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Veille Penser-Agir / Ipemed-La Verticale, Cahier 38 : Pour une politique agricole partagée, outil d’une souveraineté agricole solidaire Afrique-Europe

5 décembre 2020
Veille Penser-Agir / Ipemed-La Verticale, Cahier 38 : Pour une politique agricole partagée, outil d'une souveraineté agricole solidaire Afrique-Europe
Dans son étude « Les échanges agroalimentaires Europe- Afrique au service du codéveloppement », publiée par Ipemed/La Verticale (Cahier 38), l’économiste Flé Doumbia argumente pour une politique agricole coordonnée entre les deux Continents, en se fondant sur les flux existants de produits pour projeter l’élaboration de « préférences eurafricaines ».

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Synthèse de l’étude « Les échanges agroalimentaires
Europe- Afrique au service du codéveloppement »
par Flé DOUMBIA
Ingénieur et économiste franco-ivoirien,
Directeur de We Trade
In Cahier N° 38 d’Ipemed/La Verticale (nov. 2020)
Téléchargeable gracieusement ICI

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Dans un contexte économique mondial en pleine mutation avec le Brexit, l’émergence de nouveaux acteurs, la remise en cause du multilatéralisme… l’Europe et l’Afrique doivent réinventer leur coopération pour l’adapter à l’évolution du monde et la rendre mutuellement bénéfique.

Nous présentons une analyse appelant à une nouvelle politique de développement en Afrique, dédiée à l’amélioration de la situation des PMA (Pays les moins avancés) en s’appuyant sur les échanges agroalimentaires, ainsi que l’organisation et la transformation des filières agricoles sur place.

Pour cela, nous proposons un groupe de 3 filières (le cacao, le coton, la banane), issues d’une étude portant sur 14 productions agricoles exportées vers l’Europe et présentées dans la suite. Cette analyse s’inscrit dans un cadre plus global de la souveraineté et l’autonomie des échanges agroalimentaires entre les deux continents.

Importance de l’agriculture
dans l’économie africaine

Avec 25 % du PIB du continent africain, et près de 60 % de la main-d’œuvre occupée, le secteur agricole et son corollaire, l’agro-industrie, constituent des piliers du développement économique pour l’Afrique. Ils contribuent aux solutions de la lutte contre la pauvreté, la sécurité alimentaire, la création de millions d’emplois et l’amélioration substantielle du pouvoir d’achat des populations, notamment en milieu rural, trop longtemps délaissé au profit de l’urbanisation.

Selon une publication de 2014 de l’AGRA (Alliance for Green Revolution in Africa), 80 % des exploitations agricoles en Afrique subsaharienne emploient 175 millions de personnes.

D’autre part, l’absence en Afrique d’une industrie agroalimentaire de transformation sur place participe aux coûts élevés des importations de produits alimentaires transformés, et au déficit chronique de la balance commerciale de ce secteur.
Parmi les défis du secteur agricole africain, il y a principalement : la transformation sur place par l’industrialisation, la création d’emplois, la sécurité alimentaire, la mobilisation des financements, l’adaptation aux changements climatiques, avec la pratique d’une agriculture durable.

Une nouvelle politique en faveur des PMA
en Afrique est nécessaire

Les PMA (Pays les moins avancés), sont une catégorie de pays créée en 1971 par l’ONU (Organisation des Nations unies). Ils bénéficient d’une attention particulière de la communauté internationale, du fait de leur vulnérabilité économique, plus de la moitié de leur population vivrait avec moins de 1,25 dollar par jour.

61 % des pays africains sont des PMA et constituent la grande majorité du groupe mondial de cette catégorie de pays. Ils font l’objet de mesures commerciales avantageuses de la part de l’Europe, telles que le SPG (Système de préférences généralisées), qui dans sa composante TSA (Tout Sauf les Armes), leur concède l’accès au marché européen sans droit de douane.

Ces mesures ne produisent cependant pas les résultats escomptés, en raison de la faiblesse de l’offre des PMA dans les exportations africaines vers l’Europe, une offre constituée de produits non transformés et à faible valeur ajoutée.
Durant les différents accords successifs de coopération avec l’Afrique (Accords de Lomé, puis de Cotonou), ils ont été les parents pauvres du commerce entre l’Afrique et l’UE et les perdants de ce secteur. Ils n’en représentent que près de 9 % (Exportations + Importations).

Il est donc nécessaire de mettre en œuvre une politique appropriée pour améliorer leur situation. Cette action devrait porter en priorité sur un appui à l’organisation et la transformation des filières agricoles en Afrique. Elle devrait avoir pour résultats, entre autres : une amélioration de l’industrie agroalimentaire sur place, un accroissement des recettes des États à l’exportation, une amélioration du pouvoir d’achat des populations, apporter plus d’efficacité dans la lutte contre la pauvreté en Afrique et indirectement contre le terrorisme potentiel.

Choix d’un échantillon de trois filières agricoles
exportées d’Afrique vers l’Europe

Nous choisissons trois filières importantes dans les exportations africaines vers l’Europe : le cacao, la banane et le coton. Elles sont essentielles pour les PMA et représentent près de 36 % des exportations agricoles du continent.

Elles sont issues d’un groupe de 14 filières agricoles identifiées dans l’étude qui suit pour IPEMED/La Verticale. Ce groupe représente près de 60 % du total des exportations agricoles de l’Afrique vers l’Europe. En moyenne pour ce groupe des 14, et par filière, près de 51 % de PMA africains en sont exportateurs.

D’autre part, du fait de leur faible taux de transformation, ce groupe des 14 rapporte de faibles recettes aux États et ne représente en valeur qu’environ 8 % du total des exportations africaines vers l’Europe, loin derrière les secteurs des hydrocarbures, des produits miniers ou autres matières premières brutes qui constituent la majeure partie des exportations africaines.

On notera pour ces trois filières (cacao, banane, coton) que l’Afrique du Nord, portée par l’Égypte, est le principal fournisseur de coton à l’Europe, tandis que la CEDEAO (Afrique de l’Ouest), zone à un fort taux de PMA parmi les régions africaines traitées, est le premier fournisseur africain de cacao et de banane à l’Europe.

En appliquant une nouvelle approche à ces trois filières, on toucherait de nombreux PMA, on apporterait plus de valeur ajoutée à leurs exportations vers l’Europe avec des recettes appropriées, et l’expérience acquise dans l’organisation et la transformation pourrait être répliquée à d’autres filières ou secteurs, et avec d’autres pays ou zones géographiques africaines.

Souveraineté et autonomie des échanges
agroalimentaires UE-Afrique

La démarche mettant les échanges agroalimentaires entre l’Europe et l’Afrique au service du codéveloppement en Afrique devrait s’inscrire dans une réflexion plus globale, portant sur la souveraineté et l’autonomie des échanges agroalimentaires bénéfiques aux deux continents.

En effet, la création récente de la ZLECAF (Zone de libre-échange continentale africaine), laisse entrevoir l’évolution de l’Afrique comme un marché de plus de 1,2 milliard de personnes, qui suscite un intérêt de toutes les autres zones mondiales : Asie, Amérique du Nord ou du Sud… Il est donc raisonnable de s’interroger sur la possibilité de créer à terme une zone de libre échange comme le suggère la Présidente de la Commission Européenne, et quelles pourraient en être les modalités. Divers schémas sont envisageables, dont celui des « Préférences eurafricaines », à l’instar des préférences communautaires qui ont fondé le socle du « Marché commun agricole » de l’UE à ses débuts.

Les résultats de nos travaux présentés dans cette note sur l’analyse de 20 filières agroalimentaires ont montré que deux points majeurs sont à prendre en compte : une volonté politique des autorités européennes et africaines, et une capacité productive des deux zones à satisfaire les besoins mutuels dans les secteurs agricoles et agroalimentaires.

Nous avons pu constater dans cette analyse que par exemple l’Europe avait besoin d’accroître sa productivité dans les secteurs du blé et du sucre pour satisfaire les besoins de l’Afrique face à la concurrence russe ou nord-américaine, tandis que du côté africain, l’amélioration de sa productivité est une condition pour contrebalancer la concurrence asiatique ou sud-américaine sur le marché européen, dans plusieurs secteurs dont par exemple celui du coton, de la banane, ou du café.

L’analyse qui suit, réalisée pour IPEMED et La Verticale AME, est construite autour de la problématique suivante :

Parmi les principaux produits agricoles tropicaux et équatoriaux (nous en avons retenu 14 principaux), que produit l’Afrique et quelle est sa place dans les importations de l’UE par rapport à l’Amérique du Sud et à l’Asie ?

Parmi les principaux produits agricoles et agroalimentaires des zones tempérées Nord, quelle est la place de l’UE dans les importations africaines par rapport aux importations venant d’Amérique, de Russie, de Chine ?

Au total, peut-on imaginer à terme une Politique agricole africaine et européenne commune (PAAEC) dans laquelle l’Afrique achèterait préférentiellement à l’Europe les produits agroalimentaires de l’hémisphère tempéré Nord ? et où l’Europe achèterait préférentiellement à l’Afrique les produits agroalimentaires venant des zones tropicales et équatoriales ?

Recommandation
La coopération agricole et agroalimentaire entre l’Europe et l’Afrique a besoin d’un nouveau souffle pour faire face aux nouveaux défis, tels que les crises migratoires ou autres.
Le secteur de l’agro-industrie offre de réelles opportunités à saisir et notre analyse apporte quelques pistes. C’est la raison pour laquelle, à l’aube du nouvel accord post-Cotonou, nous recommandons d’approfondir cette réflexion, dans le cadre des travaux de la fondation La Verticale AME (Africa Med Europa).

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