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Tunisie, Liban : deux illustrations de la crise économique qui va s’aggraver pour la jeunesse de la Méditerranée

8 juin 2020
Tunisie, Liban : deux illustrations de la crise économique qui va s'aggraver pour la jeunesse de la Méditerranée
Contre toute attente, l’Afrique subsaharienne mais aussi sa façade méditerranéenne et l’est du Mare Nostrum, paraissent aujourd’hui encore relativement épargnés par la pandémie de la Covid-19. Mais si le front sanitaire inquiète moins, la crise économique est désormais le principal sujet de préoccupation, d’une rive à l’autre.

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Un article de Louise THEWYS, étudiante en journalisme à l’EFJ-Bordeaux

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Ouvrant cette visioconférence dédiée au thème de « La Méditerranée à l’épreuve des crises », Benjamin Boutin, président de Francophonie Sans Frontières, rappelle une évidence géopolitique et historique que l’on a souvent tendance à sous-estimer, voire à oublier : « La Méditerranée est au carrefour de trois continents, l’Europe, l’Asie et l’Afrique » ; elle est aussi le « berceau des trois grandes civilisations monothéistes. »

Avec 430 millions d’habitants, l’espace méditerranéen totalise aujourd’hui une population comparable à celle de l’Union européenne (446 millions en 2020), mais beaucoup plus jeune, avec une grande majorité de moins de 30 ans. Cette génération, principal acteur des « printemps » tunisien et égyptien de 2011, et aujourd’hui des mouvements protestataires du Liban et d’Algérie, réclame « une inclusion sociale et sociétale », relève Emmanuel Dupuy, Président de l’Institut de prospective et sécurité en Europe (IPSE) et co-organisateur de cette visioconférence, jeudi 4 juin.

C’est dans ce contexte que deux éminentes personnalités du sud et de l’est de la Méditerranée ont été invitées à apporter leur témoignage sur la situation actuelle dans leur pays respectif : le Père et professeur libanais Salim Daccache, recteur de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, au Liban ; l’avocate tunisienne et militante des Droits humains Houda Haouami.

« Un réel désenchantement »

Au Liban, la crise est particulièrement multiple : financière, sanitaire, économique et sociale. Pour la première fois de son histoire en effet, le Liban se trouve aujourd’hui en situation de défaut de paiement, et bien sûr ses grandes difficultés économiques ont un fort « impact social », relève le professeur.
Côté Covid-19, on a assisté à une reprise de la pandémie, le Liban ayant décidé de rapatrier une partie de sa diaspora. Ainsi le gouvernement a-t-il « maintenu la mobilisation contre le Covid-19 jusqu’au 5 juillet ».
À cela s’ajoutent encore les difficultés générées par l’accueil de très nombreux réfugiés palestiniens et syriens : « 40 % des habitants du Liban [6,85 millions en 2018] ne sont pas Libanais », affirme Salim Daccache.

Répondant ensuite à une question d’Emmanuel Dupuy, le Professeur considère que la jeunesse libanaise rêve d’un pays où il y aurait moins de corruption et plus d’emploi. Un grand nombre de jeunes ont quitté le Liban afin de s’installer ailleurs, et « l’on craint que s’il y a une ouverture des frontières, cette jeunesse ne quitte le pays », avoue-t-il.
Une autre partie de la jeune génération est bien sûr déterminée à rester au Liban. « Mais au vu de l’expérience qu’elle a vécue depuis le 17 octobre, il y a un réel désenchantement », avoue-t-il.

Inculquer « le dialogue de paix »

Évoquant à son tour la situation en Tunisie, Maître Houda Haouami estime que la fermeture de ses frontières a permis à son pays d’éviter une catastrophe humanitaire. Ainsi, les nouveaux cas enregistrés sont en majorité des cas importés, immédiatement placés en confinement obligatoire, dans des hôtels ou foyers pris en charge par l’État. Mais elle révèle qu’un « effort considérable » doit être fait en Tunisie sur la « transparence » et la « bonne gouvernance ». « Pour redonner espoir, nous devons apprendre de cette crise et changer », déclare-t-elle.
Selon l’avocate internationale, le plus important est d’inculquer aux jeunes « le dialogue interreligieux » et « le dialogue de paix ». Cela leur évitera de dériver vers « le terrorisme » et « le fanatisme », espère-t-elle.

Une crise plus économique que sanitaire

Finalement, après 1 h 30 d’échanges, un consensus s’est fait jour entre les différents intervenants : d’un point de vue sanitaire, la Tunisie comme le Liban s’en sortent plutôt bien. Ce qui est problématique, c’est la crise économique qui touche les « pays du Nord comme du Sud ». Cela paraît d’autant plus alarmant que cette crise concerne au premier rang la jeunesse, qui subit des taux de chômage astronomiques – jusqu’à plus de 40 % pour les jeunes diplômés de la rive sud, mais aussi au nord, par exemple en Espagne.

L’Union européenne, qui semble sur le point de s’accorder sur une riposte groupée et d’envergure pour relancer sa propre économie, saura-t-elle saisir l’occasion pour tendre la main à ses « voisins » méditerranéens ?

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