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Pr Abdelhamid el Ouali : « La régionalisation du Maroc aura des répercussions au-delà du Royaume »

Maroc | 13 janvier 2010
Pr Abdelhamid el Ouali : « La régionalisation du Maroc aura des répercussions au-delà du Royaume »
Paris - Professeur à la faculté de droit de Casablanca, et membre de la Commission Consultative de la régionalisation mise en place par Mohammed VI le 3 janvier dernier, Abdelhamid el Ouali a tenu une conférence lundi 11 janvier à Paris, au Centre d’accueil de la presse internationale (CAPE). Pour le professeur, il ne fait aucun doute que la « régionalisation avancée » qui sera déployée au Maroc aura des répercussions au-delà des frontières du Royaume…

Photo ci-dessus - Le Professeur Abdelhamid el Ouali, membre de la Commission Consultative de la régionalisation du Maroc, durant la conférence de presse au CAPE (Paris), en compagnie de Charles Saint-Prot, Directeur de l’Observatoire d’études géopolitiques de Paris. © leJMED.fr


Organisée par l’Association des Femmes arabes de la Presse et de la Communication (AFACOM) que préside la journaliste et écrivain franco-libanaise Zeina El Tibi, la conférence fut introduite par Charles Saint-Prot, Directeur de l’Observatoire d’études géopolitiques de Paris.

Pour le chercheur et universitaire français, spécialiste du monde arabo-musulman, co-auteur et directeur du récent ouvrage collectif « Le Maroc en marche » (CNRS Editions, 2009), cette annonce de la mise en chantier de la régionalisation du Maroc est à considérer dans la démarche d’ensemble qui contribue à renforcer l’Etat de droit et la démocratie dans le Royaume, et s’inscrit dans le puissant mouvement de réformes – économiques, financières, sociales, culturelles – que connaît le Maroc depuis l’avènement de Mohammed VI.

« Au demeurant, relava-t-il, cette régionalisation, si elle est novatrice, n’est pas pour autant une idée neuve : dès 1984, en effet, Hassan II manifestait son intérêt pour le modèle allemand des Länder, tout en considérant que le moment n’était pas encore propice pour franchir le pas… ». De fait, un quart de siècle plus tard, le discours royal du 3 janvier dernier indique clairement qu’il n’est pas question pour le Maroc de « copier-coller » un modèle, quel qu’il soit.

« Faire émerger un modèle marocain de régionalisation »

Le Professeur Abdelhamid el Ouali, membre de la Commission Consultative de la régionalisation du Maroc. © leJMED.fr

Sur ce point, « la mission de Commission Consultative de la régionalisation, confirma le Pr Abdelhamid El Ouali*, est tout à fait claire : nous devons innover, faire émerger un modèle marocain de régionalisation, et un modèle qui pourrait éventuellement devenir une référence pour ce type de processus dans d’autres pays émergents ».

Et le Professeur d’expliquer que si l’État de droit avait largement progressé au Maroc, tant au niveau national qu’à celui de la démocratie locale, l’échelon intermédiaire que constitue la région est aujourd’hui reconnue comme une structure efficace pour le développement d’un pays, tant démocratique qu’économique. Pour autant, « il faudra y aller par étapes, en se fixant clairement l’objet que nous visons à dix ou quinze ans », afin que les pouvoirs respectifs de l’Etat et des régions soient clairement prédéfinis, cela pour éviter autant que possible les conflits et revendications de compétence que l’on a pu observer dans d’autres pays engagés dans ce type de processus, déclara en substance le Professeur Abdelhamid El Ouali.

Cela dit, cette régionalisation avancée, qui devra s’inscrire dans un cadre de valeurs telles que l’unité nationale du Royaume, et la solidarité entre les régions – thèmes sur lesquels le Roi Mohammed VI a insisté dans son discours – représente déjà plus qu’une simple question d’administration interne, puisque parmi les régions figure évidemment celle du Sahara occidental, où la souveraineté historique du Maroc est aujourd’hui contestée.

Le Sahara occidental, une région marocaine
(presque) comme les autres…

Interrogé sur ce point par une correspondante de la presse algérienne, le Pr El Ouali – notamment auteur de l’ouvrage « Autonomie au Sahara, prélude au Maghreb des régions » – confirma en effet que la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental n’est point négociable, et que la région sahraouie s’inscrit naturellement dans le processus de régionalisation avancée : « Pourquoi laisserions-nous de côté nos compatriotes du sud ? fit-il mine de s’interroger. Il n’y a aucune raison à cela ».

Et le Professeur d’évoquer l’onde de choc que la régionalisation avancée provoquera immanquablement sur le reste du Maghreb, et particulièrement sur l’Algérie voisine, « Etat et nation qui se cherche ». Et de confirmer que « oui, la régionalisation est aussi à inscrire dans le cadre de l’initiative d’autonomie du Sahara occidental proposée par les autorités marocaines pour trouver une solution au conflit."

Voilà qui est clair… Reste cependant un défi, et de taille : la Commission consultative de la régionalisation ne dispose que de six mois pour présenter ses préconisations sur les bonnes pratiques et les objectifs du processus de « régionalisation avancée » du Royaume.

© Alfred Mignot pour leJMED.fr

À lire sur le même thème :
Mohammed VI installe une Commission pour la réforme de la « régionalisation avancée » du Maroc (avec le discours intégral de Mohammed VI et la composition complète de la Commission Consultative de la régionalisation).

*Abdelhamid el Ouali, membre de la nouvelle Commission consultative de la régionalisation, est l’un des fondateurs de la faculté de droit de Casablanca et de l’Université Hassan II. Il a exercé de hautes fonctions aux Nations Unies et est professeur à la faculté de droit de Casablanca. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la question juridique du Sahara occidental, dont « Autonomie au Sahara, prélude au Maghreb des régions ».


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