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Tribune Libre, par Charles Saint-Prot

UNESCO : l’enjeu d’une élection

22 septembre 2009 | src.LeJMed
UNESCO : l'enjeu d'une élection
Paris - L’acharnement de certains Européens à contrer l’élection de Farouk Hosni : un retour nauséabond au « choc des civilisations », et un déni de l’UPM, estime le Directeur de l’Observatoire d’études géopolitiques.

Au regard des divers rebondissements de l’élection du directeur général de l’Unesco, il apparaît très clairement aujourd’hui que la scandaleuse campagne de diffamation qui a visé le candidat égyptien, Farouk Hosni, a été un leurre, l’arbre qui cachait la forêt. En effet, cette polémique haineuse, démesurée et injuste a permis de dissimuler les manœuvres de certains milieux adeptes du choc des civilisations pour essayer d’empêcher l’élection d’un grand artiste musulman qui est connu pour son ouverture d’esprit et son sens du dialogue.

Dans ces conditions, il est inquiétant de voir que le cinquième – et dernier – tour de l’élection opposera, ce mardi 22 septembre, une candidate bulgare se réclamant d’un prétendu « front européen » à un candidat du Sud de la Méditerranée. Une telle situation est, bien entendu, inacceptable. En effet, c’est la négation même du grand projet d’Union pour la Méditerranée et, plus largement, de coopération entre les deux rives, porté depuis 2008 par la France, précisément avec la participation active de l’Egypte.

Il est clair qu’une confrontation entre une sorte de bloc « européen » et une personnalité du Sud serait le meilleur moyen de redonner un souffle à la néfaste idéologie du « choc des civilisations » que l’on croyait reléguée aux oubliettes de l’histoire avec la fin de la présidence de Bush et de son équipe de néoconservateurs.

Tel est le véritable enjeu de l’élection du prochain chef de l’Unesco. Telle est la responsabilité des 58 votants qui ont une bonne occasion de faire prévaloir les plus hauts idéaux de cette institution en élisant un homme, Farouk Hosni, dont toute l’œuvre témoigne qu’il est un militant convaincu de l’alliance des civilisations. Sa défaite serait un coup dur pour la cause du rapprochement entre les peuples du nord et du sud et elle constituerait une sorte de triomphe pour l’idéologie nauséabonde du choc des civilisations.

C’est pourquoi, il est indispensable que la candidature de Farouk Hosni rallie un grand nombre de voix de pays européens, en premier lieu la France, pour ne pas passer à côté d’une chance historique de donner à l’Unesco un directeur arabo-musulman qui symbolisera ses plus hautes aspirations en matière de dialogue entre les cultures.

Paris, le 21 septembre 2009

Charles Saint-Prot
Directeur de l’Observatoire d’études géopolitiques
Chercheur à la faculté de droit Paris Descartes
Professeur à l’Université ouverte de Catalogne

Du même auteur sur leJMed.fr : « Le Maroc a changé et progressé »

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