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Emmanuel DUPUY, Président IPSE : La France et la Chine, rivaux « systémiques » ou partenaires « stratégiques » dans le domaine de la sécurité en Afrique ?

9 mars 2020
Emmanuel DUPUY, Président IPSE : La France et la Chine, rivaux « systémiques » ou partenaires « stratégiques » dans le domaine de la sécurité en Afrique ?
Alors que la montée en puissance militaire de la Chine en Afrique s’affirme inéluctablement, il serait opportun que la France et l’Empire Céleste trouvent des convergences, notamment dans le partage de fardeau et l’approche globale et collective, pour faire face à la menace terroriste, au narco-trafic, à la piraterie maritime, etc., qui obèrent le développement des États africains. Arguments.

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Une contribution d’Emmanuel Dupuy,
Président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE)

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En mars 2019, le président de la Commission européenne d’alors, Jean-Claude Juncker, désignait, pour la première fois, la Chine, comme un « rival systémique » de l’Europe, donnant de facto l’impression, que 44 ans après l’ouverture des relations entre Bruxelles et Pékin, l’Europe se considérait - enfin - comme un partenaire géopolitique de taille équivalente.
Dans la foulée, la Haute-Représentante pour l’action extérieure de l’UE, Federica Mogherini rappelait de jure que « la Chine est un partenaire stratégique de l’Union européenne. Nous coopérons étroitement dans un cadre bilatéral et multilatéral sur des dossiers d’intérêt commun, allant du commerce à la connectivité, en passant par le plan d’action global commun et le changement climatique. Nous sommes également disposés à continuer de nous mobiliser activement dans les domaines où nous menons des politiques divergentes ou dans lesquels nous sommes en concurrence ».
C’était, du reste, l’objectif des 10 mesures que le Conseil européen du 21 mars 2019 décidait d’adopter afin de prendre en compte ce défi stratégique posé par la Chine à l’UE.

Le piège de la confrontation inéluctable
entre les États-Unis et la Chine

Néanmoins, il convient de considérer, en 2020, le « défi chinois » à la manière du « défi américain » tel que l’écrivait en 1967, Jean-Jacques Servan Schreiber. La formidable suprématie américaine d’alors nous obligeant à nous interroger sur nous mêmes, Européens, pris au piège d’une confrontation inéluctable entre les États-Unis et la Chine.
Que fera l’UE, et plus singulièrement la France, quand le « piège de Thucydide » - qui, à l’instar du déclin d’Athènes au profit de Sparte, il y a 2500 ans - verra les États-Unis affronter, inéluctablement, une Chine, qui vise, en 2049, l’objectif de la « parité stratégique », à l’aune du centième anniversaire de sa création - en 1949 - sous forme de République Populaire ?

Une nouvelle réalité stratégique

C’est, précisément ce qu’interroge, avec justesse, mesure et finesse, l’ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, désigné comme Représentant français pour les affaires chinoises, dans son remarquable ouvrage « Chine, le grand paradoxe », paru aux éditions Robert Lafon, sous forme d’entretien avec le journaliste de l’Opinion, Claude Leblanc.
La Chine appréhende cette nouvelle réalité stratégique, en se considérant comme victime d’un multilatéralisme qui semble lui avoir été moins favorable que ses alter ego du Conseil de Sécurité. Ainsi, quelques jours avant la visite d’État du président chinois, Xi Jinping, en France, en mai 2018, la Chine se réjouissait publiquement de la nomination du diplomate chinois Huang Xia, comme Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la région des grands lacs.
La nomination, en juin 2019, de Qu Dongyu, à la tête de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) est venue conforter une stratégie de reconquête diplomatique, au sein des instances multilatérales, dont le continent africain est désormais le théâtre privilégié.

Implication grandissante de Pékin

Il s’agit d’une première dans la haute hiérarchie onusienne : aucun Chinois n’ayant exercé de telles responsabilités auparavant, malgré la présence de la Chine (République de Chine puis République populaire de Chine, à partir de 1949) au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies, depuis sa première séance en 1946. Il s’agit aussi et surtout d’une nomination somme toute logique, eu égard à l’implication grandissante de Pékin au niveau du maintien de la paix et de la résolution des conflits, dont la plupart des opérations se déroulent, hélas, sur le continent africain.

Fort de cette réalité nouvelle, en tenant pleinement compte de la logique des coopérations-investissements « gagnants-gagnants », mis en exergue par le projet des nouvelles « Routes de la Soie » (Belt & Road Initiative - BRI, initiée en novembre 2013) la France et la Chine devraient logiquement en profiter pour dialoguer davantage dans le domaine de la défense et de la sécurité et ce, à l’aune des défis communs en jeu sur le continent africain.
Il en fut fortement question, à l’aune du dernier déplacement d’Emmanuel Macron, en Chine, en novembre dernier.

La présence militaire chinoise
est déjà solidement ancrée

En effet, avec le règlement de 10,25 % des quelque 6 milliards d’euros (6,5 milliards de dollars) de budget onusien consacré aux opérations de maintien de la paix, la Chine, bien que n’étant encore que le 11e pays contributeur des casques bleus, devrait dépasser dans les prochaines années les États-Unis qui assurent encore 28,50 % du budget du Département des opérations de maintien de la paix (DPKO) dont la direction est traditionnellement assurée par un ambassadeur français (Jean-Pierre Lacroix, depuis février 2017).
Du reste, la présence militaire chinoise est déjà solidement ancrée parmi les quatorze opérations de maintien de la paix onusienne, notamment sur le continent africain (RCA, RDC, Soudan du Sud, Mali). Pékin, comme d’autres pays contributeurs de casques bleus, y déploie ses ingénieurs et médecins militaires, ses pilotes d’hélicoptères MI-171, ses forces spéciales, ses troupes d’infanterie de marine...

Pénétrer les marchés d’armement
et de formation militaires

Une stratégie solidement ancrée sur le continent africain, depuis la fin des années 1990. C’est, en effet, en 1998, qu’un Livre blanc rédigé par le Conseil des Affaires d’État (équivalent de notre SGDSN) préconisait de « dupliquer » la présence militaire chinoise sous mandat onusien, tout en cherchant à pénétrer les marchés d’armement et de formation militaires des États ciblés.

Parmi ceux-ci, l’Égypte, l’Angola, l’Afrique du Sud, le Nigéria, le Soudan et la RCA, où, encore récemment, la société d’armement étatique Poly Techonolgies a cherché à profiter de la « brèche » née de la levée ponctuelle de l’embargo sur les armes en RCA, en proposant - début 2018 - dans la foulée de la livraison d’armes russes, en décembre 2017 et janvier 2018, ses propres véhicules blindés, grenades et fusils automatiques AK47 de fabrication chinoise. Un véto français, américain et britannique bloqua cette « généreuse  » offre, qui venait compléter l’annulation anticipée de la dette centrafricaine contractée auprès de la Chine, soit 15 milliards d’euros.

Un « cheval de Troie » de l’influence chinoise

Pour autant, les récentes révélations quant aux ambitions des entreprises de services de sécurité et de défense (ESSD) chinoises pourrait consister un « cheval de Troie » de l’influence chinoise. C’est le cas, notamment de la société Frontier Services Group (FSG - propriété pour 25% de son capital par la CITIC Bank de Hong Kong), mais ouvertement liée financièrement avec la société militaire privée américaine d’Erik Prince (ex-Blackwater devenu Academi). D’ailleurs, les sociétés militaires privées chinoises, sont, sur le continent africain, avant tout en concurrence avec les SMP russes (Wagner) et turques (Sadat), désormais actives au Soudan et en Libye.
Se rajoute, bien évidemment, à ce panorama des outils d’influence politico-militaires chinois, la base que Pékin a ouvert à Djibouti, sur le port de Doraleh, en mai 2017.

Les banques chinoises détiennent
l’équivalent de 80 % du PIB de Djibouti

Bien qu’il n’y ait que 250 soldats chinois qui y soient stationnés en permanence depuis, l’on estime qu’ils pourraient avoisiner les 10 000 en 2026. Rien d’étonnant dans un pays où la Chine aurait investi plus de 12 milliards de d’euros dans les infrastructures - notamment portuaires et dans le secteur de l’hôtellerie - et où les banques chinoises détiennent pour l’équivalent de 80% du PIB du pays.

Symboliquement, d’ailleurs, alors que la présence militaire étrangère (Chine, Japon, Émirats Arabes Unis, Arabie Saoudite, Turquie, États-Unis, Italie, Espagne, Russie, Iran) ne cesse de se renforcer à Djibouti, dans la Corne de l’Afrique, en mer Rouge, dans le Golfe d’Aden - pour assurer la liberté de circulation de la 4e route maritime mondiale avec ses 30 000 navires qui traversent le Détroit de Bab al-Mandab et qui transportent près de 35% des flux pétroliers mondiaux, dont 75% de ceux consommés en Europe (près de 5 millions de barils par jour), notre présence militaire à Djibouti ne dépasse guère plus les 1 500 hommes en permanence (1 900 en alternance).

Dynamique de déploiement rapide

La France déploie pourtant toujours sur le continent africain, 80% des 10 000 hommes que nos forces armées sont en capacité de projeter à travers notre participation à plusieurs opérations extérieures, dont les 4 500 hommes engagés - depuis août 2014 - dans le cadre de l’opération Barkhane dans la bande sahélo-saharienne (et auparavant Serval, à partir de janvier 2013, au Mali). A cela, s’ajoutait les 2 000 hommes engagés - entre décembre 2013 et octobre 2016, en République centrafricaine, à travers l’opération Sangaris, désormais réduite à son plus simple appareil.

Ce sont près de 350 militaires français qui stationnent encore au Gabon et sensiblement autant à Dakar, tandis que les Forces françaises en Côte d’Ivoire, qui ont pris le relai de l’opération Licorne en janvier 2015, s’arriment à Abidjan. Il s’agit du même type de dispositif capacitaire « résilient » aux crises, dans une dynamique de déploiement rapide et de partenariats régionaux, dans le cadre des écoles nationales à vocation régionales (ENVR) que la France a décidé de créer dans une approche régionale de formation, d’entraînement, d’équipement des forces armées africaines.

Présence militaire complémentaire

Au-delà de cette présence conjoncturelle structurelle et terrestre pour lutter contre le terrorisme, de la Mauritanie au Tchad, la France est également « activement » présente militairement dans le Golfe de Guinée.
La France, à travers son opération de surveillance maritime Corymbe, assure, en effet, la sécurité des trafics maritimes, grâce à son BPC, son hélicoptère Alouette III, son patrouilleur de haute mer (PHM) et son avion patrouilleur maritime (Falcon 50). Il en va de même avec la participation de quelques 200 marins français dans le cadre des deux opérations navales EunavFor-Atalanta, au large des côtes somaliennes pour lutter contre la piraterie maritime et EunavFor-Sophia, au large des côtes libyennes, crée en 2015 afin de juguler les filières criminelles de migrations.

On le comprend donc, la présence géographique militaire française et chinoise est loin d’être conflictuelle, elle peut même être complémentaire, voire répondre aux mêmes objectifs stratégiques. Il en fut ainsi question lors de la rencontre entre les premiers ministres français et chinois, Édouard Philippe et Li Keqiang en juillet 2018.

L’armée chinoise aligne deux millions d’hommes

Il est intéressant de noter, en outre, que l’accroissement de l’engagement militaire chinois sur le continent africain suit la même trajectoire « structurelle  » que celle de son budget global en matière de défense. De l’ordre de 175 milliards de dollars/an (250 milliards, si l’on y ajoute la dimension Recherche & Développement et la dissuasion nucléaire), le budget militaire chinois aura augmenté de 17% en 2016, mais que de 8% en 2019. L’armée chinoise aligne, tout de même, deux millions d’hommes, 871 bateaux, dont désormais deux porte-avions, plus de 2600 avions !
Ces évolutions budgétaires structurellement adaptées au continent africain, sont également complétées, fort habilement, par une approche « conjoncturelle ».
La Chine, a ainsi, confirmé son engagement à soutenir concrètement la montée en puissance du G5-Sahel, en promettant d’octroyer 40 millions d’euros (45 millions de dollars) à la Force conjointe en cours de composition entre les forces armées de Mauritanie, du Mali, du Burkina-Faso, du Niger et du Tchad.

L’Union européenne a décidé de transformer
les sommes promises en fournitures

Pékin, d’ailleurs, ne s’est pas contenté de contribuer - aux côtés des promesses d’aides financières et capacitaires saoudiennes, émiriennes, japonaises, qataries, britanniques et de l’engagement financier de l’UE (100 millions d’euros) et des États-Unis (99 millions d’euros - 111 millions de dollars) - aux 414 millions d’euros nécessaires à la « génération de force » de la Force conjointe du G5-Sahel, engagée - il est vraie, très péniblement - depuis juillet 2017 et promis à l’aune de la Conférence des donateurs de Bruxelles, en février 2018.

Pour rappel, seuls 10 % de cette somme ont été, pour l‘instant décaissés, soit seulement 176 millions d’euros ! Pire, au lieu de fournir les armements lourds que réclament les forces armées sahélo-sahariennes, l’UE a décidé de transformer les sommes promises en fournitures de gilets pare-balles, en soutien logistique, en livraison de carburant, en ravitaillement…

Qu’à cela ne tienne, Pékin en a profité, pour livrer, fin décembre 2019, les six millions d’euros (7 millions de dollars, 50 millions de yuans RMB) promis par État membre du G5-Sahel, soit peu ou prou la somme des 40 millions d’euros que Pékin s’était engagé à verser. C’est ce qu’avait tenu à rappeler le ministre des Affaires étrangères chinois, Wang Yi, à l’occasion de sa dernière tournée africaine qui l’avait amené - en janvier 2019 - en Gambie, Éthiopie, Sénégal et au Burkina-Faso.

Le Burkina-Faso, pays stratégique
et symbolique pour la Chine

Pékin a aussi décidé de donner 1,5 million de dollars pour le fonctionnement du Secrétariat permanent du G5-Sahel, sis en Mauritanie, mais dont la présidence est assurée pour l’année 2019 par le Burkina-Faso. Ce dernier pays est d’ailleurs stratégique et symbolique pour la Chine, car c’était un des derniers à reconnaître la République de Chine (Taiwan) aux dépens de la République Populaire de Chine. Depuis la visite du ministre des Affaires étrangères chinois, Ouagadougou a décidé de tourner le dos à Taïpei !
Le président français semblait quelque peu courroucé, lors de son dernier déplacement, en Côte d’Ivoire et au Niger, fin décembre 2019, quand on lui évoquait la montée en puissance d’une certaine forme de ressentiment anti-français, qui accompagne un « appel  » à l’implication de nouvelles approches sécuritaires. Emmanuel Macron a ainsi tenu à rappeler que les Français payent par le prix du sang, la lutte « opérationnelle  » contre les groupes armées terroristes : 38 soldats français sont morts depuis le lancement de l’Opération Serval, en janvier 2013.
Le président français rappelait ainsi, avec raison, que la contribution financière et capacitaire chinoise (et russe) était la bienvenue, mais qu’elle ne saurait cependant suffire.

Un formidable outil de « soft influence »

Cette « stratégie » de financement des infrastructures institutionnelles sous-régionales et pan-africaine est un formidable outil de « soft influence » parfaitement rodé pour Pékin. On se rappelle, à cet effet, de la polémique née du financement d’une partie du siège de l’Union Africaine, à Addis-Abeba, et notamment le parc informatique fourni généreusement par la Chine !
L’on connaissait depuis 2001, la tenue annuelle des Forums sur la coopération sino-africaine (FOCAC), au cours desquels Pékin se montre particulièrement généreux avec les États africains invités. Ce sont ainsi près de 60 milliards d’euros de prêts pour investissements dont il s’agit, et ce, afin de mener à bien les 200 accords de coopérations conclus avec 53 des 54 États africains (à l’exception de l’ex-Swaziland, rebaptisé en 2018, Eswatini, et qui continue à ne pas reconnaitre la République Populaire de Chine).
Par ailleurs, ce sont quelque 176 milliards d’euros de prêts financiers qui ont été promis par Pékin à ses partenaires africains, afin de « compenser  » les carences en matière d’infrastructures sur le continent, estimées, par la Banque mondiale, à 55 milliards de dollars par an (45 milliards par an, alors qu’il en faudrait 105 milliards/an).

Ancrage chinois

La tenue du 1er forum sino-africain en matière de sécurité, en juillet 2018, à Pékin, est aussi venue confirmer l’ancrage chinois dans le domaine de la coopération militaire avec les 53 États africains.
Il en est résulté des dizaines de partenariats bilatéraux. Bien que le budget militaire de la Chine soit relativement modeste (110 milliards d’euros ou 123 milliards de dollars) eu égard à sa population et en comparaison avec le nôtre (36 milliards d’euros en 2019 pour atteindre les 50 milliards d’euros annoncés dans la Loi de programmation militaire 2019-2022, en 2025), les ventes d’armement chinois vers l’Afrique auraient ainsi augmenté de 55% depuis l’arrivée au pouvoir de l’actuel président chinois, en 2013.
Le rapport diligenté par la Commission européenne, indiquait, le 13 mars dernier, que la Chine était à la fois un « rival systémique » tout en demeurant, un « partenaire stratégique » à l’aune de son formidable potentiel économique (13 000 milliards d’euros de PIB) représentant plus de 30% de la croissance mondiale. Rien n’est plus vrai sur le continent africain ; sachons, dès lors, l’appréhender au mieux et dès à présent.

Convergences

Le Sommet France-Chine-Afrique, annoncé avec emphase en 2015 à Dakar, n’ayant jamais eu lieu, la perspective de la mise en place d’investissements en marché tiers, optimisant le potentiel et les capacités de chacun reste une opportunité à saisir.
C’est particulièrement attendu, du reste, dans le partage de fardeau et l’approche globale et collective pour faire face à la menace terroriste, au narco-trafic, à la piraterie maritime et autres maux « interconnectés  » entre eux, qui obèrent in fine le développement des États africains et qui prend en otage, les États européens et asiatiques ; bref, tous ceux qui ont intérêt à leur développement.
Dans cette optique, la France et la Chine devraient savoir trouver quelques convergences…

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