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Au Forum économique africain de Tunis (24-25 avril)

Radhi Meddeb : « La Tunisie a pris
le chemin vertueux de l’ouverture économique à l’Afrique »

25 avril 2018
Radhi Meddeb : « La Tunisie a pris le chemin vertueux de l'ouverture économique à l'Afrique »
Tunis - Tandis que les investisseurs européens retrouvent le chemin de la Tunisie, selon les derniers chiffres trimestriels de l’agence FIPA, Tunis accueille les 24 et 25 avril quelque 800 décideurs africains, à l’occasion de son premier Forum économique dédié au continent. Selon l’économiste et entrepreneur Radhi Meddeb, commissaire général de la manifestation, celle-ci est une étape sur le chemin vertueux (et prometteur) de l’ouverture économique en accélération de la Tunisie à l’Afrique. Explications.


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De Tunis, un article d’Alfred Mignot, AfricaPresse.Paris
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Youssef Chahed, le Premier ministre tunisien, était annoncé en ouverture de la manifestation, mais les imprévus des obligations de sa charge l’ont contraint de se rendre à Bruxelles, pour une réunion originellement imprévue. Autant dire que si les Tunisiens affirment désormais légitimement et avec force leur enracinement africain – depuis les époques de Carthage et Rome et jusqu’à leur engagement sur le Continent accédant aux indépendances, au milieu du XXe siècle – ils n’oublient pas pour autant leurs liens très importants avec l’Union Européenne, avec laquelle le pays est d’ailleurs en train de négocier en ce mois d’avril un Aleca – accord de libre-échange complet et approfondi – sujet qui était notamment au programme des échanges du voyage du PM tunisien à Bruxelles

Ces liens tuniso-européens pourraient donc se consolider encore, et d’autant plus que désormais les investisseurs européens retrouvent de l’intérêt à la destination Tunisie, puisque sur le premier trimestre 2018 leurs investissements y sont en hausse de 25 % (à 565,40 millions de dinars, soit 191,16 M€) par rapport à la même période de 2017, selon les chiffres révélés le 18 avril par la FIPA, l’Agence de Promotion de l’Investissement Extérieur.

Quoi qu’il en soit, en ce 24 avril au matin, l’essentiel de ce que la Tunisie compte d’entrepreneurs et de décideurs publics et privés avait les yeux tournés vers le sud africain à l’occasion ce premier Forum économique qui lui est dédié, et où convergeaient les représentants de 38 pays africains et de 200 institutions, ainsi que 140 hommes d’affaires, soit au total quelque 800 décideurs des secteurs public et privé.

Une manifestation d’interêt, au regard des enjeux d’aujourd’hui et de demain, car comme a pu le dire au cours de son allocution Omar Behi, ministre tunisien du Commerce, « la Tunisie veut dynamiser sa coopération économique » avec son Continent, qui recèle un immense potentiel – notamment 60 % des terres arables disponibles au monde, des gisements de métaux précieux en abondance – et contribuer à en valoriser les atouts, dans un processus gagnant-gagnant qui ne peut être que très prometteur, car à ce jour la valeur des exportations tunisiennes vers l’Afrique subsaharienne ne dépasse pas 2 % de l’ensemble de ses exportations.

Les nombreuses « preuves d’amour
de la Tunisie envers l’Afrique »

Pour contribuer à sa juste mesure au codéveloppement de l’Afrique, la Tunisie multiplie les initiatives d’ouverture, a-t-il-relevé. Par exemple en établissant quatre nouvelles ambassades sur le Continent, en ouvrant aussi de nouvelles lignes Tunisair pour desservir d’ici à 2020 six capitales supplémentaires en Afrique, mais aussi en traçant de nouvelles lignes maritimes.

L’engagement tunisien se traduit aussi par la signature de l’accord de création d’une « zone de libre-échange continental » (ZLEC), qui vient d’être conclu le 21 mars à Kigali (Rwanda), tandis que l’adhésion de la Tunisie à la Comesa (Marché commun de l’Afrique orientale et australe, 500 millions d’habitants) sera effective à la fin juin prochain. Et ce n’est pas encore tout, car 2018 verra aussi le pays du jasmin conclure un accord préférentiel de membre observateur avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

Ainsi le ministre est-il dans le vrai lorsqu’il affirme que que les « preuves d’amour de la Tunisie envers l’Afrique » sont désormais légion, alors même que l’idylle ne fait que (re)commencer.

« La croissance seule ne fait pas le développent »

Intervenant à son tour, le commissaire général de l’événement, Radhi Meddeb, économiste et entrepreneur – Comète ingénierie (BTP), le groupe qu’il a créé, œuvre dans quelque trente pays d’Afrique – rappela que durant la dernière décennie l’Afrique a enregistré des performances d’une excellence inédite, car six des dix pays ayant connu la plus forte croissance au monde sont africains.
Autre point fort, qui traduit d’ailleurs l’évolution vers une vision convergente de l’efficience économique : depuis 2006, le flux des investissements étrangers (IDE) vers l’Afrique a dépassé la traditionnelle aide publique au développement, dont la contre-performance avérée au fil des décennies ne fait désormais plus débat.
C’est ainsi vers les entreprises que se tournent désormais tous les espoirs, et particulièrement les TPE et PME qui constituent le tissu vital des écosystèmes africains (y compris agricoles) avec quelque 90 % des emplois.

Le temps est donc venu d’une coopération forte public-privé, en ayant présent à l’esprit que « la croissance seule ne fait pas le développent », a souligné Radhi Meddeb, avant d’énoncer les caractéristiques d’une croissance porteuse du développement : la bonne gouvernance ; la lutte contre les inégalités (qui se creusent de plus en plus) ; une croissance inclusive créatrice d’emplois. Et il y a urgence, car c’est par millions que les jeunes Africains arrivent sur le marché de l’emploi chaque année – l’âge moyen en Afrique subsaharienne est inférieur à 20 ans.

Un "scénario marocain" ?

C’est ainsi en référence à tous ces paramètres que Radhi Meddeb a pu affirmer avec justesse qu’avec toutes ses initiatives, « La Tunisie a pris le chemin vertueux de l’ouverture économique à l’Afrique ». Le Forum économique africain de Tunis en est une réelle illustration. Sans doute préfigure-t-il ce que l’on pourrait appeler le "scénario marocain" : bien adossé à son "statut avancé" avec l’Union européenne, et à son partenariat économique exceptionnel avec la France – ce qui lui a valu depuis quelque deux décennies de bénéficier de conséquents transferts de savoir-faire en de nombreux secteurs – le Maroc est parti à la "conquête" de la profondeur africaine. Et cela lui réussit.

Avec la Tunisie empruntant une démarche similaire, c’est ainsi deux pays sur trois du Maghreb qui affirmeront leur vocation de passerelle entre l’Afrique subasaharienne et l’Europe, pour le plus grand bénéfice de tous.
On n’attend plus que l’Algérie…

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Tout savoir sur le programme du FEA :
http://forum-economique-africain.com

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