CMAAP 7 / Abdou DIOP (DG mazars Maroc) : « L’Afrique a beaucoup de potentiel pour progresser dans l’industrie touristique »
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par Bruno FANUCCHI pour AfricaPresse.Paris (APP)
@africa_presse
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« Le tourisme en Afrique, c’est un vrai potentiel... et l’on est heureux de voir que les choses bougent et que ce potentiel est en train de se concrétiser ». Managing Partner du Groupe Mazars au Maroc et Président de la Commission « Afrique » de la CGEM (Confédération Générale des Entreprises du Maroc), le Sénégalais Abdou DIOP – installé depuis des années à Rabat et Casablanca – est on ne peut mieux placé pour vanter les mérites et les réalisations du Royaume chérifien dans ce domaine et ouvrir de nouvelles pistes, en donnant à chaqu fois la priorité aux produits sur les infrastructures.
« Au Maroc, le tourisme représente actuellement 8-8,5 % du PIB. C’est une très bonne avancée, même si l’on aspire bien sûr à aller plus loin lorsque l’on voit des pays comme les Maldives, les Seychelles ou la Thaïlande, dont le tourisme se situe à plus de 20 % du PIB, ou des pays comme la France et l’Espagne, aux alentours de 10-12 % du PIB. On a donc encore beaucoup de potentiel pour progresser dans l’industrie touristique. Aussi, il y a une réelle prise de conscience, avec une vraie stratégie pour développer le tourisme présente dans tous les plans nationaux de développement. »
« Avec 13 millions de touristes par an juste avant la pandémie, le Maroc est aujourd’hui la première destination touristique en Afrique », se félicite-t-il en soulignant qu’une politique touristique attrayante doit s’inscrire dans une stratégie globale de développement, avec une vision cohérente ». Puis il rappelle quelques chiffres témoignant des progrès réalisés en vingt ans : « Quand le Maroc faisait en l’An 2000 son état des lieux, il recevait 2 millions de touristes et, en 2019 juste avant la pandémie, on était à 13 millions de touristes. En vingt ans, on a multiplié ces chiffres de manière astronomique ». Sans commentaire !
Mais « quand on regarde les cinq pays (dont le Maroc bien sûr) qui, en Afrique, attirent le plus de touristes, observe-t-il, il y a un certain nombre de déterminants qui sont vraiment essentiels pour la transformation de ce potentiel. Et le premier de ces déterminants, ce ne sont pas les infrastructures, mais le produit ».
De gauche à droite sur la photo : M. Abdou DIOP, Directeur général mazars MAROC - Mme Coura AMAR, Conseillère économique à l’Ambassade du SÉNÉGAL - S.E. M. Vijayen VALAYDON, Ambassadeur de MAURICE, Président du Groupe des Ambassadeurs francophones de Paris - M. Alfred MIGNOT, Directeur AfricaPresse.Paris (APP), organisateur et modérateur des CMAAP - S.E. M. Eusèbe AGBANGLA, Ambassadeur du BÉNIN - M. Stéphane TIKI, Directeur du Développement du Groupement du Patronat francophone (GPF). © Frédéric Regjain
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« Le Maroc attire plus de
200 000 golfeurs par an »
« Le Maroc attire plus de
200 000 golfeurs par an »
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« Et le produit, on le crée », ajoute-il en donnant l’exemple extrêmement parlant du « tourisme golfique » au Maroc qui, après avoir fait le nécessaire pour créer des parcours de qualité dans un cadre idyllique avec des installations à la hauteur, « attire plus de 200 000 golfeurs par an avec une dépense quotidienne qui dépasse les 200 à 250 € pa personne ». Ce qui est, bien entendu, complètement différent du tourisme de masse. C’est en résumé le produit qui a créé l’offre et la demande et constitue, à l’arrivée, une importante source de revenus pour le Royaume.
Il paraît donc important à tous de créer sans cesse de nouveaux produits pour ouvrir ainsi de nouvelles pistes et de nouveaux marchés. Pour faire la différence, bien sûr, par rapport aux pays voisins... Car « le tourisme balnéaire n’est qu’un des produits parmi tant d’autres ». D’où la nécessité, souligne-t-il encore, « de faire une cartographie région par région » pour développer dans chacune un produit adapté et différent et attirer ainsi de nouveaux clients. D’autant plus qu’il y a aujourd’hui « un véritable intérêt pour l’Afrique »...
« La semaine dernière, confie-t-il, j’étais à Marrakech où se déroulait le XIe Festival d’Art contemporain africain 1/54 (pour 1 continent, 54 pays). Avec plus de 8 000 visiteurs dans la ville, les plus grands investisseurs d’art à travers le monde étaient à Marrakech et tous les palaces étaient pleins. Il faut donc que l’on puisse travailler réellement sur tous ces atouts dont l’Afrique dispose pour attirer chez nous le maximum de monde… Souvent, on insiste beaucoup sur les infrastructures nécessaires au tourisme. Mais avant cela, je pense qu’il faut vraiment parler des produits. »
Une vue de la salle des Frères Lumière de l’Hôtel de l’Industrie durant la VIIe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris. © F. Reglain
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« C’est le moment d’investir dans le secteur
du tourisme car la croissance y est très forte »
« C’est le moment d’investir dans le secteur
du tourisme car la croissance y est très forte »
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Mais le tourisme n’est pas réservé pour autant à une élite qui serait déconnectée des réalités populaires. « Autour de l’histoire et de la mémoire, des industries culturelles et créatives, de l’économie sociale et solidaire, il y a énormément de potentiel qui est en train de se transformer sur le Continent et d’attirer du monde ».
« Sur toute cette chaîne de valeurs, le potentiel est énorme en termes d’investissement, par exemple dans le tourisme sportif. On voit bien en effet ce qu’a drainé le Maroc ces derniers mois avec l’impact des Lions de l’Atlas, l’équipe nationale, en Coupe du monde de football... ».
Dans tous ces différents domaines, il y a donc un extraordinaire potentiel d’investissements, qu’il convient de ne pas négliger. « Passer de 8 % à 15 % du PIB, c’est dire qu’il y a une marge de manœuvre extrêmement importante sur le Continent et beaucoup l’ont déjà compris. Aujourd’hui, beaucoup de fonds d’investissement sur l’hospitalité sont en train de se positionner sur le continent africain car ils ont compris que le potentiel est là » et que « la croissance est très forte dans ce secteur ».
Dernier sujet important pour faire bouger les lignes, c’est l’importance de la coopération inter-africaine en matière de tourisme. D’où la nécessité d’utiliser ce que l’on pourrait appeler la « co-promotion », explique Abdou Diop en donnant l’exemple suivant : « Quand un touriste japonais vient en France, il visite la France, l’Angleterre, l’Allemagne, etc. Il a un circuit européen. Il faut que l’on puisse créer aussi des circuits africains qui permettent justement que l’on puisse attirer des touristes d’une longue distance et créer, grâce à ces circuits, une dynamique qui apporte au tourisme une réelle valeur ajoutée. »
Et Abdou Diop de conclure : « C’est le moment d’investir dans ce secteur du tourisme car la croissance y est très forte, la marge de progression est énorme et va continuer à croître » tout en sachant que « le tourisme est un ensemble d’écosystèmes et que l’on ne peut négliger aucun élément de cette chaîne de valeur ».
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DE NOTRE CMAAP 7 du 15 février 2023
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