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À Paris, le plaidoyer pour la vérité de parlementaires sénégalais… peu avant que le Conseil constitutionnel n’annule le report de la présidentielle

16 février 2024
À Paris, le plaidoyer pour la vérité de parlementaires sénégalais… peu avant que le Conseil constitutionnel n'annule le report de la présidentielle
De gauche à droite sur la photo : Moussa Diakhate, Président de la Commission des Lois, de la décentralisation et des droits humains. Porte-parole de Convergence Libérale et Démocratique - Cheikh Seck, Président de la Commission du développement Rural. Responsable national du Haut Parti Socialiste - Abdou MBOW, Président de Groupe Parlementaire. Porte-parole de l’APR, le parti du président Macky Sall - Mme Adji Diarra Mergane, VP du Groupe Parlementaire. Secrétaire Générale de l’UDSA - Paris, le 15 janvier 2024 - © AM/APP
Selon le narratif à charge qui s’est répandu dans de nombreux médias, le report de l’élection présidentielle au Sénégal serait un « coup d’État constitutionnel » proféré par le président Macky Sall cherchant à tout prix à se maintenir au pouvoir. C’est oublier que le parti d’opposition PDS est à l’initiative de ce report… que le Conseil constitutionnel vient d’invalider, jeudi soir. Explications.

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par Alfred MIGNOT, AfricaPresse.Paris (APP)
@africa_presse

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La conférence de presse donnée ce jeudi 15 février à Paris par quatre importants parlementaires sénégalais a été marquée par une volonté de simplicité et de transparence. Ainsi Abdou MBOW, Président de Groupe Parlementaire et porte-parole de l’APR (l’Alliance pour la République, parti du Président Macky SALL) avait-il soigneusement anticipé les questions des journalistes : qui a initié le report de l’élection présidentielle ? ; pour quelles raisons ? ; quelle procédure a-t-elle été mise en œuvre pour acter le report ? ; quel a été le rôle du Président Macky Sall dans la mise en œuvre du report ? ; le conseil constitutionnel peut-il censurer une loi constitutionnelle ; est-ce qu’il y a eu des précédents de lois constitutionnelles dérogatoires à la constitution ?…

Le parlementaire prend d’emblée le soin de rappeler que le report, engagé à l’initiative du Parti démocratique sénégalais (PDS) de l’opposant Karim Wade – dont la candidature à la présidentielle avait été invalidée pour cause de double nationalité – était motivé par « des conditions d’une élection libre, transparente et inclusive qui ne sont pas réunies ». En fait, plusieurs irrégularités auraient été commises : de la part de candidats titulaires eux aussi d’une double nationalité, mais qui auraient réussi à faire valider leur candidature ; la suspicion de corruption à l’encontre de deux juges constitutionnels chargés de valider les candidatures ; un fichier électoral amputé de 900 000 électeurs, selon Cheikh Seck, Président de la Commission du développement Rural et responsable national du Haut Parti Socialiste, participant à la conférence de presse…

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Une loi constitutionnelle adoptée
par l’Assemblée nationale

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« On s’est ainsi trouvé devant le risque de voir l’élection invalidée pour irrégularités. Ainsi le président Macky Sall a pris acte de la situation et s’en est remis à la décision de l’Assemblée parlementaire, qui le 5 février, a adopté la loi constitutionnelle de report de l’élection présidentielle à une majorité de 105 voix (dont 80 de la majorité présidentielle, et 25 de l’opposition) sur 165.
L’Article premier de la loi stipule que par « dérogation à l’alinéa premier de l’article 31 de la Constitution », l’élection présidentielle est reportée au 25 août 2024. Dans un second temps, cette date a été reportée en décembre, le choix du mois d’août s’étant révélé peu pertinent, du fait d’importants événements religieux, dont la fête du prophète, l’afflux de près de six millions de pèlerins…
Mais si une partie de l’opposition a voté le report, avec le parti majoritaire, une autre, “radicale”, ne l’accepte pas. Ainsi le Sénégal a-t-il connu plusieurs manifestations ces dernières semaines, et l’on déplore trois morts.

À l’heure où nous écrivons, tout pronostic sur l’évolution de la situation serait des plus hasardeux. En effet, au moment même où se tenait la conférence de presse parisienne des parlementaires sénégalais, et tandis que des rumeurs faisaient état, jeudi, de pourparlers porteurs d’un éventuel apaisement, le Conseil constitutionnel statuait et a fait connaître sa décision en soirée : « La loi portant dérogation aux dispositions de l’article 31 de la Constitution, adoptée […] par l’Assemblée nationale en sa séance du 5 février 2024, est contraire à la Constitution » (…) « Le décret […] du 3 février 2024 portant abrogation du décret convoquant le corps électoral pour l’élection présidentielle du 25 février 2024 est annulé ».

Cette décision est une première dans l’histoire du Sénégal, car jusqu’ici « le Conseil constitutionnel s’était toujours déclaré incompétent pour contrôler une loi constitutionnelle », observait lors de la conférence de presse Abdou MBOW, Président du groupe parlementaire et porte-parole de l’APR.
Reste que les décisions du Conseil constitutionnel sont irrévocables, et celle qui vient d’être prise, outre qu’elle annule le report de l’élection, « invite les autorités compétentes à la tenir dans les meilleurs délais ». Un sacré défi pour la classe politique sénégalaise tout entière, sommée en quelque sorte trouver rapidement un compromis de sortie de crise.

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REPLAY / Grand succès de la XIIe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris, dédiée au partenariat renouvelé du Groupe AFD avec l’Afrique - La création d’un Club des Amis est envisagée.

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