « l’African fatigue », terme pompeusement technocratique qui voudrait transmettre l’idée selon laquelle les bailleurs de fonds sont excédés par cette Afrique qui reçoit des fonds mais ne décolle jamais. Une sorte de tonneau des Danaïdes.

Le plaidoyer peut engager chacun, partout, pour expliquer que l’Afrique est une destination rentable pour l’investissement, que sa marginalisation peut déstabiliser la sécurité mondiale.

Garantir la paix et la sécurité :
 L’Europe doit aider à « faire taire les armes »
en Afrique, à contenir les conflits, à lutter contre le terrorisme et l’islamisme radical, et à donner une chance à la paix, un des préalables à toute crédibilité et à toute possibilité d’investissement.
 Les changements climatiques sont une menace partagée. Le sous-développement, la misère et la précarité participent de beaucoup à la destruction de l’environnement.
 Elle doit faire face au défi migratoire non pas en fermant ses portes et en érigeant des murs, mais en aidant à créer les conditions d’une fixation des populations chez elles, notamment par l’industrialisation du Continent, qui est une priorité de l’Union africaine.

Ainsi, l’Afrique, les Pays arabes et l’Europe ont des convergences, des complémentarités, des singularités et des défis qui conditionnent l’articulation nécessaire pour, ensemble, peser sur l’organisation d’un monde plus humain, respectueux des souverainetés et des Peuples, un monde où la puissance et la force, la créativité et l’invention, participent au renforcement de la paix et à l’épanouissement de l’homme. Un monde qui garantira à l’Afrique son identité et sa place dans le monde.

3.- Paix – Sécurité – Citoyenneté – État de droit – Institutions solides comme fondements du développement :

L’interconnexion des défis, l’égalité de tous les pays devant les risques majeurs de la planète et l’obligation de solidarité qu’impose la réalité internationale, n’exonèrent pas l’Afrique de sa responsabilité de poursuivre l’œuvre de refondation d’un environnement favorisant un partenariat gagnant.

Renforcer l’État de droit, favoriser la solidité des Institutions, élargir le périmètre de considération de la société civile, donner du souffle au secteur privé, favoriser la participation citoyenne notamment de la femme, donner une voix à la jeunesse, sont des devoirs premiers pour tout État, afin de libérer l’énergie créatrice du Peuple, renforcer la cohésion de la société, réconcilier l’État et le citoyen, redynamiser la confiance entre le gouverné et le gouvernant et rassurer le partenariat international.

4.- De l’Afrique que nous pouvons à « L’Afrique que nous voulons » :
Deux nouveaux slogans sont apparus dans la communication de l’Union Africaine : « L’Afrique que nous voulons » et « L’Afrique, Notre destin ».
Ces affirmations volontaristes et engageantes, prouvent la détermination, la volonté et l’assurance de bâtir un Continent solide, en relais à l’engagement enthousiaste des « Pères fondateurs ». Elles galvanisent les Peuples africains et incitent à croire en l’Afrique et à son avenir. Mais, elles recèlent aussi, des obligations, des préalables et du réalisme qu’il serait difficile d’écarter

Premièrement, le regard sur l’histoire et ensuite la vision de l’avenir.
Pour l’Afrique, il ne s’agit pas de regarder le passé avec des lunettes d’aujourd’hui ni de demander à l’histoire de se réinventer autrement, encore moins d’exiger des réparations pour compenser des blessures morales.
Il s’agit de se dire que la participation de l’Europe au développement de l’Afrique est une contribution nécessaire à la stabilité du monde. Le passé est commun avec ses oasis et ses déserts, sa clarté et ses zones d’ombre. L’avenir est partagé avec ses espoirs, ses doutes et ses peurs. Le pragmatisme doit nourrir la réflexion et imprégner l’action.

Les enjeux du monde sont globaux, les réponses se doivent d’être globales. Aucune oasis de stabilité et de prospérité ne sera épargné de toute grogne d’une partie du monde. L’instinct de survie et la recherche de bien-être rôderont toujours autour des possédants. La nécessité de se tenir la main dans une solidarité inclusive et militante devient alors une obligation impérieuse.
L’Europe peut alors participer au plaidoyer et à la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, qui, avec 14 projets phares, vise à transformer l’Afrique pour atteindre son objectif de développement inclusif et durable.

5.- Conclusion : La redynamisation de cette coopération avec ses
régions – une nécessité vitale et une priorité absolue :

La coopération triangulaire Afrique, Pays Arabes, Europe est une nécessité à élargir et à approfondir. Elle est essentielle pour la paix, la sécurité et la stabilité.
Regarder l’Afrique se débattre avec ses multiples défis sans réagir puissamment, sans vouloir encourager ses efforts palpables pour le sortir de l’enlisement, c’est contribuer à la fragilisation du monde et c’est aggraver les menaces qui pèsent sur toute la planète.
L’Union Africaine encourage cette coopération et plaide pour son approfondissement pour l’intérêt de chacune de ces régions, pour l’intérêt de l’équilibre du monde.

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LA « PHOTO DE FAMILLE » DE LA CMAAP 9 - De gauche à droite : S. E. M. Ahamada HAMADI, Ambassadeur de L’UNION DES COMORES (panéliste) - M. Emmanuel DUPUY, Président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe, IPSE (panéliste) - S. E. M. Ayed M. YAHYA, Ambassadeur de DJIBOUTI. Doyen du Groupe des Ambassadeurs arabes, vice-doyen des Ambassadeurs en poste à Paris (panéliste) - S. E. Mme Doreen Ruth AMULE, Ambassadeur de l’OUGANDA (invitée) - M. Alfred MIGNOT, Président AfricaPresse.Paris, concepteur et modérateur des CMAAP - S. E. M. Fahad M. AL RUWAILY, Ambassadeur du ROYAUME D’ARABIE SAOUDITE (panéliste) - M. Houssam NASRAWIN, Directeur associé de OROUS Capital (panéliste) - M. Dominique BRUNIN, Directeur du développement de la Chambre de commerce franco-arabe, CCFA Paris (panéliste) - S. E. M. Senkoun SYLLA, Ambassadeur de GUINÉE CONAKRY (invité) - Melle Sarah EL RUWAILY (invitée).
Absents de la photo mais ayant assisté à la conférence : S. E. M. François NKULIKIYIMFURA, Ambassadeur du RWANDA, et S. E. M. Vijayen VALAYDON, Ambassadeur de MAURICE. © HADY Photo/APP [Cliquer sur l’image pour l’agrandir]

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VISIONNEZ ICI LE REPLAY DE LA CMAAP 9 :
https://www.youtube.com/watch?v=idaOlizFKSc

TOUS NOS ARTICLES DÉDIÉS AUX CMAAP :
https://www.africapresse.paris/-LES-REPLAYS-ET-ARTICLES-DE-NOS-CMAAP-Conferences-mensuelles-des-Ambassadeurs-

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