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Ves REF de Brazzaville / Michel DJOMBO, Président d’UNICONGO : « L’Alliance des Patronats Francophones doit être le bras armé de l’OIF pour la diplomatie économique francophone »

3 juillet 2025
Ves REF de Brazzaville / Michel DJOMBO, Président d'UNICONGO : « L'Alliance des Patronats Francophones doit être le bras armé de l'OIF pour la diplomatie économique francophone »
Michel DJOMBO, Président d’UNICONGO. Photo © DD/APP
Michel DJOMBO, Président d’UNICONGO*, et sa Secrétaire générale Nancy CHENARD, ont organisé avec succès à Brazzaville, les Ves Rencontres des entrepreneurs francophones (REF) de l’Alliance des Patronats Francophones présidée par Geoffroy Roux de Bézieux. Entretien exclusif avec le Président d’UNICONGO sur son parcours, ses réalisations et ses projets.

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Entretien réalisé par notre Envoyé spécial à Brazzaville, Denis DESCHAMPS, pour AFRICAPRESSE.Paris (APP)
@DjuliusD @africa_presse

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APP - Voulez-vous nous rappeler votre parcours d’entrepreneur ?

Michel DJOMBO – Je suis ce qu’on appelle communément un « Repat » : je suis de triple nationalité (Congolais-Russe-Français) et, après ma formation à Paris, à l’EPITA (école des ingénieurs en informatique), j’ai pris la décision de rentrer au Congo en 2012.

Je suis alors rentré après un passage au service informatique de la BNP Paribas, parce que je voulais donner une véritable plus-value à ce que je faisais, passant par un impact réel par rapport à mon pays et son agriculture…

Arrivé au Congo, je me suis en effet lancé dans l’entrepreneuriat agricole, axé sur le palmier à huile « zéro déforestation » faisant une utilisation « raisonnée » des intrants engrais, comme la potasse. Je me suis, de ce fait, intéressé à l’importation de ces intrants, d’abord en provenance de Russie et aujourd’hui du Maroc, que j’associe – en mode blending – à de la fabrication locale

Je travaille aujourd’hui sur le développement d’une plateforme numérique ayant pour objet d’opérer un recensement des ressources agricoles au Congo, en particulier pour mieux localiser et tracer les produits.

Mais pour que ce projet digital appliqué à l’agriculture puisse effectivement réussir dans mon pays, il me faudrait certainement un soutien plus net des pouvoirs publics congolais…

APP – En tant qu’entrepreneur-agriculteur, quelle est votre opinion sur l’agriculture présentée comme moteur du démarrage de l’essor économique africain ?

Michel DJOMBO – Il s’agit là d’une question à portée philosophique : est-ce que l’agriculture porte la croissance africaine, sachant qu’il s’agit en fait de nourrir la population grâce à une production alimentaire de bon niveau ?

On peut y répondre en rappelant que la capacité à se nourrir est à la base du développement économique du continent, mais que cette phase initiale a été contrariée dans les années 1980 par les politiques d’ajustement structurel qui nous ont été imposées par les grandes instances internationales, comme le FMI.

Au Congo, nous avons alors perdu notre expertise agro-industrielle pour nous orienter vers des cultures vivrières fortement dépendantes de l’importation d’intrants – avec des prix de matières premières qui se situent au niveau mondial – et fortement consommatrices d’eau.

Le Congo importe ainsi aujourd’hui plus de 2 milliards de dollars de produits liés à l’alimentaire… C’est pourquoi je pense que l’État congolais doit pouvoir mettre en place une stratégie cohérente, accordée avec la réalité, passant par la facilitation et le regroupement de l’importation d’intrants.

Autrement dit, l’État congolais doit changer d’approche et miser sur le niveau macro plutôt que sur le niveau micro-économique…

APP – En votre qualité de Président d’UNICONGO, quel est votre plaidoyer sur la redynamisation du dialogue public-privé (DPP) et quelles sont vos grandes priorités ?

Michel DJOMBO – UNICONGO existe depuis 1959, mais, entre 1963 et 1991, le Congo a connu un régime communiste marqué par la nationalisation de l’économie. Il n’y avait ainsi pas de secteur privé congolais possible, sauf dans certains secteurs strictement réglementés. Aussi, il s’agissait le plus généralement de sociétés étrangères… qui dirigeaient le patronat congolais !

On peut dire de ce fait que le secteur privé a 34 ans et qu’UNICONGO compte aujourd’hui sur le dialogue public–privé (DPP) pour bâtir des relations constructives avec l’État, ouvrir les portes des ministères, afin de pouvoir bâtir ensemble un environnement des affaires plus simple au Congo.

La REF 2025 (Rencontres des entrepreneurs francophones) organisée à Brazzaville par UNICONGO avec l’Alliance des Patronats Francophones est en fait une excellente occasion de parler avec les pouvoirs publics congolais, pour trouver des solutions adaptées, s’agissant notamment de promouvoir les investissements dans le pays comme d’assurer la diversification de son économie.

Je souligne que, depuis trois ans, UNICONGO est associé à l’élaboration des projets de loi concernant l’économie congolaise et que notre patronat est sollicité par les ministres avec lesquels nous échangeons régulièrement.

Nancy CHENARD, Secrétaire générale d’UNICONGO, en compagnie de notre Envuyé spécial Denis DESCHAMPS aux Ves REF de Brazzaville, en juin 2025. Photo © DR – CLIQUER SUR L’IMAGE POUR L’AGRANDIR.

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APP – Quelles sont vos attentes par rapport à la REF 2025 de Brazzaville qu’UNICONGO a organisée avec l’Alliance des Patronats Francophones ?

Michel DJOMBO – Vous l’aurez compris, la REF est d’abord un véritable outil d’influence (« soft-power ») par rapport aux pouvoirs publics. Aussi, je crois qu’il est important de pouvoir développer des relations inter-patronales au sein de l’Alliance et d’identifier dans ce cadre les bons partenaires.

Nous avons en effet réuni avec succès à la REF de Brazzaville les acteurs des deux rives, en même temps que le Maroc, le Sénégal, le Cambodge… en présence de nombreuses TPE et PME venues notamment des pays voisins pour profiter de ce grand forum à forte visibilité pour entrer en relation avec des partenaires économiques et commerciaux

Je veux d’ailleurs souligner que le niveau de participation à la REF de Brazzaville est vraiment très satisfaisant et qu’il faut remercier l’Alliance pour tout ce qu’elle a accompli pour mobiliser les délégations internationales.

APP – La Francophonie économique : réalité ou illusion ?

Michel DJOMBO – L’Organisation internationale de la francophonie (OIF) mène, depuis son origine, une action forte dans les domaines de la diplomatie et de la culture. Elle a développé récemment le volet économique de son action, mais celui-ci n’a pas encore vraiment de résonance.

C’est pourquoi l’Alliance des Patronats Francophones doit être le bras armé de l’OIF pour tout ce qui concerne la diplomatie économique francophone, passant notamment par la mobilisation des pouvoirs publics pour insuffler une véritable dynamique à l’espace économique francophone

APP – Votre mot de la fin ?

Michel DJOMBO – Nous allons aujourd’hui vers une démarche de co-développement qui évolue vers la relocalisation. En d’autres termes, nous sommes en train de changer de paradigme, avec une industrialisation qui doit se faire sur un mode collaboratif, dans chaque espace sous-régional africain.

Je crois qu’il faut alors aider chacune des économies africaines à assumer sa spécialisation, dans le cadre d’une stratégie de diversification assumée dans chaque espace sous-régional. En Afrique centrale, il faudrait ainsi que la CEMAC puisse agir en ce sens, en lien avec la CEAC… ce qui suppose que les approches de ces instances doivent sans doute encore évoluer…

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* UNICONGO, Union Patronale et Interprofessionnelles du Congo, est une association régie par la Loi 1901.. Fondée en 1959, elle rassemble aujourd’hui 17 fédérations professionnelles représentant 400 adhérents pour environ 100 000 emplois créés dans le secteur agro-industriel ainsi que dans les autres filières économiques du pays.

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CAAP 19 le 10 SEPTEMBRE 2025 / MINES, TOURISME, NUMÉRIQUE… :
LA NOUVELLE DONNE DE L’ESSOR DE LA GUINÉE CONAKRY

Riche de la plus importante réserve mondiale de bauxite, indispensable à la fabrication de l’aluminium, la Guinée Conakry a résilié en mai dernier quelque 120 contrats d’exploitation minière, au motif que les entreprises concernées ne respectaient pas le Code minier. Quels seront les impératifs de la nouvelle donne qui régira le secteur minier guinéen ?

Tel est le focus de notre XIXe Conférence des Ambassadeurs de Paris (CAAP 19), dédiée à la Guinée Conakry, le mercredi 10 septembre prochain.
D’autres secteurs d’avenir, comme le numérique et le tourisme, seront également explorés.

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à la XIXe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris (CAAP 19),
dédiée au thème :

« MINES, TOURISME, NUMÉRIQUE… :
LA NOUVELLE DONNE DE L’ESSOR DE LA GUINÉE CONAKRY »

MERCREDI 10 SEPTEMBRE 2025,

de 17 h 00 (accueil dès 16 h 15) à 19 h 00,
puis cocktail VIP de réseautage dans un lieu parisien à préciser .

UN PANEL PRESTIGIEUX
(en cours d’élaboration)

> Son Excellence Senkoun SYLLA, Ambassadeur de GUINÉE à Paris, a déjà confirmé sa participation, ainsi que
> M. Patrick SEVAISTRE, Professeur à SciencesPo Executive, CCEF, Expert Afrique centrale du CIAN.

> D’autres personnalités éminentes, françaises et guinéennes, sont attendues. Nous vous en informerons à mesure de l’enrichissement du panel.

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> DECOUVREZ ICI L’AGENDA PRÉVISIONNEL DE NOS CONFÉRENCES DES AMBASSADEURS (CAAP) POUR LA SAISON 2025-2026

> RETROUVEZ ICI TOUS LES REPLAYS ET ARTICLES DE NOS CAAP

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