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Veille Culture / Le maître du « street art » JonOne à Dakar : « Je veux faire rêver toute l’Afrique ! »

18 novembre 2020
Veille Culture / Le maître du « street art » JonOne à Dakar : « Je veux faire rêver toute l'Afrique ! »
Le célèbre maître du « street art », l’Afro-Américain JonOne, vient d’inaugurer une exposition des plus originales au Musée des Civilisations noires de Dakar, organisée par les deux jeunes fondateurs de la galerie ivoirienne Art Time. Un superbe événement culturel, qui fait le « buzz » sur la toile et où se presse le Tout-Dakar. Reportage.

Dakar, de notre envoyé spécial Bruno FANUCCHI
@PresseAfrica

En Afrique de l’Ouest, le « marché de l’art » est en plein essor et deux jeunes galeristes d’Abidjan, Guillaume Studer et Alix Panizzoli, qui avaient déjà invité JonOne dans la capitale économique ivoirienne en février dernier pour une première expo en terre africaine, viennent de récidiver en réussissant l’exploit (car c’en est vraiment un !) de le faire venir cette fois-ci à Dakar.
Sous le parrainage du Président sénégalais Macky Sall, le vernissage vient de se dérouler au Musée des Civilisations noires qui, fermé en mars dernier pour raisons sanitaires, rouvrira officiellement ses portes le 6 décembre prochain, deux ans jour pour jour après son inauguration. Et le public afflue déjà pour cette première expo temporaire haute en couleurs.

JonOne au Musée des Civilisations noires, à Dakar, où a été organisée son expo, « Heritage ». © © Thomas Maurel (Thomson MRSK Production)

Intitulée « Héritage », cette exposition – qui se poursuit toute la semaine jusqu’au 22 novembre – permet de découvrir et d’apprécier les talents de cet artiste de renom, devenu une star très cotée dans son domaine, avec une vingtaine de toiles très colorées, une dizaine de planches de surf (fabriquées spécialement par l’atelier ivoirien The West Factory) et même une pirogue traditionnelle de pêcheurs, taguée pour l’événement, et qui a déjà trouvé preneur. Car le succès est au rendez-vous.

Né à Harlem il y a 56 ans, cet Afro-Américain originaire de la République dominicaine et fier de ses racines, s’est lancé dès l’âge de 16 ans dans l’art du graffiti dans le métro de New York. Depuis une trentaine d’années, il vit en France (entre La Rochelle et son atelier en région parisienne), mais c’est en 2020, l’« annus horribilis », qu’il finit par découvrir l’Afrique noire et s’y trouve très à l’aise.

JonOne pendant la cérémonie du vernissage. © Thomas Maurel (Thomson MRSK Production)

Laissons parler l’artiste… pour mieux nous expliquer et comprendre sa passion.

« Nous devons tous quelque chose à l’Afrique. C’est pourquoi Héritage est venu tout naturellement. C’est ma connexion avec l’Afrique, avec mes racines caribéennes aussi. Il y a une grande histoire d’esclavage là-bas. Je suis ici au Sénégal, pas loin de l’île de Gorée. Cela a du sens pour moi. Nous sommes tous des Africains »,

souligne-t-il en laissant éclater sa joie, comme un enfant, de créer ainsi l’évènement en ce temps de pandémie et de confinement.

« Cela va rendre tous mes amis
jaloux aux États-Unis »

« Avec le Covid 19, personne ne fait d’exposition aujourd’hui, mais moi je suis à Dakar et cette expo fait un buzz énorme. Quand j’ai su que j’allais exposer ici, Waouh ! »,

s’exclame-t-il avant d’ajouter :

« Au Musée des civilisations noires, au Sénégal, c’est un grand honneur et cela va rendre tous mes amis jaloux aux États-Unis ».

Le maître du « street art », qui a connu bien des galères avant d’être exposé dans les plus grandes galeries, de Berlin à Tokyo, ne boude pas son plaisir. Comme une revanche prise sur l’histoire et ses débuts bien difficiles dans les rues de New York.

« Ma vie, c’est magique. Ma vie, c’est un voyage, ça bouge. Je ne peux pas m’arrêter pour faire quelque chose de figuratif, il faut que ça bouge car il y a une formidable énergie derrière mon travail », confie-t-il en vous posant tout de go la question : « Comment vas-tu remplir l’espace vide dans ta vie ? »

JonOne graphant des planches de surf… © Thomas Maurel (Thomson MRSK Production)

Pour enchaîner, en vous donnant aussitôt son exemple à l’origine de son insolente réussite :

« Moi, j’avais cet ennui à New York et je l’ai rempli avec plein de couleurs et avec cette peinture. Beaucoup de gens qui s’ennuient passent leur temps sur Internet ou à consulter de manière non-stop leurs e-mails. Moi, j’ai passé cet ennui en dessinant et en allant dans les musées pour me cultiver. C’est tout cela qui m’a fait voyager. »

Avant d’ajouter :

« J’ai fait beaucoup de choses dans ma vie, et beaucoup d’expositions en Chine, aux États-Unis, en Europe… mais ce dont je suis le plus fier, c’est d’exposer ici. »

Cet artiste hors pair, dont l’actuel succès pourrait tourner la tête, n’oublie pas le milieu de la rue d’où il vient et veut toujours donner un sens concret à chacune de ses œuvres et de ses déplacements dans le monde entier. D’où cette démarche de formation en allant, à chacune de ses étapes, à la rencontre de la jeunesse et des artistes pour échanger et apprendre aussi beaucoup à leur écoute.

… et une pirogue… © Thomas Maurel (Thomson MRSK Production)

À Dakar, il a ainsi rencontré de nombreux jeunes et Docta l’un des pionniers du « street art » qui a fondé, au Sénégal, le premier Festival de graffitis en 2009, et se revendique comme le « premier graffeur de l’Afrique » car, explique-t-il, « on a lutté pour que le graffiti soit reconnu et respecté comme un art »

« Les artistes africains me faisaient toujours rêver en matière de liberté d’expression », renchérit d’ailleurs JonOne, en avouant son admiration pour tous les jeunes talents issus du « Pays de la Téranga », la légendaire hospitalité sénégalaise. « J’ai toujours respecté les artistes du Sénégal. À Paris, je partageais mon premier atelier avec une Sénégalaise », se souvient-il, en rappelant sa participation à l’exposition « Magiciens de la Terre » organisée dès 1989 au Centre Pompidou, à Beaubourg, qui a révélé beaucoup d’artistes alors inconnus.

« Sa cote monte, il faut
acheter tout de suite… »

Même dans le Sud, au Soleil de Dakar, JonOne – de son vrai nom John Andrew Perello – ne perd pas le Nord. « JonOne, ça monte, sa cote monte ! Il faut acheter tout de suite à Dakar… », s’empresse-t-il ainsi d’ajouter avec un brin d’amusement. Très cotées, ses œuvres s’arrachent en effet comme des petits pains. Car il y met toute son âme et son énergie. C’est devenu sa raison de vivre.

… qui figure en bonne place à son expo « Heritage » au Musée des Civilisations noires de Dakar. © Johnson Mbengue

Fondateur de la galerie Art Time avec son associée Alix Panizzoli, Guillaume Studer (qui n’a que 26 ans) nous donne quelques éléments d’appréciation :

« Sur le marché de l’art, ses œuvres ont aujourd’hui une cote au centimètre carré. Ses grandes toiles valent ainsi de 19 000 à 30 000 €, une planche de surf 5 700 € et la pirogue que vous voyez vient de partir pour 12 millions de Francs CFA (soit environ 18 000 €).

JonOne a des demandes de galeristes beaucoup plus prestigieux et connus que nous, mais il nous a fait confiance quand nous l’avons rencontré il y a un an à New York pour venir exposer en février en Côte d’Ivoire. Puis aujourd’hui à Dakar en nous disant tout simplement : “Ok pour Abidjan, ces deux jeunes-là, ils en veulent, ils ont la niaque”. Nous lui tirons, Alix et moi, notre chapeau et le remercions de nous avoir fait confiance ».

« Je ne fais pas des graffitis pour faire des graffitis »,

reprend alors JonOne,

« mais pour donner un sens à ma vie, faire partager ma joie, mon enthousiasme et mon énergie à tous ceux que je rencontre. En ce temps de pandémie, le monde a besoin d’un surplus de liberté et de légèreté. Moi, c’est la couleur qui m’excite.
Je veux redonner la pêche et de l’énergie à tous ceux qui m’entourent ou apprécient ce que je peins, surtout en cette période de Covid, où tous les événements sont annulés ». Avant d’ajouter : « Mon prochain rêve, c’est d’aller au Mali, au Pays Dogon. Je veux faire rêver toute l’Afrique ! ».

JonOne posant devant le Musée des Civilisatons noires de Dakar, où il est fier et heureux d’exposer son œuvre. © © Thomas Maurel (Thomson MRSK Production)

Il a ainsi graffé la Rolls Royce d’Éric Cantona qui s’est vendue 125 000 €, entièrement reversés à la Fondation Abbé Pierre. Car l’enfant de Harlem n’a jamais oublié les pauvres. Derrière lui, il laissera également – témoin de son passage à Dakar – ce mur de 70 mètres de long peint en deux jours aux couleurs vert, jaune, rouge du Sénégal, comme un cadeau au Musée qui l’a si bien accueilli… en Héritage !

En savoir plus : www.arttime.fr

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