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VIe Ambition Africa / Habib IYA : « En six ans, le port autonome de Kribi a déjà cumulé près de 305 millions d’euros d’IDE »

1er décembre 2024
VIe Ambition Africa / Habib IYA : « En six ans, le port autonome de Kribi a déjà cumulé près de 305 millions d'euros d'IDE »
M. Habib IYA, représentant du Port camerounais de Kribi, lors de la VIe édition Ambition Africa à Paris-Bercy. Photo © B.F.
Représentant du Port autonome de Kribi, Habib IYA était présent pour la première fois à Paris-Bercy pour mettre en valeur les opportunités d’affaires qu’offre le Cameroun en général et cette plateforme portuaire en particulier, pour l’exportation de minerai de fer. Entretien.

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Propos recueillis par Bruno FANUCCHI pour AfricaPresse.Paris (APP)
@africa_presse

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APP – Commençons par faire un rapide état des lieux du transport maritime au Cameroun…

Habib IYA - Le Cameroun a la particularité d’être l’un des trois pays sur la côte ouest-africaine qui revendique d’avoir deux ports maritimes de premier plan. Nous avons le port historique de Douala, qui fait environ 15 millions de tonnes à l’année, et depuis six ans un nouveau venu, le port de Kribi, qui offre d’autres possibilités. Au Cameroun, nous avons a peu près 400 km de littoral maritime, mais ces deux ports sont désormais bien implantés et se partagent aujourd’hui le trafic.

Douala, qui est notre principal port, fait en termes de trafic conteneurisé 300 000 EVP (Équivalent de conteneurs à l’année) et Kribi complète aujourd’hui cette offre avec environ 70 000 conteneurs à l’import. C’est un indicateur de performance qui permet de comparer le trafic des ports et d’en jauger le niveau d’attractivité.

APP – Vous êtes précisément le représentant de ce nouveau port de Kribi. Quels sont aujourd’hui son poids et son ambition ?

Habib IYA – Le port de Kribi porte la vision et les ambitions du Cameroun en ce qui concerne les exportations de ressources premières. Nous avons en effet des projets qui sont en train de prendre forme pour l’exportation du minerai de fer avec plusieurs accords qui viennent d’être récemment signés avec les bassins d’extraction de l’Australien Avima à Nabeda et Mbalam, dont la production – qui avoisine les 100 millions de tonnes – devrait sortir et être exportée par le port de Kribi.

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« Une Zone économique spéciale
va créer 50 000 emplois »

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APP – Mais il y a également un autre projet important lié à ce nouveau port en eaux profondes ?

Habib IYA – C’est parfaitement exact. Kribi travaille, en effet, pour la mise en place d’une Zone économique spéciale (ZES) qui devrait créer à peu près 50 000 emplois car cette zone dédiée permettra la mise en place d’usines de transformation, des usines de fabrication et des usines de montage. Ce qui nous permettrait de valoriser certaines filières de croissance. Voilà un rapide état des lieux du transport maritime et du commerce international de notre pays.

APP – Vous participez pour la première fois à Ambition Africa à Bercy. Qu’en attendez-vous ?

Habib IYA – Nous avons reçu une invitation de Business France, avec lequel nous avons aujourd’hui un bon partenariat en termes de partage d’expériences et de transfert de compétences. Nous allons ainsi travailler à la participation de quelques événements comme VivaTech, FrancoTech et cette collaboration sera optimale.

Notre présence à Ambition Africa vise à témoigner – à titre d’exemple – de l’expérience que Kribi a déjà en matière de mobilisation d’IDE (Investissements directs étrangers) car, en six d’existence, nous avons pu cumuler près 200 milliards XAF d’IDE pour nous permettre de construire la zone attenante au port. Avec, bien sûr, des capitaux français comme il y a aussi des capitaux asiatiques.
Pour nous, ce partage d’expériences et de renforcement des capacités est donc très important.

© Port de Kribi.

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« C’est la porte d’entrée sur un marché
de 60 millions d’habitants »

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APP – Il était donc important pour vous, comme pour toute la délégation du Cameroun, d’être là ?

Habib IYA – Pour cette première participation du port autonome de Kribi à ce bel événement économique, nous sommes plutôt satisfaits du niveau des échanges et du professionnalisme des panels et des rencontres car on voit bien, ici, que l’on va à l’essentiel, que l’on va droit au but.

C’est un forum très riche d’enseignements. Et qui nous a permis de bien expliquer les opportunités d’affaires qu’offre la plateforme portuaire de Kribi. Avec toujours la perspective de nouer des relations durables et mutuellement bénéfiques avec un certain nombre d’opérateurs économiques français. Il était donc important pour moi d’être aujourd’hui à Bercy.

APP – Car tout votre parcours est lié au développement de ce port…

Habib IYA – Je suis, en effet, un pur produit de Kribi car j’ai commencé à y travailler lors de sa construction et de sa mise en place. Par la suite, j’ai été chargé de lancer le département marketing et commercial, dont je me suis occupé pendant cinq ans. Avant d’être depuis deux ans représentant du port de Kribi dans la ville de Douala et dans tous les marchés de l’hinterland. Mon rôle est donc du pur business-développement pour rapprocher le port de ses bassins de consommation et de ses centres d’investissement.

APP – Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes aujourd’hui confrontés ?

Habib IYA – Comme pour tous les ports en Afrique, l’un des principaux défis concerne le pré et le post-acheminement. Car il faut bien avouer que tous les ports africains ont des difficultés en matière de connectivité, c’est-à-dire la desserte de l’hinterland, l’arrière-pays. Car Kribi, c’est la porte d’entrée sur un marché d’à peu près 60 millions d’habitants avec – au côté du Cameroun – le Tchad, la RCA et le Nord-Congo. Il faut bien que les marchandises arrivent à destination.

Nous avons ainsi des corridors de 2 400 km pour le Tchad, 1 200 km pour Bangui, la capitale centrafricaine, et à peu près 800 km pour le Congo, mais il faudrait que les routes soient à peu près en état d’accueillir ce trafic.
Nous travaillons également sur des solutions d’évacuation multimodale, comme le train pour relier Kribi à la ville d’Edéa et à notre réseau ferroviaire national, ainsi que des solutions de cabotage et de navigation à courte distance.

APP – Un dernier mot pour conclure notre entretien ?

Habib IYA – Je voudrais juste mettre l’accent sur l’importance de la digitalisation des ports et, dans ce cadre, souligner que le port de Kribi a mis en place une solution d’intelligence artificielle, souvent présentée comme une solution vraiment concrète. L’idée est ici d’utiliser les données, les transactions et la big data pour améliorer l’ingénierie décisionnelle.

Comme nous travaillons à plus de visibilité et de notoriété en Afrique comme sur la scène internationale, c’était un honneur pour le port autonome de Kribi – qui peut être demain un modèle pour bien des ports du Continent – d’être présent à ce rendez-vous de Bercy.

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