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Rencontre à l’IPEMED avec J.-C. Tourret, DG de l’IMED : « Quelle sera la réalité EuroMed demain ? »

Tous pays EUROMED-AFRIQUE | 19 octobre 2010 | src.IPEMED
Rencontre à l'IPEMED avec J.-C. Tourret, DG de l'IMED : « Quelle sera la réalité EuroMed demain ? »
Paris - À l’occasion d’un passage à Paris, Jean-Claude Tourret, Délégué général de l’Institut de la Méditerranée (Marseille), s’est entretenu avec les équipes d’IPEMED pour échanger, de manière informelle, sur sa vision de la réalité euro-méditerranéenne. Jean-Claude Tourret a rappelé que l’activité de l’Institut de la Méditerranée, centrée sur l’examen du partenariat public euro-méditerranéen, et des politiques publiques des pays euro-méditerranéens, était complémentaire de celle d’IPEMED, davantage tournée vers l’économique et le secteur privé.


Selon Jean-Claude Tourret, de nombreux facteurs entravent fortement la constitution d’un espace politique intégré. Parmi ces freins :

 L’exercice de fragmentation visant à constituer de nouveaux sous-ensembles géographiques auquel se livrent certaines régions : une Méditerranée occidentale et le Maghreb, les Balkans, l’Est méditerranéen…

 Une Europe affaiblie sur la scène internationale, sans politique internationale claire, notamment à l’égard des pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée ; l’Espagne qui refuse toute autre stratégie que le processus institutionnel de l’Union pour la Méditerranée ; l’Allemagne qui occupe une place particulière ; l’Italie qui prône la reconstitution d’une région Italie, Adriatique, Ionique…

 L’arrivée des Chinois dans la région, qui ouvrent le regard sur un nouveau modèle d’organisation politique couplé à une nouvelle forme de capitalisme d’Etat ;

 Les réticences de l’Algérie envers le processus de l’UPM...

Trois champs d’études prioritaires

Face à ces difficultés, l’Institut de la Méditerranée a dégagé trois champs d’étude prioritaires :

 constatant notamment que le rôle de l’État, tel qu’il était conçu au Nord, n’était pas toujours une solution au Sud, mais plutôt un problème, l’Institut de la Méditerranée préconise une forme de décentralisation ou de déconcentration des États ;

 La mise en place d’un système macro-régional global, à l’échelle de la région méditerranéenne

 Des préconisations pour changer les stratégies d’investissement, car l’argent public ne suffit pas. Comment mieux coordonner les fonds européens, comment affecter ces fonds dans des domaines qui pourront jouer un rôle de levier ? De même, l’une des pistes de réflexion concerne les moyens de faire en sorte que l’argent public soit utilisé de façon à être un levier efficace pour des usages rentables pour des financements privés.

Pour Jean-Claude Tourret, l’intégration régionale aujourd’hui, en particulier sur le plan politique, n’a pas encore de réalité. La situation actuelle dans la région, les nouvelles fractures qui apparaissent, impliquent la nécessité de renouveler le corpus d’idées qui existent au nord de la Méditerranée. Il est évident que la vision de rapprochement telle que l’Europe l’avait conçue, basée sur une forme déguisée de condescendance, est devenue obsolète et doit être repensée. Le modèle européen proposé, de « démocratie social-libérale ", devient un modèle parmi d’autres…

Quelle sera la réalité euro-méditerranéenne demain ?

Échangeant avec IPEMED sur les trois scénarios de prospective, élaborés dans le cadre du projet Méditerranée 2030, (blocage, divergence et convergence) Jean-Claude Tourret n’exclut pas un quatrième scénario qui serait celui d’une "renaissance arabe" voire "musulmane" avec l’émergence d’une zone qui irait du Maroc jusqu’au Pakistan et l’Indonésie.

Pour l’heure, les échanges entre pays musulmans, et plus particulièrement entre pays arabes sont limités du fait des rivalités politiques mais des frémissements sont enregistrés ici et là comme par exemple entre la Turquie et sa sphère d’influence historique.

Véronique Stephan - IPEMED

Voir la vidéo de l’entrevue avec Jean-Claude Tourret


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