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Xe Conférence FEMIP de Tunis : fort consensus et projets concrets pour le soutien aux PME-Med

Tous pays EUROMED-AFRIQUE | 9 mars 2012 | src.leJMed.fr
Xe Conférence FEMIP de Tunis : fort consensus et projets concrets pour le soutien aux PME-Med
Tunis -

« Les PME méditerranéennes à la conquête de nouveaux horizons » ou comment développer le soutien aux PME sud-méditerranéennes, et à la microfinance, telle était la thématique de la Xe Conférence FEMIP, à Tunis, jeudi 8 mars 2012. Les nombreux participants de haut niveau – décideurs, experts et professionnels – se sont accordés sur l’évidence de cet enjeu stratégique, et plusieurs entités ont annoncé des engagements concrets.

Photo ci-dessus : Philippe de Fontaine Vive, vice-Président de la BEI et « patron » de la FEMIP, lors de son intervention à la Xe Conférence FEMIP, à Tunis le jeudi 8 mars 2012. Assis à la tribune, Riadh Bettaieb, ministre tunisien de l’Investissement et de la Coopération internationale. © Alfred Mignot - mars 2012


Vue de la salle de la Xe Conférence FEMIP © Alfred Mignot 2012

Co-présidée par Riadh Bettaieb, ministre tunisien de l’Investissement et de la Coopération internationale, et par Philippe de Fontaine Vive, vice-Président de la BEI et « patron » de la FEMIP, la conférence s’est déroulée tout au long de la journée, s’articulant autour de trois thèmes : commet développer le financement des PME et la microfinance ; comment promouvoir l’esprit d’entreprise ; comment positionner l’EuroMéditerranée comme un relais de croissance capable d’atteindre la dimension internationale.

Dans son propos liminaire, le ministre Riadh Bettaieb s’est félicité de « la volonté européenne de soutenir un partenariat renforcé et plus participatif, et de contribuer à mettre en place les outils financiers appropriés », et a rendu un hommage particulier à l’action de la FEMIP.

Selon le ministre, « le processus de transition démocratique de la rive sud offre une occasion historique à l’EuroMéditerranée de s’ériger en espace intégré ». Il a estimé que « les défis communs auxquels nous sommes confrontés nous rapprochent davantage », et qu’il faut créer un vaste espace de libre-échange, en renforçant tant l’intégration sud-sud que nord-sud, souhaitant aussi que la région se développe à l’international.


Les PME ou… la démocratie de l’économie

Les PME, a-t-il considéré, ont un rôle majeur à jouer dans l’accomplissement de « la volonté des peuples d’instaurer une société démocratique, plus équitable et inclusive (…) cette ambition dépend aussi beaucoup de la réussite des PME (…) pour lesquelles la question du financement se pose en termes de survie. »

Dans cette perspective, « notre priorité est de restaurer la confiance des investisseurs internationaux » a-t-il conclu, après avoir évoqué quelques pistes utiles au renforcement de l’action en faveur de ces PME : renforcer les partenariats, via les associations, les CCI, les réseaux professionnels ; développer le capital investissement ; créer des fonds spécifiques de pré-amorçage et de soutien au développement des entreprises ; encourager les PME à s’installer aussi dans les régions intérieures, jusqu’ici très délaissées ; adossement des fonds d’investissement régionaux à des mécanismes de garantie ; investissements importants dans capital humain ; favoriser la mobilité des étudiants entre nord et sud de la Méditerranée…


Philippe de Fontaine Vive : « admiratif ! »

Philippe de Fontaine Vive (au centre), VP de la BEI et « patron » de la FEMIP, lors de la conférence de presse conjointe avec Riadh Bettaieb (à gauche), ministre tunisien de l’Investissement et de la Coopération internationale et Abdelkarim Harouni, ministre du Transport. © Alfred Mignot - mars 2012

Intervenant à son tour, Philippe de Fontaine Vive, vice-Président de la BEI et « patron » de la FEMIP, s’est déclaré « admiratif de voir un processus révolutionnaire aussi efficace, et a remercié le gouvernement tunisien d’avoir maintenu l’agenda de cette conférence », qui inaugure à Tunis la série des manifestations ponctuant cette dixième année anniversaire de la FEMIP.

« Nous avons à relancer le partenariat avec le privé » a déclaré Philippe de Fontaine Vive, évoquant les nombreux points positifs au regard de cette perspective : un soutien assez général en Europe vis-à-vis des pays de la transition démocratique ; le soutien politique et financier de la Commission européenne ; l’engagement très concret, malgré la crise que connaissent nombre de pays européens, d’opérateurs notamment espagnols (pour le capital-risque) et luxembourgeoises (pour le microcrédit) ; le soutien de l’Union pour la Méditerranée (UpM), dont Philippe de Fontaine Vive a relevé qu’il « est remarquable d’observer que le Maroc ait présenté la candidature de son meilleur ambassadeur, Fathallah Sijilmassi, d’ailleurs élu à l’unanimité des 43 membres, au poste de Secrétaire général ».

« Mettons toute cette énergie en œuvre », dit Philippe de Fontaine Vive, rappelant que 80 % des emplois nouveaux seront créés par les PME, et que c’est « par elles aussi que se diffusent les richesses. »
Pour cela, il ne faut pas hésiter à « changer les cadres vieillis, qui sont devenus des carcans. Voir ensemble comment établir plus de confiance, de transparence, de bonne gouvernance. Ensemble, redessiner la carte réglementaire et institutionnelle » de l’EuroMéditerranée.


Plusieurs exemples d’engagements concrets

Dans cet esprit, et à titre d’exemple, Philippe de Fontaine-Vive a indiqué que la BEI-FEMIP a allégé ses procédures de prêt en Tunisie : alors que jusqu’ici la procédure pour accorder des crédits, dossier par dossier, était soumise a priori au représentant de la BEI-FEMIP en Tunisie, désormais les lignes de crédit aux PME y seront accordées a priori par les intermédiaires financiers tunisiens – « nous les connaissons bien, nous leur faisons confiance », a relevé Philippe de Fontaine Vive, ajoutant : « ils décident, ils allouent le crédit, et la validation par nous intervient a posteriori. » Par ailleurs, la fraction maximum du coût d’un projet que la BEI-FEMIP peut financer en Tunisie a été relevée de 50 % à 80 %.

La déclaration de la représentante de Juan Lopez-Doriga Perez, Directeur de l’Agence espagnole pour la Coopération (AECID) est une autre manifestation de l’engagement concret d’organismes européens en faveur des PME sud méditerranéennes : « l’Espagne, a-t-elle déclaré, soutient… le soutien européen à la transition démocratique au sud. C’est sur les PME et les micro-entreprises que nous [Espagnols], avons décidé de porter l’essentiel de notre effort. Nous avons une ambition forte pour la région, pour laquelle le gouvernement espagnol a approuvé la création d’un fonds pour les PME ».
Doté de 5 M € et géré par la BEI-FEMIP, ce fonds espagnol investira particulièrement dans les énergies renouvelables et les eaux et forêts, tandis que des coopérations en vue de trouver d’autres fonds européens seront recherchées, a précisé la représentante de l’AECID, avant de conclure que « l’Espagne a tout intérêt que ses voisins du sud soient stabilisés dans la démocratie et le progrès économique et social. »

Second exemple de projet concret, celui du Centre EuroMed des MPME (M pour micro-entreprises), annoncé par Bruno Ermolli, Président de Promos (Chambre de commerce de Milan). Évoquant tout d’abord les relations italo-tunisiennes, Bruno Ermolli a relevé que l’Italie est le deuxième partenaire de la Tunisie, après la France, avec 800 entreprises implantées « qui sont toutes restées ouvertes durant la révolution du jasmin, et 70 nouvelles entreprises italiennes se sont installées en 2011 en Tunisie. »

L’objectif du Centre EuroMed des MPME, soutenu par la BEI-FEMIP, est « d’aider les micro-entreprises à devenir des PME, et les PME à devenir des grandes », a déclaré Bruno Ermolli. Pour cela, le Centre développera des activités de réseau, bilatérales et multilatérales, mais « proche des territoires, chacun devant pouvoir bien travailler chez soi ». Le Centre EuroMed des PME se veut un intégrateur de système, chacun apportant le meilleur dont il dispose, dans « un esprit de complémentarité sans compétition. » Il mettra à disposition de ses adhérents des services de « business intelligence », d’études de faisabilité, et d’assistance technique pour l’accès au marché financier. Il visera aussi au développement du capital humain, en contribuant à favoriser les échanges et la mobilité professionnelle en EuroMéditerranée. Plusieurs pays, dont le Maroc et le Liban, ont déjà signé l’accord – et bientôt la Turquie – qui permettra au Centre EuroMed des PME d’être opérationnel dès octobre prochain.

Troisième exemple : le représentant de la coopération luxembourgeoise, impliquée dans les secteurs de la formation professionnelle et de l’éducation en Tunisie depuis les années 1990, a annoncé que le Luxembourg s’engage maintenant, avec le soutien de la BEI, dans le programme de soutien à la microfinance en Tunisie, notamment via un accord avec ENDA interarabe, ONG internationale de microcrédit.


Les vœux de Esma Ben Hamida,
PDG de l’ONG de micorfinance ENDA

Dans ce flot de manifestations de bonnes volontés tournées vers l’action, c’est cependant de Esma Ben Hamida, PDG de ENDA – pour laquelle la BEI-FEMIP a approuvé en 2011 un nouveau financement jusqu’à 4 M € – qu’est venu un accent de modération : « Il ne faut tout de même pas s’attendre à ce que la microfinance résolve tous les problèmes. L’État doit continuer à assumer son rôle, notamment en finançant les infrastructures… ».

Selon elle, 51 millions d’emplois sont à créer ans le monde arabe d’ici à 2020, et les demandeurs potentiels de microcrédit y sont estimés à 80 millions de personnes.
En Tunisie, où « les banques ont exclu les pauvres du financement », seul reste le microcrédit pour ces populations. « Un million de Tunisiens auraient besoin d’y accéder ». Mais, en l’état actuel de la législation, souligne encore Esma Ben Hamida, il ne faut pas imaginer que la microfiance créera énormément d’emplois, la création d’entreprise étant considérée trop risquée. Aujourd’hui, la microfinance joue plutôt un rôle de consolidation. Pour que cela change, il faudrait que la loi autorise les instituions de microfiancement à accéder à la micro-assurance et à l’épargne.


La BEI-FEMIP amplifie son action

Un vœu que, lors de la conférence de presse ultérieure, Riadh Bettaieb, ministre tunisien de l’Investissement et de la Coopération internationale, a dit avoir « bien entendu », ainsi que d’autres nombreuses propositions faisant suite aux travaux qui durant deux jours ont rassemblée à Tunis des opérateurs de ce secteur, en marge de la Xe conférence de la FEMIP, qui en était en quelque sorte le point d’orgue euroméditerranéen, avec l’annonce, faite par Philippe de Fontaine Vive au nom de la BEI-FEMIP, d’un co-investissement de 100 M €, en partenariat avec le gouvernement espagnol, pour soutenir le secteur privé dans les pays du sud de la Méditerranée, auquel s’ajoutent 200 M € réservés pour des financements d’amorçage, l’objectif étant de libérer le potentiel des entreprises dans la région. D’autres mesures concrètes sont aussi à l’étude au sein de la BEI, comme la mise en place d’une facilité de garantie afin d’encourager les banques locales à financer les PME méditerranéennes.

En fait, l’engagement de la BEI-FEMIP vis-à-vis des PME se développe depuis dix années – depuis 2002, année de création de la FEMIP, 2 300 PME ont été financées, avec près de 400 M € – mais il s’est fortement confirmé en en 2011, les PME-Med ayant bénéficié de 63 % du montant total des financements, (dont 49 M € dans le secteur du capital-investissement) contre 37 % pour le secteur public.
Ainsi, à titre d’exemple, ce soutien s’est concrétisé en 2011 au Liban avec le projet Private Sector Facilities III : la BEI-FEMIP a accordé un prêt de 30 M € à Bank Audi pour lui permettre de fournir des financements à long terme pour des projets réalisés par des PME au Liban. Toujours en 2011, la BEI-FEMIP a accordé un prêt de 10 M € à Capital Invest International (CII), une société à responsabilité limitée, pour appuyer les PME situées en Afrique du Nord.

Concernant enfin la promotion de l’esprit d’entreprise ainsi que la formation managériale et technique des entrepreneurs, y compris des institutions financières locales, la BEI-FEMIP poursuivra activement ses opérations d’assistance technique et, à travers elles, son offre d’accompagnement et d’expertise technique et financière, comme en témoigne notamment sa coopération avec l’Association tunisienne des investisseurs en capital (ATIC). La BEI-FEMIP met également tout en œuvre pour concrétiser les principes de la Charte euro-méditerranéenne pour l’entreprise dans sa dimension « accès aux services financiers », a rappelé le VP Philippe de Fontaine Vive.


Alfred Mignot


En savoir plus :

 Visiter le site des 10 ans de la BEI-FEMIP : http://femip10.bei.org.

 Les pays de la FEMIP - La Facilité euro-méditerranéenne d’investissement et de partenariat (FEMIP) rassemble les instruments d’intervention de la BEI dans les pays partenaires méditerranéens : Algérie, Égypte, Gaza-Cisjordanie, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Syrie, Tunisie et bientôt Libye.

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