Rémy RIOUX, DG : « Comment le Groupe AFD a réalisé en 2024 plus d’actions avec moins de moyens budgétaires »
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Par Denis DESCHAMPS pour AFRICAPRESSE.Paris
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Thani Mohamed-Soilihi a ainsi répondu directement aux questions des participants à cette conférence, avant de céder la parole à Rémy Rioux, Directeur général de l’Agence, qui a donné toutes les précisions demandées sur ce bilan annuel et les perspectives du groupe AFD à l’horizon 2025-2030.
Dans un moment budgétaire difficile pour la France, l’AFD pourrait être, selon lui, une « variable d’ajustement » envisageable. Mais comme il l’a exposé, « grâce aux marges d’optimisation qui ont été réalisées, il a été possible de réaliser plus d’actions avec moins de moyens budgétaires accordés en 2024 ».
Entreprise publique, l’AFD a ainsi pu verser des dividendes à l’État, correspondant à 20 % de son résultat positif obtenu grâce à son modèle économique reconnu comme dynamique et robuste.
Dès lors qu’elle sera constituée, la commission d’évaluation de l’emploi des fonds publics créée par décret en février 2025 pourra ainsi examiner, en toute objectivité, la correspondance entre les moyens mis en œuvre et les résultats obtenus par l’Agence, autrement dit l’impact réel de l’activité de l’AFD.
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« L’impératif de responsabilité »
Après la présentation synthétique faite par le Directeur général de l’Agence, le ministre a salué l’excellence du travail effectué par l’AFD dans un « contexte inquiétant », marqué par la raréfaction des sources de financement possibles (voire leur arrêt ou le gel, consécutif à la fermeture de l’USAid), la crise climatique et un développement non maîtrisé des migrations forcées.
Comme l’a ensuite rappelé Rémy Rioux, l’action de l’AFD répond bien en effet à « l’impératif de responsabilité » qui est le sien : 225 milliards d’Euros d’Aide publique au développement mobilisés entre 2005 et 2024. Selon l’enquête d’opinion annuelle réalisée par Harris / Toluma pour l’Agence, 7 Français sur 10 pensent en 2024 que les pays en voie de développement ont un impact sur la France et qu’il est donc nécessaire de les soutenir dans leur lutte contre la pauvreté, la malnutrition et les bouleversements climatiques – les besoins de financement pour le climat sont passés de 2 000 Milliards à 4 000 milliards de Dollars dans la dernière période –, pour effectivement contribuer à la paix et à la sécurité internationale.
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Plus de « pédagogie » sur la solidarité
internationale de la France
Le DG de l’AFD a aussi souligné le niveau exceptionnel de partenariat de la France avec l’Afrique, qui est de 6 milliards d’Euros engagés par l’Agence en 2024, mais qui lui semble être insuffisamment connu. C’est pourquoi, afin d’assurer la notoriété de ces partenariats internationaux de la France, il a été décidé de faire plus de « pédagogie » sur la solidarité internationale de notre pays avec les pays reconnus comme plus vulnérables, grâce à des outils de communication dédiés : création d’un Logo France et diffusion de vidéos sur les réseaux sociaux (sur les thématiques : investissement durable (1), pauvreté, santé mondiale, numérique (2) et climat (3)…
Les actions de l’AFD pour renforcer l’accès des populations aux services essentiels et pour aussi contribuer à assurer la protection de la planète doivent être en effet mieux reconnues pour leur impact et leur efficacité. C’est pourquoi, si on veut maintenir cette action humanitaire à son bon niveau dans un contexte budgétaire de plus en plus contraint, il convient aujourd’hui de développer de nouvelles sources de financement et de veiller à conserver le bon niveau de soutien des Français.
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Un résultat net 2024
de + 344 millions d’euros
Au-delà des résultats 2024, Rémy Rioux a tenu à rappeler que l’AFD se situait dans un « moment singulier de définition de sa nouvelles stratégie pour 2025-2030 » :
Les résultats 2024 de l’Agence sont en effet positifs (+344 millions d’Euros net) avec près de 14 milliards de financements mobilisés (dont 7,7 milliards d’Euros pour le climat) pour soutenir 1 250 nouveaux projets et 4000 projets en cours ; le modèle économique du groupe AFD (AFD, avec Expertise France et PROPARCO) est solide et dynamique en ce qu’il permet d’optimiser efficacement l’argent du contribuable français, qui permet de lever des fonds sur les marchés internationaux et de participer à des cofinancements de projets (en d’autres termes, avec 1 Euro mobilisé en France, l’AFD parvient à mobiliser 12 Euros à l’étranger).
Comme le rappelle Rémy Rioux, les actions de l’AFD adressent plus particulièrement les pays les plus vulnérables (60 % des garanties accordées) et concernent les sujets Santé et Climat pour 40 % d’entre elles. : l’Afrique est ainsi bénéficiaire de 6 milliards d’Euros engagés en 2024 (soit une augmentation de +8 % par rapport à 2023) et l’Outre-Mer français reçoit 1 milliard d’Euros, tandis que les pays voisins de l’Union européenne (Ukraine, Albanie…) sont destinataires de 2 milliards d’Euros
En 2024, l’AFD a lancé quelques actions nouvelles, qui répondent, selon Rémy Rioux qui en donné le détail, aux attentes des Français exprimées dans le sondage Harris / Toluma : Campus de formation AFD à Marseille, Dispositif Choose Africa 2 ; Portail des impacts (pour constater le taux de réalisation par rapport aux engagements) ; Evaluation à 100 % des projets, dont 50 % par des structures externes à l’Agence…
Rémy Rioux a également rapidement évoqué le budget que l’AFD consacre aux « migrations encadrées », autrement la gestion concertée des migrations moyennant la recherche de solutions locales adaptées et la création d’emplois (4), étant entendu, comme le ministre Thani Mohamed-Soilihi l’a bien souligné, que 87 % de ces migrations se font entre le Sud et le Sud.
Le Directeur général de l’Agence a enfin conclu son propos par une évocation de la COP 30 qui se tiendra à Belém (Brésil), dans le prolongement du Sommet de Séville (Espagne) sur l’architecture du développement et l’UNIOC3 à Nice (France) consacré aux océans : après les engagements (moral et social) des Accords de Paris de 2015 permettant une réelle prise de conscience sur le Climat, on devrait ainsi entrer dans une nouvelle phase, qui se traduira par la mise en œuvre opérationnelle des ODD – Objectifs du développement durable de 2030, en particulier en ce qui concerne la décarbonation.
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1 - À noter un projet de restauration et d’amélioration de la fertilité des sols au Bénin, un projet relatif à la recherche sur la forêt au Maroc.
2 - Une action numérique en RDC a été lancée par l’AFD en 2024.
3 - L’AFD a ainsi mis en place un partenariat important avec l’Afrique du Sud sur la transition énergétique.
4 - Pour mémoire, les organisations de la société civile (OSC) emploient 50 000 personnes en France.
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