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Sébastien Mosneron Dupin, DG d’Expertise France : « Ensemble avec l’AFD, nous ferons plus et mieux ! » (2/3)

16 mai 2018
Sébastien Mosneron Dupin, DG d'Expertise France : « Ensemble avec l'AFD, nous ferons plus et mieux ! » (2/3)
Dans le premier volet de cet entretien, Sébastien Mosneron Dupin, DG d’Expertise France, nous a livré les clés de la réussite de son établissement public de coopération technique internationale, créé il y a à peine trois ans. Dans cette seconde partie, il détaille toutes les bonnes raisons pour lesquelles il se félicite du prochain rapprochement annoncé par le gouvernement entre Expertise France et l’AFD, l’Agence française de développement. [Volet 2/3]

Propos recueillis par Alfred Mignot, Africapresse.Paris

En février dernier, lorsque le gouvernement a annoncé sa volonté de « procéder à l’intégration d’Expertise France au sein d’un groupe AFD élargi » à l’horizon de la mi-2019, vous vous en êtes aussitôt réjoui. Pourquoi ?

Sébastien Mosneron Dupin - Je m’en suis réjoui tout autant que Rémy Rioux, le directeur général de l’AFD ! La raison en est très simple : ensemble, nous constituerons un groupe sans équivalent dans le monde de la coopération internationale, ou en tout cas disposant d’une capacité d’action comparable à celle de la GIZ et de la KFW, les deux agences allemandes de coopération.

Vous évoquez là l’effet de taille. Mais en quoi consiste-t-il exactement ?

Sébastien Mosneron Dupin - Nous l’avons évoqué dans la première partie de note entretien : avec un portefeuille de plus de 500 projets et de 900 millions d’euros, dont près des deux tiers menés sur le continent africain, Expertise France est devenue en trois ans à peine un acteur incontournable de la politique de solidarité et d’influence française.

Notre mission consiste à répondre à la demande de pays partenaires qui souhaitent renforcer la qualité de leurs politiques publiques pour relever les défis environnementaux, sociaux, économiques ou sécuritaires auxquels ils sont confrontés.
Au cours de nos trois premières années d’existence, nous avons vécu comme une jeune pousse, avec un taux de croissance cumulé de 70 %, tout en étant un établissement public, donc adossé à l’État – ce qui nous permet de bénéficier d’un vivier de plus de 10 000 experts, principalement des collaborateurs de ministères.

Pour autant, nous ne pourrions pas progresser ainsi d’une manière durable, vous vous en doutez bien, ne serait-ce que parce que nous ne disposons pas de bureaux pérennes de représentation dans les territoires où nous effectuons nos missions, et d’où nous repartons dès le travail fini.

L’Agence française de développement, en revanche, dispose de représentations permanentes dans 85 pays. Nous pourrions donc nous appuyer sur ces agences ; y établir un guichet des services d’Expertise France. C’est un premier point positif de notre prochaine intégration au groupe AFD.

Vous en attendez aussi des facilités financières ?

Sébastien Mosneron Dupin - Mais oui ! Notre chiffre d’affaires 2018 sera de quelque 200 millions d’euros, en progression de 30 % sur l’année précédente. Certains s’en contenteraient sûrement… mais si l’on regarde l’origine des commanditaires, on constate une part très faible d’origine française – à peine 20 % dont 5% en provenance de l’AFD – et une prépondérance très forte de l’Union européenne, à plus de 50 %.

Nous considérons donc qu’il faut diversifier nos financements, et je pense que notre rapprochement avec l’AFD nous permettra de passer à 30 % de financement français. Cette synergie entre financement et expertise consolidera notre pôle national d’aide publique au développement. Elle permettra à la France d’être plus présente, plus active et efficace, notamment sur ce fameux continuum sécurité-développement, en particulier au Sahel.

Mais comment ?

Sébastien Mosneron Dupin - Le fait d’appartenir au même groupe crée naturellement une solidarité plus forte. Nous pourrons travailler ensemble sur les outils dont dispose l’AFD, tel que le Fonds Paix et Résilience ; nous coordonner face au bailleur européen et avec les autres partenaires de l’AFD.
À titre d’exemple, l’AFD organise des « deep dive exercice » avec la Banque Mondiale ou la Banque interaméricaine de développement, c’est-à-dire un examen approfondi de leur programmation. Pouvoir y accéder est pour nous un avantage considérable pour comprendre leur démarche, avoir des contacts, savoir exactement quels seront les besoins, d’expertise en particulier. Cette opportunité nous sera en l’occurrence très utile, car nous sommes notamment en train de nous développer dans les Caraïbes.

Quelles seront les synergies entre l’AFD et Expertise France ?

Sébastien Mosneron Dupin - Les métiers de nos deux agences sont pleinement complémentaires, nous sommes une agence d’expertise, l’AFD est une agence de financement. L’intégration d’Expertise France dans le groupe AFD lui permettra notamment de bénéficier de l’expérience acquise depuis plus de 75 ans par l’agence, de sa connaissance des enjeux du développement et de ses réseaux.

À l’inverse, l’intégration d’Expertise France permettra à l’AFD de renforcer l’attractivité de son offre financière en la complétant par notre capacité d’expertise, et de disposer d’une capacité propre de mise en œuvre. Elle pourra développer des projets qui s’appuieront sur notre capacité opérationnelle souple et innovante, y compris dans la quête d’un continuum gouvernance-sécurité-développement, aujourd’hui essentiel dans certaines régions du monde, notamment au Sahel.

Je crois aussi que l’AFD va nous tirer vers le haut, grâce à son expérience accumulée depuis trois quarts de siècle en termes de réflexion et de connaissance de l’Afrique, grâce aussi à ses services d’évaluation et de stratégie. De notre côté, nous apportons notre ancrage dans le territoire français parce que pour accomplir nos missions nous mettons en œuvre des consortiums, avec les meilleurs des opérateurs français, tant publics que privés. Avec l’AFD, ensemble, nous ferons plus et mieux.

Le rapprochement entre les deux agences est prévu pour 2019. Comment allez-vous vous y préparer ?

Sébastien Mosneron Dupin - Comme Rémy Rioux et moi-même l’avons écrit dans notre déclaration commune, à la suite de l’annonce gouvernementale de notre rapprochement, nous travaillons désormais à l’élaboration d’un projet commun, en lien avec nos tutelles, dont la mise en œuvre effective interviendra courant 2019. Nous avons dès à présent commencé à renforcer notre coopération opérationnelle, en accroissant le nombre de projets portés en commun.

Très concrètement, nous accompagnerons en 2018 des projets de structuration des finances publiques en Palestine, de services de base aux populations vulnérables au Liban, de mobilisation de l’épargne domestique au Mali, de gestion des migrations en Afrique de l’Ouest, de santé publique au Tchad, pour ne citer que quelques exemples parmi beaucoup d’autres concernant la région Med-Afrique.

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