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Toulon face à son destin métropolitain départemental avec (ou pas) Toulon Provence Méditerranée (TPM)

France | 22 juillet 2011 | src.LeJMED.fr
Toulon face à son destin métropolitain départemental avec (ou pas) Toulon Provence Méditerranée (TPM)
Toulon -

La réforme territoriale offre la possibilité aux métropoles de renforcer leur positionnement. En passant de 12 à 32 communes, Toulon Provence Méditerranée (TPM) deviendrait éligible au statut de métropole. Hubert Falco, maire de Toulon, ne veut pas se précipiter. D’autres élus prônent une accélération de la métropolisation. Le territoire toulonnais cherche sa bonne dimension.

Photo ci-dessus : Toulon vue du Mont Faron © mat2057


La spécificité napoléonienne du découpage territorial français offre l’avantage d’une plus grande qualité de services publics de proximité. Mais elle génère un handicap : à l’heure de la mondialisation, les territoires trop étriqués ne peuvent pas porter des projets suffisamment significatifs. La région Paca dispose de deux grandes métropoles régionales, Marseille et Nice, et d’une troisième, Toulon, plus petite, qui est appelée à se singulariser. Le territoire toulonnais doit donc faire des choix cruciaux d’avenir. D’où l’initiative du Conseil général du Var de tailler la métropole à l’échelle du département. Ce qui crée un émoi certain dans les 160 communes d’un département aujourd’hui encore très morcelé.

Paul Mourier, préfet du Var, a tranché. En proposant 6 intercommunalités au lieu des 15 existantes, en sifflant la fin de l’isolement des 30 communes varoises actuellement sans rattachement intercommunal (un record national) et en sabrant plus de la moitié des syndicats intercommunaux, le préfet ne fait qu’appliquer la loi sur la réforme territoriale de décembre 2010.

Depuis l’annonce, par la commission départementale de la coopération intercommunale (Cdci), du nouveau découpage, tous les regards se portent vers Toulon Provence Méditerranée (TPM) et le débat s’anime. En effet, le 17 juin, le Conseil général du Var a mis les pieds dans le plat en réclamant un « délai de réflexion » dans la mise en œuvre de la nouvelle carte et en proposant la création d’un « établissement public de coopération intercommunale recouvrant un périmètre se rapprochant le plus possible des limites actuelles du département ».
« Il s’agissait de créer une sorte d’électrochoc », a assuré le président de l’institution, Horace Lanfranchi (UMP), atteignant en effet sans mal l’objectif escompté.


Le tempo de la métropole

Il n’a pas reçu le soutien de l’homme fort du Var, Hubert Falco. « Est-ce que TPM est prête à administrer une métropole ? Aujourd’hui, la réponse est « non ». Mais le Var doit démontrer sa capacité à dessiner un territoire métropolitain, face à Nice et Marseille ». Et d’ajouter : « On ne bâtira pas un territoire sur la peur ».

Pour l’heure, donc, dans sa première version « Cdci », 32 communes sont appelées à se retrouver dans un futur TPM version large au 1er juin 2012. TPM introduirait les actuelles communautés de communes de la Vallée-du-Gapeau, de Méditerranée-Porte-des-Maures, de Sud-Sainte-Beaume, ainsi que les communes isolées de Sanary-sur-Mer, Collobrières et le Lavandou

« Le nouveau périmètre de la Communauté d’agglomération couvre 32 communes et 563 268 habitants. Cette délimitation est en totale cohérence avec le SCoT Provence-Méditerranée. Elle coïncide en outre avec le territoire « Provence-Méditerranée » du Conseil général (1) », indique la préfecture dans un document de travail.


Les pro et les anti

Les réactions des élus oscillent entre enthousiasme et scepticisme. Maire de Bormes-les-Mimosas, André Vatinet (divers droite), estime que « l’union fait la force » mais accepte l’intégration à la seule condition de garantir aux communes de la communauté de communes Méditerranée-Porte-des-Maures « leur ruralité, leurs compétences en matière d’urbanisme en particulier et la maîtrise de leur fiscalité ».

Sénateur-maire de la Valette, Christiane Hummel (UMP) veut aller plus loin. « Je suis favorable au passage direct à une métropole. Dans le cas contraire, nous ne résisterions pas face à Marseille et Nice », dit-elle. Pour elle, les communes ne doivent pas craindre une telle révolution institutionnelle, qui « nous permettrait de peser fortement sur le développement économique ».

Le maire UMP de Bandol, Christian Palix, est plus sceptique. Il s’interroge sur le devenir de certains dispositifs mis en œuvre au sein de la communauté de communes de Sud-Sainte-Baume, « comme les brigades de l’environnement, qui jouent un rôle de prévention des incendies, ou encore les plans d’action pour la prévention des inondations (Papi). Toulon se sentira-t-il concerné ? », dit-il.

« Nous souhaitons créer un office intercommunal du tourisme ou encore un complexe aquatique. Nous sommes dans notre logique de bassin de vie et le déplacement de la décision à Toulon risque de compliquer les choses ». Les maires de Sud-Sainte-Baume craignent par ailleurs le poids de la taxe additionnelle sur la fiscalité locale. « Cet impôt n’aura pas d’impact dans l’amélioration des services publics de proximité ».


Grands projets ou dilution des identités ?

Maire de La Seyne-sur-Mer, le PS Marc Vuillemot regrette que le principe d’intercommunalités trans-départementales n’apparaisse pas : « La Ciotat et certaines communes de Sud-Sainte-Baume ne sont-elles pas plus fondées à travailler ensemble que La Seyne-sur-Mer et Collobrières ? J’ai beaucoup de respect pour le maire de cette commune mais nous n’avons aucun projet à partager en commun ! ».

Robert Bénéventi, maire UMP d’Ollioules, est aussi président de l’Agence d’urbanisme de l’aire toulonnaise (Audat) et du SCoT. « L’annonce préfectorale est un peu brutale, je regrette que le temps de la concertation n’ait pas été plus important. Il faudra administrer un territoire à 32 communes, qui porte des projets conséquents. On peut craindre un déséquilibre entre les communautés de communes, qui ont leur propre fonctionnement, et TPM. Il y aura un temps d’adaptation ».
Le maire confie être « partagé ». « Je suis né à Ollioules. Un maire doit pouvoir gérer avec réactivité les problèmes du quotidien. Mais je sais aujourd’hui qu’un maire ne peut plus faire grand-chose s’il n’accepte pas le principe de la coopération intercommunale. Il faut trouver un juste milieu ».
Le débat est loin d’être achevé…


Stéphane Menu


(1) Le CG 83 a découpé le territoire départemental en huit parties.

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