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Grégoire Chauvière Le Drian (BEI Paris) : « La montée en puissance de l’engagement de l’Europe en Afrique est le fruit de la mise en œuvre de la stratégie Global Gateway »

12 mars 2024
Grégoire Chauvière Le Drian (BEI Paris) : « La montée en puissance de l'engagement de l'Europe en Afrique est le fruit de la mise en œuvre de la stratégie Global Gateway »
Grégoire Chauvière Le Drian, Directeur du Groupe BEI en France, durant son intervention au dîner-débat des AMM (Les Amis du Mas Mathieu), organisé au restaurant parisien « La Démocratie » par le Président Jean-Marie Cambacérès (assis), jeudi 7 mars 2024. © AM/APP
Il faut féliciter d’emblée Jean-Marie Cambacérès, infatigable paladin de l’amitié internationale, de l’Europe à l’Asie et à l’Afrique, pour organiser les dîners-débats de son association Les Amis du Mas Mathieu en y associant toujours des orateurs de qualité. Jeudi dernier, ce fut au tour de Grégoire Chauvière Le Drian, Directeur du Groupe BEI en France, d’être l’invité d’honneur.

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par Alfred MIGNOT, AfricaPresse.Paris (APP)
@africa_presse

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Commençant son propos en évoquant les résultats annoncés par les sondages des prochaines élections européennes – « résultats qui m’effraient » – Grégoire Chauvière Le Drian déclare que dans ce contexte, cela fait partie de « son rôle [sa mission ?] comme de toutes les personnes qui peuvent travailler auprès des institutions européennes, de sortir de leur bureau et d’expliquer ce que l’on fait [de bien] et pourquoi »

Sise à Luxembourg, la Banque européenne d’investissement, communément nommée BEI, est née dès 1957 avec le Traité de Rome fondant la Communauté économique européenne, avec entrée en vigueur au 1er janvier 1958, rappelle le directeur du bureau parisien du Groupe BEI.
Avec pour actionnaires les États membres de l’Union, sa mission fut dès l’origine de financer les politiques communautaires, notamment le soutien aux régions déshéritées, comme c’était alors le cas du Mezzogiorno italien – d’où le surnom de « Banque des Italiens » dont on affubla quelque temps la BEI.

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Des missions pérennes et
en phase avec notre époque

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Aujourd’hui, tout en restant fidèle à sa mission de soutenir la convergence économique des régions d’Europe en cofinançant les infrastructures (ponts, autoroutes, chemins de fer, transports électriques, réseaux d’eau, lycées et collèges, universités, hôpitaux, fibre, gigafactories de batteries électriques, etc.) des 27 pays membres de l’UE, la BEI s’est aussi adaptée aux problématiques de notre époque : elle est devenue « la banque du climat » en conditionnant ses prêts au respect des accords de Paris de 2015, référence en matière de lutte contre le réchauffement climatique, et donc concrètement, par exemple, en privilégiant le financement des énergies renouvelables au détriment des énergies fossiles.

Disposant d’une notation AAA – donc supérieure à celle de nombre d’États membres, dont la France ! – la BEI emprunte ainsi aux meilleurs taux sur les marchés financiers internationaux, et peut donc prêter à son tour à des taux bonifiés.
Devenue le principal bailleur de fonds multilatéral au monde, la Banque européenne d’investissement a signé en 2023 des financements pour un montant total de 75,14 milliards d’EUR.
Près de la moitié des prêts de la BEI dans l’Union européenne ont été signés en faveur de projets mis en œuvre dans des régions de la cohésion. Aussi, 49,04 Mds € des prêts de la BEI, ont été signés pour des projets soutenant l’action pour le climat et la durabilité environnementale – d’où son nouveau surnom de « banque du climat ».

Le dîner-débat s’est tenu dans l’historique salle de rédaction de l’hebdomadaire L’Éveil démocratique, le salon « Le Sillon », du nom du mouvement politique catholique social qui y siégea et connut son apogée au début du XXe siècle. © AM/APP

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En phase avec notre époque, prenant acte du retour du « tragique de l’Histoire » (guerre en Ukraine, Covid, dérèglement de l’ordre international, guerres asymétriques…) la BEI s’est aussi appropriée la nouvelle approche d’un souverainisme – mot naguère encore tabou – non plus compris au plan national, mais à l’échelle européenne :

« Souveraineté sanitaire, souveraineté alimentaire, souveraineté énergétique, souveraineté industrielle… Nous avons maintenant un nouveau sens des priorités d’investissement. C’est par exemple doter l’Europe de moyens soutenables de production d’énergie, de production de batteries électriques, de telle manière que, tout en essayant de s’affranchir du gaz russe, on ne se jette pas dans une autre dépendance. En particulier, par rapport à nos concurrents asiatiques ou américains nous avons pris quelque dix ans de retard, sur l’IA [Intelligence artificielle] … ou encore les batteries électriques – un retard que nous avons entrepris de contribuer à combler, comme le montre notre financement du démonstrateur de Grenoble de la future gigafactory de batteries électriques de Dunkerque », explique Grégoire Chauvière Le Drian. Déjà annoncé par l’Élysée, le mégaprojet de Dunkerque, d’un investissement total de 2 Mds €, devrait se concrétiser par une contribution de la BEI à hauteur de 600 M€ – la signature officielle de son engagement est attendue très prochainement.

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Les prémices du retournement
du déficit d’image et de notoriété

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Mais malgré ses engagements vertueux, la BEI reste très méconnue. L’institution y a sa part de responsabilité car, comme l’indique Grégoire Chauvière Le Drian, « longtemps la discrétion a été de rigueur. Et je dirai que si nous avons un défaut majeur, c’est bien notre déficit de notoriété. »

Ce constat étant établi, la BEI se veut aujourd’hui plus proche des acteurs économiques qui, directement ou indirectement, peuvent bénéficier de ses engagements – tout en les méconnaissant car si la BEI garantit ou abonde les prêts, elle le fait au travers des banques locales, seuls interlocuteurs opérationnels connus des emprunteurs. Plus largement, la BEI veut aussi être mieux connue du « grand public » des citoyens européens, très peu au fait, par exemple, de l’engagement total de la BEI pour aider l’Europe à devenir le premier continent neutre en carbone d’ici à 2050, et pour contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable des Nations unies.

Longtemps – et cela participait du déficit d’image – « le financement européen a été associé à de la subvention à des entreprises en difficulté. Heureusement, relève Grégoire Chauvière Le Drian, aujourd’hui les choses ont changé : parfois des entreprises viennent nous voir non pas dans l’idée de bénéficier de nos financements à des conditions avantageuses, mais juste pour obtenir notre label de Banque européenne du climat », car il conforte leur crédibilité et contribue ainsi à faciliter leur tour de table ou recherche de partenaires industriels pour leur développement.
Ainsi commence-t-on à observer les prémices de retournement de ce déficit d’image auprès des partenaires économiques de la BEI. Mais on reste très loin de la sensibilisation du grand public des citoyens européens… ni même des médias.

La photo de famille des premiers arrivants au dîner-débat. Au centre, Grégoire Chauvière Le Drian au côté du Président Jean-Marie Cambacérès. © DR

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À ce point de notre article, qu’il nous soit permis de formuler cette observation courtoise au Directeur de la BEI Paris :
« Cher Grégoire,
Auriez-vous la possibilité de faire remonter la suggestion suivante à la direction de la communication de la BEI, à Luxembourg : merci d’adresser vos communiqués de presse en français lorsque vous voulez qu’ils soient repris par des médias francophones. Nous sommes en effet lassés de recevoir des textes en anglais, particulièrement lorsqu’il s’agit de votre action en Afrique, cœur de métier d’AfricaPresse.paris.
Pour vous dire notre sentiment, c’est a minima un manque de courtoisie et même de respect, alors que le français est langue travail officielle des institutions européennes – même si, hélas, de plus en plus bafouée par l’anglomania des directions de la Commission.
À n’en pas douter, grâce à un investissement de rédaction ou de traduction somme toute modeste, vous auriez plus de publications dans les médias francophones, et votre notoriété irait positivement croissant… ».
Merci pour votre attention bienveillante à cette requête. »

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La montée en puissance
de BEI Monde et l’Afrique

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Créée en 2022, la filiale BEI Monde amplifie l’incidence de la Banque par sa présence « sur le terrain », plus près des populations, des entreprises et des institutions locales du monde entier.
Dédiée donc aux partenariats mondiaux, BEI Monde a signé en 2023 de nouveaux prêts représentant 8,44 milliards d’EUR, dont quelque 4 milliards pour l’Afrique, avec un tropisme nettement marqué en faveur de la lutte contre le dérèglement climatique, le développement durable et la capacitation des ressources humaines, particulièrement des femmes et des jeunes visant l’entrepreneuriat.

On peut considérer cet engagement encore modeste – notamment comparé aux +5 Mds € annuels abondés en faveur de l’Afrique par la seule Agence française de développement (AFD)… Mais en fait, la BEI s’est engagée dès les années 1960 et 1970 dans plusieurs pays d’Afrique : Kenya, Sénégal, Mali, Madagascar, Malawi, Tanzanie, Gambie, Cameroun.

Entre 2012 et 2021, les financements cumulés de la BEI en faveur de l’Afrique se sont élevés à 26,15 milliards d’euros. Cela peut être considéré relativement modeste, mais la tendance est à la hausse, comme le montrent les quelque 4 milliards d’euros mis à disposition du continent en 2023. « La montée en puissance de l’engagement de l’Europe en Afrique est le fruit de la mise en œuvre de la stratégie Global Gateway. Elle s’inscrit dans la durée », relève Grégoire Chauvière Le Drian.

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REPLAY / Grand succès de la XIIe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris, dédiée au partenariat renouvelé du Groupe AFD avec l’Afrique

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