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Vincent REINA, Président de la CCFA (Paris) : « Pour un renouveau du partenariat entre la France et le monde arabe »

5 décembre 2024
Vincent REINA, Président de la CCFA (Paris) : « Pour un renouveau du partenariat entre la France et le monde arabe »
M. Vincent REINA, Président de la Chambre de Commerce Franco-Arabe (CCFA, Paris). Photo © DR
Rappelant que la Chambre de Commerce Franco-Arabe (CCFA) est la seule organisation paritaire entre la France et l’ensemble des pays arabes, le Président Vincent REINA examine le contexte mondial et propose de nouvelles pistes de partenariat renforcé, à l’instar du « Partenariat d’exception » entre la France et le Royaume du Maroc.

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Une Tribune libre de M. Vincent REINA,
Président de la Chambre de Commerce
Franco-Arabe (CCFA, Paris)

À l’occasion de la tenue de son Ve Sommet économique France-Pays arabes, sous le haut patronage du Président de la République, le 12 décembre, M. Vincent Reina, publie la Tribune libre ci-dessous.

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Permettez-moi d’abord, de rappeler en quelques mots l’origine de la Chambre de Commerce Franco-Arabe, parce que sa création même est une volonté de partenariat innovante.
Créée en 1970 par un ancien Secrétaire d’État du Général De Gaulle, et le représentant de la Ligue des Etats Arabes à Paris,
si la Chambre de Commerce Franco Arabe a comme objectif d’être un outil au service du développement économique croisé entre la France et les États de la Ligue Arabe, elle est la seule organisation paritaire entre la France et l’ensemble des pays arabes.

Ainsi, son Conseil d’administration est composé pour moitié de membres français, des entreprises adhérentes à la Chambre, et pour l’autre moitié des représentants du secteur privé des États de la Ligue, les ambassadeurs arabes à Paris y siégeant également avec voix consultative.

La Chambre s’inscrit ainsi dans un réseau d’une vingtaine de chambres mixtes arabo-étrangères en Europe, aux États-Unis, au Brésil, rassemblées au sein de l’Union des Chambres Arabes, présidée aujourd’hui par notre ami Samir Majoul, Président de l’Utica tunisienne.
Ses activités de légalisation des documents d’exportation à destination aujourd’hui principalement des pays du Machrek et des pays du Golfe, mais aussi ses activités d’information, de conseil en font, comme sa structure même, un outil unique en France. Ce qui ne nous empêche pas de travailler en proximité avec les autres dispositifs français publics : ministères et ambassades de France, CCI France, Business France ; et privés : CPME et Medef International. C’est pour cela que nous mettons un point d’honneur à associer dans l’organisation de notre Sommet économique annuel ces différents acteurs.

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Un contexte international incertain

Les incertitudes diverses du contexte international sont bien entendu à prendre en compte dans nos actions, comme le sont les défis auxquels nous sommes confrontés.
L’émergence de ce que l’on appelle le « Nouveau Sud », auquel appartiennent de très importants pays arabes – le Maroc, les Émirats arabes unis, l’Arabie Saoudite, le Qatar, l’Égypte, pour ne citer qu’eux –, a propulsé au premier plan économique et diplomatique de nouveaux acteurs de poids, avec des ambitions individuelles majeures et des objectifs collectifs ambitieux, qui peuvent être parfois contraires à ceux des pays occidentaux.

Au niveau européen, il est évident que les difficultés économiques et politiques que rencontrent des pays de premier rang, comme la France et l’Allemagne, difficultés qui viennent se rajouter au conflit russo-ukrainien, brouillent les pistes d’avenir. Nous manquons ainsi cruellement de visibilité et de lisibilité.

Pour ce qui concerne le contexte des pays arabes, certains présentent des caractéristiques fortes de stabilité économique, de stabilité politique et de croissance, mais d’autres sont soit en crise profonde, soit en sortie de crise difficile, comme le Liban, même si un accord de cessez-le-feu temporaire vient d’intervenir.

Quant aux défis à relever, ils sont légions ! Maintenir une croissance économique mondiale forte et inclusive, lutter contre les trafics, prévenir et affronter les changements climatiques, en voilà trois de taille et qui doivent mobiliser nos énergies.
Nous avons besoin d’un point annuel de convergence des acteurs français et arabes venant échanger, partager leurs points de vue, promouvoir leurs activités, leurs ambitions, leurs stratégies. J’espère que notre Sommet deviendra au fil des ans, ce point de rencontre annuel incontournable.

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Ouvrir de nouvelles pistes

Nous avons en effet besoin d’ouvrir de nouvelles pistes de réflexions et d’actions. Alors que nous avons traité des questions de souveraineté, souveraineté alimentaire et souveraineté sanitaire, et des questions de mobilité, d’urbanisme, et d’environnement, avec notamment la question de l’eau, il faut ouvrir plus large et voir plus grand.

D’une part avec les pays du Maghreb, parce que leur intégration dans les chaînes de valeur internationales est évidente, ces pays pouvant constituer des bases de production majeures pour les entreprises françaises, bases de production « arrières », mais aussi de projection.
Autour des pays du Golfe, il s’agit de voir comment ces derniers, cherchant à se positionner comme les acteurs incontournables du digital, de la mobilité douce, de l’intelligence artificielle, de l’économie des services, de la conquête spatiale, comment les entreprises françaises peuvent dès lors essayer de s’inscrire dans leur dynamique.

Enfin, certains pays ouvrent de nouvelles perspectives autour de leurs sorties de crise, de leur reconstruction. Il y a là aussi des marchés considérables à prendre pour les entreprises françaises, mais aussi la possibilité pour ces pays de, peut-être, sauter une étape dans leurs développements technologiques pour se doter des meilleurs savoirs existants.

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Une nouvelle approche

Il nous faut progresser ensemble, d’abord en France, et avec les pays arabes, sur la réflexion et la mise en œuvre de politiques conjointes entre les entreprises françaises, les acteurs privés arabes, mais aussi les acteurs publics. Le temps est venu depuis déjà maintenant plusieurs années de changer de paradigme dans la façon dont nous approchons les marchés arabes, qui sont nos partenaires de proximité !

Il s’agit désormais d’avancer ensemble, de mettre en place des collaborations économiques gagnant-gagnant, des partenariats où entreprises françaises comme entreprises arabes vont obtenir des gains sur leurs marchés respectifs et sur leur développement.
Le temps n’est plus à simplement se dire « je vais vendre » ou « je vais chercher de l’investissement ». Il faut passer à une étape véritablement de collaboration économique, de co-construction, et cela autorise à la fois d’être parfois partenaires, mais aussi éventuellement parfois concurrents. C’est là, je crois une approche économique saine, tout simplement parce que nous sommes interdépendants, et que les règles du jeu ont changé. La concurrence et la compétition sont désormais locales, et mondiales.

La meilleure illustration de cette transformation est certainement l’approche qu’aujourd’hui les entreprises françaises et les entreprises marocaines mettent en œuvre. Ce sont aussi je crois les perspectives qui se sont d’ores et déjà inscrites avec des pays tels que les Emirats arabes unis, mais aussi l’Arabie Saoudite par exemple.

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France - Maroc : l’exemple à suivre

C’est d’abord la prise de conscience de cette véritable interdépendance : importance des Marocains résidant en France, comme des Français résidant au Maroc, étudiants marocains inscrits dans les établissements d’enseignement supérieur français, entreprises françaises opérant au Maroc, investissements du Maroc en France et dans monde africain.
C’est ensuite, je pense, une approche revendiquée de part et d’autre de co-investissement, de relation d’égal à égal, de co-localisation ou de co-compétition, comme on voudra l’appeler. Plus de trente accords illustrant cette nouvelle approche ont ainsi été signés lors de la visite fin octobre du Président Macron, liant aussi bien des acteurs publics que des acteurs privés, dans les domaines des infrastructures, du développement industriel, de l’investissement, de la protection, de l’environnement, de l’agriculture et des forêts, de la formation de la culture.

C’est enfin la volonté de construire un « Partenariat d’exception renforcé » en vue de permettre aux deux pays de mieux répondre à l’ensemble des défis auxquels tous deux sont confrontés, en mobilisant tous les secteurs pertinents de la coopération bilatérale, régionale et internationale.

C’est ainsi que la déclaration relative à ce Partenariat inscrit trois objectifs dans ses principes : « La consolidation de la convergence, politique et stratégique, afin de faire mieux face ensemble aux grands défis de notre temps, l’approfondissement et la modernisation de leur partenariat au bénéfice du développement économique, de la cohésion sociale et de leur autonomie stratégique, la poursuite du renforcement de leur coopération privilégiée en matière de lien humain, de capital humain et de culture, ancrée dans une francophonie de valeur et d’ouverture ».

On ne peut que se réjouir de ces résultats. Et on ne peut que souhaiter que l’exemplarité de cette relation renouvelée puisse à son tour irriguer, nourrir l’ensemble des relations entre la France et le monde arabe !
C’est clairement ce type de partenariat qui doit servir désormais d’échelon de base, de paradigme pour toutes nos relations bilatérales avec le monde arabe ! C’est pour la France, je le crois, une nécessité.

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