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Point de vue, par Alfi Malek, ingénieur et Consultant en énergétique

Pour une approche pragmatique du financement des énergies renouvelables et de leur utilisateur final

Tous pays EUROMED-AFRIQUE | 20 novembre 2010
Pour une approche pragmatique du financement des énergies renouvelables et de leur utilisateur final
Paris -

À l’heure de l’engouement généralisé pour les solutions en énergies renouvelables (ER), la problématique de leur financement devient plus que jamais particulièrement complexe. Certes, les pouvoirs publics songent d’abord aux grands investissements structurants. Mais, cette approche ne saurait être exclusive, car il faut aussi penser aux autres niveaux de financement : la région, les initiatives locales, les professionnels, le agriculteurs, les industriels et… les particuliers, autant dire « l’utilisateur final » !

Alfi Malek, ingénieur et Consultant en énergétique, fait un tour d’horizon de cette problématique, en privilégient l’approche « utilisateur final », pour lequel il propose un « modèle » de financement détaillé…

Photo ci-dessus : Alfi Malek, ingénieur et Consultant en énergétique. © leJmed.fr - 2010


La problématique du financement se pose à chaque fois d’une manière très différente, selon que l’on pense à l’un ou à l’autre des acteurs potentiels.
Il nous faut donc dégager les points communs à cette problématique, et en particulier attirer l’attention sur la nécessité d’avoir à l’esprit une approche globale permettant d’assurer la pérennité d’un projet à tous les niveaux et aussi à toutes les étapes de l’application. Il est donc indispensable d’impliquer tout à la fois les principaux acteurs concernés, – les utilisateurs finaux –, et faire en sorte qu’ils s’approprient le projet.

Optimiser la perception des ER

Très souvent, les énergies renouvelables, tout en apportant un bon niveau de confort, ou de service, ne sont pas perçues favorablement par ceux qui les reçoivent, et encore moins s’ils les comparent les services rendus par l’ER à ceux de l’énergie électrique classique en courant alternatif, provenant du réseau.
L’a priori devient carrément défavorable lorsque les applications telles que le froid, la climatisation, ou les autres équipements de confort ne peuvent être à un coût raisonnable.

Il reste beaucoup à faire à ce niveau-là, et de nouveaux développements dans les domaines du froid et de la clim notamment sont nécessaires – et possibles ! – au niveau actuel de la technologie de ces secteurs.
Des mises au point, et des retours d’expériences sont à prévoir pour valider les travaux de laboratoires, mais souvent les solutions relèvent du savoir faire existant et du bon sens.

Moyens, méthodes et produits… à revoir !

Mais avant tout, il ne pourra y avoir du développement raisonnable dans le secteur des énergies renouvelables pour l’habitat, sans remise en cause profonde des moyens et des méthodes de construction énergivores adoptées aujourd’hui surtout dans les pays du Sud de la Méditerranée.

Mais, plus généralement, on pourrait scinder la problématique en deux cas distincts :

 d’une part, les énergies renouvelables raccordées au réseau ;

 d’autre part, les énergies renouvelables en sites isolés.

Ce deuxième cas concerne les sites éloignés du réseau, dont la connexion serait trop onéreuse, y compris du fait d’un nombre insuffisant d’abonnés potentiels.

Par ailleurs, si l’on veut bien considérer les énergies renouvelables du point de vue de l’utilisateur final isolé, il convient d’évoquer aussi les chauffe eau, et les petites éoliennes.

Ainsi, la notion de financement doit être perçue dans un sens à la fois très large et très pragmatique, et doit donc s’exprimer par une politique à la fois globale, à l’échelle d’un pays ou d’une région, mais aussi déclinée localement, et à l’échelle du particulier.

Des financements « de terrain » et de formation

Dans cette perspective pragmatique, il s’agit donc de financer tout à la fois :

 la formation, ou plus exactement les formations au niveau des dimensionnements, de l’installation, du suivi et de la maintenance ;

 les professions qui accompagneront la mise ne place de ces installations, à commencer par les installateurs, en s’assurant de la qualité de leurs moyens d’intervention, des outils de leur adéquation ;

 une politique de fabrication sur place ou dans la région, de tout ou partie des composants, à commencer par ceux nécessitant peu de technicité et pouvant s’appuyer sur les savoir-faire locaux existants ou facilement accessibles ;

 l’utilisateur final acquéreur, soit le client principal.

Il va de soi que chaque échelon ou composante de la chaîne ne peut être abordé de la même manière, et le succès de l’ensemble dépend avant tout d’une étude raisonnée du marché en devenir, ce qui pourra éviter de faux départs et des gaspillages de fonds.

De même, la formation est une composante incontournable et mérite une attention très particulière, car elle garantira la bonne mise en pratique, et ensuite la longévité de l’installation.

Un contrôle qualité assurant un choix adapté des composants, qu’ils soient fabriqués sur place ou importés, est un aspect essentiel du succès de ce secteur en maturation, et qui le mettra à l’abri à la fois de déboires futurs et d’une réputation préjudiciable.

Cela implique aussi un financement, dédié aux moyens matériels de contrôle, de mise en place de normes appropriées et de formation du personnel qui assurera chaque étape

Comment financer l’utilisateur final ?

Concernant l’utilisateur, et compte tenu aujourd’hui du coût des installations, cela ne fait pas de doute qu’il devra être très accompagné dans sa démarche :

Les méthodes « classiques » d’accompagnement sont le crédit d’impôt, le prêt bonifié, assortis souvent d’une prime. Cette prime, selon nous, devrait correspondre au minimum au montant économisé par l’Etat, soit le coût d’une installation classique, centrale thermique ou nucléaire, réseau, lignes de raccordements, coût de combustible, maintenance, etc.

D’autre part, le prêt à taux bonifié pourrait résulter de la mise en place d’un plan d’épargne « énergies renouvelables » comparable à un plan d’épargne logement classique.

Cette proposition n’est pas nouvelle : elle avait été forumulé par un expert de l’ADEME, Bernard Cornut, dès les années 1990.

On peut se fonder par exemple sur ces livrets, individuels ou collectifs, pour ensuite mettre en place des prêts dont la durée correspondrait à la durée de vie escomptée des installations : de l’ordre de 20 ans dans le cas du Panneau Solaire Photovoltaïque, elle est inférieure pour les autres composants du système.

Ainsi, pour un cas concret, d’une installation de 2 000 W, dont le coût serait d’environ 10 000 $, on peut très bien imaginer que l’état abonde pour un tiers, et que les deux autres tiers puissent faire l’objet de deux crédits, de moitié chacun, l’un portant sur 5 à 8 ans, et l’autre portant sur 20 ans.

S’ils résultent d’un apport d’un plan d’épargne évoqué plus haut, correspondant à 30 % du prix de l’installation, il ne restera que quelque 45 $ /mois, pour les cinq premières années, et environ 11 $ pour la suite, ce à quoi il convient de déduire le bénéfice de l’avoir fiscale

En conclusion, le nouveau domaine du financement des énergies renouvelables est propice à de fécondes idées innovantes, indispensables à son succès, car de ces idées et de leur application dépendra l’avenir de ce secteur.

Alfi Malek
Ingénieur et Consultant en énergétique


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