Ben Ali en fuite, le PM Mohamed Ghannouchi assume l’intérim de la présidence de la Tunisie
« Conformément à l’article 56 de la Constitution, j’assume à partir de cet instant la charge de président par intérim », a annoncé le Premier ministre tunisien Mohamed Ghannouchi, ce vendredi 14 janvier 2011 à 18 h 45 à la télévision, en direct du palais présidentiel de Carthage, tandis que Ben Ali s’était enfui vers l’Arabie saoudite.
Photos : le Président par intérim Mohamed Ghannouchi lors de son allocution de vendredi 14 janvier 2011. © Captures d’images de TV7
Lors de son intervention, le président par intérim Mohamed Ghannouchi a déclaré qu’il s’engageait à « respecter la Constitution et à mettre en œuvre toutes les réformes sociales et politiques qui ont été annoncées, en collaboration avec les partis politiques et les composantes de la société civile".
Des élections anticipées, législatives et présidentielle, seront donc organisées en Tunisie. Si elles étaient ouvertes au multipartisme, ce serait une première depuis l’indépendance du pays, en 1956.
Reste que certaines voix s’élèvent déjà pour contester la légitimité de Mohamed Ghannouchi, 69 ans, qui aura été durant dix ans un Premier ministre soumis… Cependant deux dirigeants de l’opposition ont déclaré vendredi soir être prêts à collaborer avec M. Ghannouchi.
Selon un porte-parole du gouvernement maltais, l’avion de l’ex- président Ben Ali a survolé peu avant 20 h (heure de Paris) l’espace aérien maltais "en direction du nord", sans que personne ne connaisse pour autant sa destination, tandis que son épouse Leïla Trabelsi, honnie par une grandie partie de la population car son clan familial s’est accaparé de pans importants de l’économie du pays, se trouvait déjà à Dubaï.
Par ailleurs, peu avant 21 h, selon le quotidien français « Le Monde », « au plus haut niveau de l’État français, on indique ne pas vouloir la venue de Ben Ali en France ».
Enfin, samedi, à 02 h 06, un communiqué du palais royal saoudien, cité par l’agence officielle saoudienne SPA et repris par l’AFP, annonçait que Ben Ali se trouvait avec sa famille à Jeddah, en Arabie saoudite, accueilli par le gouvernement saoudien "en considération pour les circonstances exceptionnelles que traverse le peuple tunisien".
À Tunis, toujours sous couvre-feu vendredi soir, des tirs d’armes automatiques ont résonné en début de soirée avant de cesser totalement vers 23 h 00. Les habitants étaient cloîtrés chez eux dans une ville quasiment déserte et silencieuse.
Si selon une ONG la répression subie par les Tunisiens aurait fait au moins 66 morts dans le pays, un médecin franco-tunisien, témoignant vendredi lors du journal de 20 h de France 2, a pour sa part cité le chiffre de 90 morts et de quelque mille blessés.
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