VIe Ambition Africa / Sophie PRIMAS, ministre du Commerce extérieur : « Concevoir et produire ensemble avec l’Afrique »
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Par Denis Deschamps pour AfricaPresse.Paris (APP)
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Les responsables opérationnels de Business France pour l’Afrique, Michel Bauza pour l’Afrique du nord et Marc Cagnard pour l’Afrique sub-saharienne, ont ainsi fait état des résultats extrêmement satisfaisants de cette VIe édition d’Ambition Africa, ouverte le 19 novembre par le Directeur général délégué Export de Business France, Didier Boulogne, et par la ministre du commerce extérieur, Sophie Primas.
Dans un contexte post-covid19 encore perturbé, ceux-ci ont rappelé que l’Afrique constituait en effet un réel continent d’opportunité pour les 3 000 entreprises françaises qui se projettent dans 30 pays du continent.
Selon la ministre Sophie Primas, l’Afrique représente en fait un ensemble d’opportunités majeures pour la France, qui doit, pour sa part, aussi s’attacher à diversifier ses approvisionnements grâce à des partenariats renforcés, tant dans le domaine agricole que pour l’industrie (par exemple, le secteur automobile avec le Maroc qui produit 700 000 véhicules par an, à 14 kilomètres de l’Europe, via le port de Tanger).
Comme l’a souligné la ministre dans son allocution d’ouverture, ce partenariat France - Afrique visant à « concevoir et produire ensemble », doit pouvoir également intégrer la préoccupation de lutte contre le changement climatique, passant par une plus grande implication des entreprises et le partage de technologies pour pouvoir effectivement « faire ensemble ».
Également, le soutien à l’« émergence des talents au sein de la jeunesse africaine » moyennant des dispositifs comme l’École 42 et les Orange Digital Centers. Sophie Primas a enfin rappelé, avant de conclure, qu’« il est important d’investir dans le capital humain pour soutenir le co-développement » qui contribuera, in fine, à rendre « la France attractive pour des investisseurs africains ».
L’Afrique constitue donc bien une priorité pour les entreprises françaises, avec un dispositif Business France qui, comme exposé par Marc Cagnard, couvre 7 pays en Afrique sub-saharienne, avec des experts sectoriels (par exemple, dans la filière des agro-technologies…) qui accompagnent (individuellement et aussi dans le cadre de missions collectives) 2 300 entreprises françaises par an dans la mise en relation et la conclusion de partenariats avec des entreprises africaines.
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En Afrique du nord (Maroc, Algérie, Égypte, Tunisie, Libye), 700 entreprises françaises sont également accompagnées – sur un total de 1 500 filiales implantées, dont 1 000 au seul Maroc – chaque année par les équipes de Business France, qu’il s’agisse de la participation à des salons ou de rendez-vous d’affaires.
Aussi, Michel Bauza a précisé que des entreprises tunisiennes et marocaines investissent en France, comme d’autres entreprises du continent, qui ont aujourd’hui plus de 1 400 filiales en France, représentant au total 15 000 emplois (L’Afrique se situant à 4 % des IDE – investissements directs étrangers – en France, dont une part provenant d’Afrique du sud).
C’est pourquoi l’édition 2024 d’Ambition Africa se traduira nécessairement, selon Marc Cagnard et Michel Bauza, par la conclusion de partenariats générateurs de chiffre d’affaires et d’emplois additionnels ; étant entendu que Business France va assurer un suivi opérationnel d’environ 2/3 des rendez d’affaires organisés dans le cadre des deux jours de cet événement.
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Le plus grand événement
d’affaires de Business France
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Avec 110 intervenants et un nombre conséquent de rencontres d’affaires organisées dans le cadre d’Ambition Africa – selon Marc Cagnard, il s’agit du « plus important événement de Business France en France » – , de nombreux enjeux et défis ont été abordés et discutés avec les participants, parmi lesquels la mise en place de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) dans les 48 sur 54 pays ayant ratifié un accord qui, selon son Secrétaire général, Wankele Mene, fera de « l’Afrique le continent le plus compétitif d’ici vingt à trente ans »…
Aussi, la gestion des talents passant par le renforcement du capital humain dans tous les secteurs (par exemple, avec les IFAD – Instituts de formation en alternance pour le développement, présentés par Abdul Fahd Fofana, ministre de l’inclusion et de la jeunes du Togo) avec le développement des industries culturelles et créatives (le ministre du tourisme, de la culture et des arts du Bénin, Jean-Michel Abimbola a ainsi vanté Cotonou comme étant « l’épicentre de l’économie créative en Afrique » avec le développement notamment du gaming et la création de 4 musées… ) et de l’intelligence artificielle, le développement des infrastructures (en particulier, les réseaux de transport permettant d’éviter la congestion des villes, ainsi que l’a souligné Thierry Déau, de MERIDIAM) et la souveraineté alimentaire (avec des pôles agro-alimentaires permettant d’accompagner les petits producteurs locaux, comme exposé par Karim Aït Talb de GEOCOTON)…
Mais surtout, le sujet du dérèglement climatique et de ses conséquences pour l’Afrique et ses populations vulnérables a été traité et développé dans le cadre des discussions sur l’économie africaine de demain, qui doit pouvoir se fonder sur une croissance durable et inclusive. La ministre de l’économie et des finances du Maroc, Nadia Fettah a ainsi tout particulièrement insisté sur la nécessité d’avoir une « vision à long terme reposant sur des États sociaux » qu’il faut bâtir grâce à des populations éduquées et des économies diversifiées par le partenariat public-privé (notamment dans le domaine des énergies renouvelables permettant d’accélérer la transition énergétique), dans le respect des grands équilibres macro-économiques.
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Transition écologique
et vision à long terme
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Pour éviter que le continent paye un jour le prix très élevé du changement climatique, la transition écologique vers une trajectoire de développement à bas carbone est ainsi une obligation d’autant plus grande que des potentiels immenses existent en Afrique, tant dans le domaine de la géothermie que de l’éolien et surtout du solaire.
À Djibouti, dans l’attente de l’installation d’une centrale éolienne de 60 MW et d’une décision concernant un projet solaire de 30 MW, la population installe ainsi, de sa propre initiative, des panneaux solaires individuels, dont les coûts ont énormément baissé.
Le climat est en fait l’un des paramètres de l’amélioration du climat des affaires par la mise en œuvre de bonnes pratiques sur le continent africain. En effet, comme l’a souligné Abdelmalek Alaoui, PDG de GUEPARD GROUP (Maroc), si la question de « l’équilibre climatique » n’est pas bien prise en compte dans une démarche de co-construction de partenariats sur le long terme entre l’Afrique et l’Europe, l’impact du dérèglement climatique sur les populations les plus vulnérables risque de s’amplifier fortement, avec la migration économique / climatique pour conséquence visible.
Il importe donc pour l’Afrique de trouver les meilleurs investisseurs qui lui permettront de développer ses chaînes de valeur en lien avec des partenaires locaux, de valoriser les compétences locales et de soutenir le développement d’entreprises et de projets à impact positif pour l’environnement.
C’est pourquoi, comme évoqué avec Cynthia Gnassingbe-Essonam (voir ici notre entretien exclusif), chargée du secteur privé au secrétariat de la ZLECAf, cet accord aujourd’hui uniquement focalisé AFCFTA sur le commerce devra bientôt intégrer des considérations climatiques, dans le cadre d’un protocole additionnel dont la discussion est en vue et la mise en place est à prévoir.
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