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Veille Penser-Agir / « Simplexité » et « Industradition » : les deux néologismes de Neofarming Africa pour réinventer les filières agro-agri en Afrique

28 novembre 2020
Veille Penser-Agir / « Simplexité » et « Industradition » : les deux néologismes de Neofarming Africa pour réinventer les filières agro-agri en Afrique
Comment faire pour nourrir une population africaine qui va doubler en une génération pour atteindre 2,5 milliards d’individus ? C’est à une révolution conceptuelle, cognitive et opérationnelle qu’invite Bertrand BARRÉ, promoteur du projet collaboratif Neofarming Africa, qui vise à faire émerger une filière agri adaptée aux différents territoires africains.

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par Alfred MIGNOT, AfricaPresse.Paris (AP.P)
@alfredmignot | @PresseAfrica

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Refonder la filière agri en Afrique… Cette ambition immense se fonde pourtant sur une idée « basique », si l’on ose dire : commencer par la connaissance du terrain. Aller pour cela puiser sur place, à la base, les intelligences des savoir-faire traditionnels, les dits et non-dits des comportements ancestraux sur lesquels sont construits les écosystèmes des communautés africaines, puis de confronter tout cela aux outils de la modernité, numérique et autre, et d’en extraire le meilleur, en termes d’hybridation, pour un avenir à la fois plus efficient et plus humain… en commençant par le secteur éminemment stratégique de l’agro-agri, car il faudra bien, avant tout, nourrir les 2,5 milliards d’Africains attendus dès la prochaine génération, d’ici à 2050…

Comment faire ? Tout n’est qu’une question de méthode, croit-on comprendre à écouter le brillant Bertrand Barré, cofondateur et PDG du Groupe Zebra, basé en région lyonnaise, fabricant d’idées neuves qui se revendique « pionnier dans la conduite de projets d’innovation » et fonde son expertise sur la « pensée hybride », une « plus grande synergie des expertises » ainsi qu’une approche unique, « centrée sur l’humain »…

C’est avec ces mots-là – d’autres diraient « éléments de langage », mais ce serait faire insulte à la sincérité flagrante du personnage, qui parle aussi beaucoup avec les mains… – que Bertrand Barré a d’emblée captivé l’auditoire d’une vingtaine de journalistes de France et d’Afrique, lors de sa conférence de presse organisée mardi 24 novembre, dans le cadre digital des Rencontres Africa 2020, et au cours de laquelle il a présenté l’ambitieux projet Neofarming Africa.

Bertrand Barré : « Le propos de Neofarming Africa est d’implanter des chaînes de valeur complètes par et pour l’Afrique ». © Capture APP

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« Implanter l’agri-business africain
dans la chaîne de valeur mondiale »

Après avoir évoqué l’importance du secteur agricole en Afrique – il concerne 60 % de la population – ainsi que l’intensification du stress hydrique et des besoins de nourriture d’une population en très forte croissance, Bertrand Barré explique l’objectif et la méthode Neofarming Africa, qui se veut la quête d’un « mode d’innovation collaborative autour de solutions qui concerneront la production, la transformation et l’exploitation de l’agri et de l’agro-business. Donc pas seulement une production vivrière mais aussi, pourquoi pas, une diversification vers l’agri-pharmacie, l’agri-cosmétique, l’agro-alimentaire ».

« Le propos de Neofarming Africa n’est certes pas d’implanter des nouveaux outils de production, mais de rebâtir des modèles complets et des chaînes de valeur complètes par et pour l’Afrique, d’implanter l’agri-business africain dans la chaîne de valeur mondiale », souligne encore Bertrand Barré.

Mais, fait-il mine de s’interroger, que viennent faire des Français dans un projet si ambitieux, en Afrique ? Il explique que « l’originalité de la démarche, c’est notre savoir-faire en matière d’innovation. Nous allons partir des usages et non pas des technologies (…) de la connaissance des écosystèmes, du tissu social, des modes de vie de l’Afrique (…) avec une approche systémique à 360 degrés de prise de connaissance de l’ensemble des acteurs disponibles. Cela n’a jamais été fait de cette manière, [et] notre maîtrise, c’est le management du programme Innovation, ce que nous faisons depuis trente ans. »

« Simplexité » et « Industradition » : le sens des mots…

Mais comment « Innover juste et non pas juste innover* ? » Pour Bertrand Barré, le bon cheminement est celui de « la simplexité, une méthodologie simple pour gérer la complexité. Plus les problèmes ont l’air globaux, on se dit que c’est complexe… Mais non, c’est juste plus large. Et nous, en spécialistes de l’innovation, nous savons qu’il faut partir à 360 degrés, bien couvrir tous les phénomènes en amont pour ne retenir qu’un angle d’attaque : celui de la simplexité. Amener de la simplicité, ne veut pas dire basicité. C’est de la simplicité d’accès à des technologies, des savoirs ou des comportements. C’est l’attention portée à l’usage et à la réalité du terrain qui permet cela. »

C’est aussi l’attention précieuse portée « au terrain » qui semble aussi inspiré cet autre néologisme de concept, celui de « l’industradition ».
Écoutons encore Bertrand Barré :
« Notre objectif n’est pas d’industrialiser des populations qui ne vivent pas dans l’industrie, ce serait ridicule. Nous sommes là pour faire de “l’industradition”, c’est-à-dire intégrer des nouveaux modèles agricoles qui respectent la tradition. Cela se fera par de petites exploitations dont on déterminera le niveau de rentabilité et le modèle économique.
Peut-être que cette "industradition’’ permettra d’industrialiser l’exploitation, mais elle devra permettre le système de production artisanal de tradition.

Car l’idée n’est pas d’implanter uniquement des entreprises gigantesques en Afrique. En revanche, nous pensons qu’avec les cinq à sept preuves de concept que nous allons faire, nous aurons un mariage entre ces agglomérations d’unités traditionnelles et bien sûr, dans certains business, des modes industriels, bien sûr. Parce que quand on est le leader mondial de la fève de cacao, on n’envisage ni les mêmes problèmes ni les mêmes solutions industrielles que quand on doit réintroduire la polyculture dans telle ou telle région pour sauver les sols. »

Bertrand Barré : « Il y a donc aussi un enjeu de revalorisation de toute cette filière qui est le fondement de la structure sociale. » © Capture APP

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Motiver la jeunesse pour les multiples
métiers de la filière agri

Dernier « point fondamental » évoqué par le dirigeant du Groupe Zebra :
motiver les jeunes. « Nous voulons prouver à la jeunesse que ces métiers [de la filière agri] sont des métiers d’avenir (…) dans l’agri business africain, il y a des métiers de marketeurs, du commerce, du financement, de l’assurance, de la pharmacie, la cosmétique… et pas seulement l’agriculture vivrière. Il y a donc aussi un enjeu de revalorisation de toute cette filière qui est le fondement de la structure sociale. »

La philosophie et la méthode d’ensemble du projet étant posées – et certains pourront reconnaître dans la “simplexité” les traces d’une pensée « hybridée », inspirée à la fois par Edgar Morin (la pensée complexe), Frédéric Le Play, l’un des inventeurs au XIXe de l’école française de sociologie (fondée notamment sur l’observation des droits coutumiers, à la différence de l’école allemande, dite “idéologue” ), voire un zeste de Mao Zedong (cf. “Le petit livre rouge”, fameux dans les années 1960 et aujourd’hui tombé dans l’oubli, selon lequel tout doit venir de la base (le “penser collectif”)… – le “bottom up” d’aujourd’hui.

Un projet en trois temps

Reste maintenant à passer de la pensée à l’action… et cela aussi a été pensé par les porteurs du projet Neofarming Africa, qui articulent le projet en trois phases essentielles, ainsi que le précise le communiqué de presse :

1 - Début 2021, le mouvement débutera par le lancement d’une vaste étude centrée sur les réalités sociaux-économiques et les usages, prenant source sur le terrain, et par une approche systémique, intégrant l’ensemble des parties prenantes dans la définition de nouveaux modèles pour l’agribusiness africain.

2 - Une deuxième phase nous permettra d’analyser les opportunités et de réaliser un décryptage, d’une part, des solutions potentielles les
plus adaptées aux différents territoires africains étudiés, et d’autre
part, des alliances stratégiques nécessaires et des moyens à engager
dans chaque projet ainsi que leur ROI (retour ur investissement) à moyen terme.
À l’issue de cette deuxième phase, nous établirons les cahiers des
charges pour 5 à 7 projets avec une redéfinition des chaînes de valeur, travail préparatoire pour dé-risquer les investissements dans ces startups.

3 - Enfin, à l’horizon 2022, la phase 3 verra la mise en place de 5 à 7
preuves de concepts (P.O.C)
avec pour objectif de vérifier l’impact sur
l’économie locale, la scalabilité des modèles avant déploiement à
plus grande échelle, soutenues par des fonds d’investissements ou
des industriels partenaires.

EN SAVOIR PLUS, PARTICIPER, S’ENGAGER

neofarming.fr

groupezebra.com

CONTACT
Diana TANHCHALEUN
dtanhchaleun@groupezebra.com

 Innover juste pas juste innover » : titre du dernier ouvrage de Bertrand Barré, dédié au management de l’innovation (octobre 2020).

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