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CMAAP 9 / Houssam NASRAWIN (Orous Capital) : « Avec ses fonds et la Banque Islamique de Développement, l’Arabie Saoudite jouera un rôle de plus en plus important en Afrique »

31 juillet 2023
 CMAAP 9 / Houssam NASRAWIN (Orous Capital) : « Avec ses fonds et la Banque Islamique de Développement, l'Arabie Saoudite jouera un rôle de plus en plus important en Afrique »
Panéliste expert à notre IXe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris, organisée le 4 juillet à l’Académie des Sciences d’Outre-mer, sur la coopération entre l’Arabie saoudite et l’Afrique, Houssam Nasrawin met ici en lumière l’importance des fonds saoudiens qui contribuent au rayonnement grandissant du Royaume sur le Continent.

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Une contribution de Houssam NASRAWIN
Managing Partner chez Orous Capital
Directeur des relations investisseurs et du Moyen Orient
du Groupement du Patronat Francophone (GPF)

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Les fonds étatiques et souverains ont joué un rôle prépondérant depuis quelques années dans l’influence économique de l’Arabie Saoudite en Afrique. Il existe différentes typologies d’investisseurs institutionnels en Arabie Saoudite et d’une manière générale dans les pays du Golfe. Parmi les plus importants, les familly office ou family businesses. Il s’agit d’entités privées contrôlées par des familles puissantes qui se sont de plus en plus structurées à mesure des générations, et qui souhaitent désormais diversifier leurs investissements.

Ils ont des stratégies prudentes par rapport au continent africain, étant rétifs aux risques. La hausse des taux, l’incertitude des marchés actuels, l’inflation, ainsi que le manque d’informations sur le marché africain, font que les family offices saoudiens sont peu nombreux en Afrique.

Les groupes industriels, souvent étatiques ou en partie contrôlés par l’État, sont une autre catégorie d’investisseurs. Leurs objectifs sont d’investir dans des projets ou des entreprises africaines pour créer des synergies avec leurs activités. Il s’agit d’investissements stratégiques comme le groupe pétrochimique SABIC qui a investi dans plusieurs projets au Maghreb, en Afrique subsaharienne ou encore en Afrique du Sud.

LE PANEL DES EXPERTS - De gauche à droite sur la photo : M. Emmanuel DUPUY, Président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe, IPSE - M. Dominique BRUNIN, Directeur du développement de la Chambre de commerce franco-arabe, CCFA Paris - M. Houssam NASRAWIN, Directeur associé de OROUS Capital. © HADY Photo/APP [Cliquer sur l’image pour l’agrandir]

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Plus d’une trentaine
de fonds souverains arabes

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Enfin, la dernière catégorie est celle des fonds souverains ou fonds étatiques, comme les fonds de pension ou les fonds de développement. Il convient avant tout de rappeler quelques faits historiques importants concernant les fonds souverains dans les pays du Golfe.

Le premier fonds souverain arabe a vu le jour en 1953, au Koweït, sous le nom de General Investment Authority. Plusieurs fonds ont été lancés par la suite par les monarchies du Golfe avec au départ comme ambition de réinvestir le surplus des revenus générés par le pétrole.

Une vue partielle de la salle des séances de l’Académie des Sciences d’Outre-mer durant la CMAAP 9, la 4 juillet 2023. © Hady Photo/APP [Cliquer sur l’image pour l’agrandir]

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Il existe plus d’une trentaine de fonds souverains arabes aujourd’hui, représentant 40 % des actifs sous gestion de fonds souverains dans le monde. Leurs objectifs ont évolué, ayant une stratégie de long terme en investissant le surplus des ressources naturelles du pays, mais également de diversification pour générer des richesses pour le développement de la population nationale. Les fonds souverains sont devenus un levier d’influence géo-économique des pays du Golfe.

Le Public Investment Fund (PIF) est le fonds souverain saoudien, créé en 1971 et gérant actuellement près de 700 milliards de dollars (6e au monde en termes d’actifs sous gestion). Si pendant longtemps le fonds a essentiellement investi en Arabie Saoudite, il cherche de plus en plus à diversifier son portefeuille et à investir à l’international. Il est notamment entré au capital de l’américain Uber et a investi plus de 4 milliards de dollars en Afrique dans les secteurs des énergies, des télécommunications, ou encore de l’agriculture.

Le fonds de développement saoudien National Development Fund (NDF), a quant à lui investi près de 7 milliards de dollars en Afrique. 60 % de ces investissements ont eu lieu cependant en Afrique du Nord. L’objectif de ce fonds de développement est d’accompagner le royaume dans sa transition économique, conformément au plan de Vision 2030.

Un autre exemple de la puissance économique de l’Arabie Saoudite en Afrique est la Banque Islamique de Développement (BID), financée à 60 % par des fonds saoudiens. Elle a indéniablement contribué à l’influence économique de l’Arabie Saoudite en Afrique subsaharienne, qui compte une population musulmane de près de 500 millions de personnes. Il faut noter à ce sujet que les relations entre les pays d’Afrique et le Royaume d’Arabie Saoudite se sont renforcées avec les années, notamment du fait de l’influence religieuse du Royaume auprès des musulmans qui représentent 45 % de la population du continent, dont 30 % en Afrique subsaharienne).

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Préparer l’économie saoudienne
à la diversification de l’après-pétrole

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L’Arabie Saoudite sera amenée à jouer un rôle de plus en plus important en Afrique. C’est le souhait du Roi Salman et du Prince héritier Mohammed Ben Salman, qui ont reçu en Arabie Saoudite plusieurs dizaines de chefs d’État africains.
Les investissements saoudiens en Afrique, et notamment en Afrique Sub-Saharienne restent néanmoins relativement limités. Cependant, dans le cadre de Saudi Vision 2030, le pays a mis en avant plusieurs objectifs pour transformer l’Arabie Saoudite et rendre l’économie plus robuste, moderne et diversifiée pour améliorer la qualité de vie de la population. Cela passe notamment par une plus grande ouverture à l’international et principalement à l’Afrique, continent le plus dynamique.

LE PANEL DES AMBASSADEURS - Alfred MIGNOT, Président du CAPP et d’AfricaPresse.Paris, présentant le panel des Ambassadeurs. De gauche à droite : S. E. M. Ayed M. YAHYA, Ambassadeur de DJIBOUTI. Doyen du Groupe des Ambassadeurs arabes, vice-doyen des Ambassadeurs en poste à Paris ; S. E. M. Fahad M. AL RUWAILY, Ambassadeur du ROYAUME D’ARABIE SAOUDITE ; S. E. M. Ahamada HAMADI, Ambassadeur de L’UNION DES COMORES. © Hady Photo/APP [Cliquer sur l’image pour l’agrandir]

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Si pendant longtemps, les investissements saoudiens en Afrique avaient des visées géopolitiques, voire religieuses, comme en Égypte, au Sénégal, au Mali ou encore en Guinée Conakry, la stratégie est aujourd’hui différente. Au-delà de la volonté d’influence, il s’agit également de diversifier les investissements et contribuer à préparer l’économie de l’après-pétrole avec des investissements stratégiques et rentables, nécessaires à la croissance structurelle future du royaume.

Ainsi l’ Initiative for Overseas Agricultural Investment a permis au pays d’investir dans de nombreux terrains arables en Afrique. Cette intention s’est accentuée depuis les dernières années avec le plan Vision 2030, avec comme ambition de fournir des ressources agricoles suffisantes pour la population saoudienne. Cette volonté a été suivie par des initiatives privées. Ainsi Saudi Star Agriculture Development, une société agricole détenue par l’homme d’affaires Mohammed al-Amoud, a investi 2,5 millions de dollars en 2020 en Éthiopie pour acquérir et développer plus de 10 000 hectares de terrains agricoles sur les soixante ans à venir.

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Les points faibles de l’Afrique
pour attirer plus d’investissements

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L’inflation mondiale galopante, le prix du pétrole volatil, la guerre en Ukraine, le fort ralentissement de la croissance mondiale sont d’autant de facteurs qui font en sorte que les investisseurs saoudiens soient de plus en plus exigeants et regardants. L’Afrique et notamment l’Afrique subsaharienne, est également touchée par la crise. Selon les Nations Unies, la croissance en 2023 devrait s’établir à 3,8 %, contre 4,1 % en 2022.

Les investisseurs ne cherchent pas uniquement les performances financières mais également la sécurité et la liquidité. Ainsi, l’accès à l’information dans certains pays d’Afrique (voire l’asymétrie de l’information dans certains cas) reste parfois difficile et ceci contribue à créer de l’incertitude qui est néfaste pour l’investisseur.

De même, les marchés semblent souvent ne pas être suffisamment liquides. Certains investisseurs se félicitent par exemple des bonnes performances offertes dans certains pays d’Afrique mais s’inquiètent de la difficulté pour sortir de l’investissement, c’est-à-dire le revendre et récupérer l’argent investi.

L’Arabie Saoudite a fortement évolué ces dernières années, sous le leadership du Roi Salman. La candidature du royaume à l’Exposition Universelle de 2030 en est un exemple parmi plusieurs. L’influence du royaume des Al Saoud se fera aussi bien au niveau culturel, politique qu’économique. Les entités d’investissement seront les principaux outils d’influence du pays pour atteindre ses objectifs.

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*LES PANÉLISTES DE LA CMAAP 9 :

De gauche à droite, sur la « photo de famille » de la CMAAP 9 : S. E. M. Ahamada HAMADI, Ambassadeur de L’UNION DES COMORES (panéliste) - M. Emmanuel DUPUY, Président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe, IPSE (panéliste) - S. E. M. Ayed M. YAHYA, Ambassadeur de DJIBOUTI. Doyen du Groupe des Ambassadeurs arabes, vice-doyen des Ambassadeurs en poste à Paris (panéliste) - S. E. Mme Doreen Ruth AMULE, Ambassadeur de l’OUGANDA (invitée) - M. Alfred MIGNOT, Président AfricaPresse.Paris, concepteur et modérateur des CMAAP - S. E. M. Fahad M. AL RUWAILY, Ambassadeur du ROYAUME D’ARABIE SAOUDITE (panéliste) - M. Houssam NASRAWIN, Directeur associé de OROUS Capital (panéliste) - M. Dominique BRUNIN, Directeur du développement de la Chambre de commerce franco-arabe, CCFA Paris (panéliste) - S. E. M. Senkoun SYLLA, Ambassadeur de GUINÉE CONAKRY (invité) - Melle Sarah EL RUWAILY (invitée).
Absents de la photo mais ayant assisté à la conférence : S. E. M. François NKULIKIYIMFURA, Ambassadeur du RWANDA, et S. E. M. Vijayen VALAYDON, Ambassadeur de MAURICE. © HADY Photo/APP [Cliquer sur l’image pour l’agrandir]

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VISIONNEZ LE REPLAY ICI :
https://www.youtube.com/watch?v=idaOlizFKSc

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