Au Forum économique africain de Tunis (24-25 avril)
Taieb Baccouche, SG de l’UMA : « L’accord de libre-échange de Kigali est un pas très positif pour l’intégration africaine »
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De notre envoyé spécial à Tunis, Bruno Fanucchi
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« Notre Union existe, mais ne fonctionne pas », c’est sur ce constat réaliste que Taieb Baccouche commence son intervention de présentation de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) en plénière d’ouverture du premier Forum économique africain organisé en Tunisie, du 24 au 25 avril à Tunis.
« C’est pourquoi je m’évertue depuis 2016 à faire revenir l’UMA au sein de son berceau d’origine qu’est l’Union africaine, où elle participe aujourd’hui activement », explique le secrétaire général de l’UMA lors du premier panel du Forum consacré précisément à « l’intégration économique africaine comme levier de croissance des économies du Continent ». Car, pour mieux se défendre sur la scène internationale, l’Afrique envisage toujours d’unir ses forces afin de réaliser un grand « marché commun » qui profiterait en premier lieu aux Africains. Même s’il y a encore bien du travail pour en arriver là.
À Kigali, un premier pas dans le bon sens
L’ancien chef de la diplomatie tunisienne se félicite ainsi de l’accord prévoyant l’instauration d’une « zone de libre-échange continentale », qui vient d’être conclu le 21 mars à Kigali (Rwanda) lors du dernier Sommet de l’Union africaine, et de recueillir l’assentiment de 44 pays du Continent, après deux ans d’efforts et de négociations menés sous la houlette du président du Niger, Mahamadou Issoufou. C’est un premier pas dans le bon sens.
« Cet accord, qui avait été activement préparé par nos cinq pays du Maghreb arabe, ajoute Taieb Baccouche, constitue un pas très positif pour l’intégration économique africaine ». Mais ces progrès évidents ne doivent pas signer pour autant – selon lui – la fin de l’UMA qui regroupe toujours – sur le papier, il faut bien en convenir – l’Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie. Créée en 1989, l’UMA – dont le siège est à Rabat – ne s’est toutefois pas réunie au niveau des chefs d’Etat depuis 1994 ! C’est dire son peu d’autorité et d’influence actuelles.
« Un VIIe Sommet de l’UMA
serait un grand bond en avant »
Dans ce contexte, l’UMA a-t-elle encore un avenir spécifique ? À cette délicate question, dont on semble connaître la réponse, l’ancien ministre tunisien se plaÎt à apporter une réponse tout en nuances, soulignant qu’il convient d’étudier de près l’appartenance multiple d’un pays à plusieurs organisations régionales ou sous-régionales, en soupesant à chaque fois les avantages et les inconvénients, pour autant que ces organisations ne soient pas directement rivales ou concurrentes.
Chaque État membre peut avoir plusieurs cartes dans son jeu et profiter des différentes synergies économiques ainsi créées pour améliorer ses chances de développement et accroître la coopération Sud-Sud entre pays africains qui, jusqu’à présent, échangent et commercent fort peu entre eux.
Que le Maroc veuille ainsi intégrer la Cedeao (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest) au sein de laquelle la Mauritanie souhaite revenir, alors que la Tunisie s’apprête quant à elle adhérer au Comesa (acronyme anglais du Marché commun de l’Afrique australe et orientale, créé en 1994) dont elle deviendra ainsi le vingtième pays membre, n’est pas contradictoire puisque ce sont des cercles concentriques différents.
« Nous avons des relations très étroites et développées avec le Comesa et avons besoin de réaliser une réelle évaluation de ces appartenances multiples pour arriver à plus de concordances régionales. » À l’évidence, bien des pays africains cherchent encore leur voie pour avoir une économie plus dynamique et efficace et trouver la bonne organisation panafricaine qui profite d’abord à leurs légitimes intérêts nationaux. « C’est pourquoi, conclut-il, nous appelons à un septième Sommet de l’Union du Maghreb Arabe, qui constituerait un grand bond en avant » pour toute l’Afrique du Nord.
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