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À Marseille, en direct de la IVe Semaine économique de la Méditerranée

Ph. de Fontaine Vive : « La crise a créé une solidarité de fait entre nord et sud de la Méditerranée »

Tous pays EUROMED-AFRIQUE | 8 décembre 2010 | src.LeJMED.fr
Ph. de Fontaine Vive : « La crise a créé une solidarité de fait entre nord et sud de la Méditerranée »
Marseille -

Participant activement à de nombreuses conférences organisées dans le cadre de la très dense IVe Semaine économique de la Méditerranée qui vient de se dérouler à Marseille (29 nov.-4 déc.) Philippe de Fontaine Vive, VP de la BEI et « patron » de la Femip affirme, dans cette entrevue exclusive, l’importance fondamentale de la solidarité entre les deux rives de la Méditerranée. Et invite les « Nordistes » à réviser leur discours…

Photo ci-dessus : Philippe de Fontaine Vive lors de sa participation au Forum Citoyen, organisé à la Cité de la Mode de Marseille, sur la fameuse Canebière, le jeudi 2 décembre 2010, dans le cadre de la Semaine économique de la Méditerranée. © leJmed.fr - décembre 2010


Entrevue exclusive

LeJMED.fr – Aux Rendez-Vous économiques de la Méditerranée, en clôture de la Semaine économique, vous avez participé à la conférence dédiée à la thématique des « nouvelles activités, quelles orientations, quelles modalités ? ». Durant votre intervention, vous avez insisté sur la « solidarité »…

Philippe de Fontaine Vive – Oui, car selon moi, ce qui est nouveau, c’est que la crise a révélé une solidarité de fait entre l’Europe et le sud de la Méditerranée. En cette période de sortie de crise, nous sommes confrontés exactement aux mêmes défis. Il y en a trois, qui sont très clairs : le premier, c’est de sortir de la crise en ayant une croissance plus “inclusive“, comme le dit la Commission européenne, c’est-à-dire lutter contre les inégalités, dans tous les pays européens comme dans tous les pays du sud de la Méditerranée ; le deuxième enjeu est la compétitivité par l’innovation, objectif que l’agenda de Lisbonne n’a pas atteint, et que l’on appelle aujourd’hui en Europe l’ « Agenda 2020 » – cela s’appelle « mise à niveau » en Tunisie, Plan Émergence au Maroc… les noms sont différents, mais c’est exactement la même chose ; le troisième défi, et que l’on pourrait tout aussi bien qualifier de premier, c’est l’intégration régionale.

Jusqu’ici, côté nord, on n’avait en effet jamais observé une telle distanciation entre la Grèce, le Portugal, l’Irlande et les autres pays européens. C’est exactement la même chose au Sud, avec d’un côté la Turquie, la Tunisie, le Maroc, et tous les autres, qui doivent, à terme, être assimilés à du « risque » européen.
Face à ces trois défis, il faut renouveler notre discours sur la Méditerranée.

LeJMED.fr – Il faut renouveler « notre » discours sur la Méditerranée, dites-vous. « Notre », cela veut dire au Nord, à Bruxelles, à Luxembourg, Paris et Berlin notamment… ? Mais, justement, avez-vous le sentiment que la prise de conscience s’est opérée, aussi bien au Nord qu’au Sud, sur le fait que nous sommes bien dans le même navire sur une mer de tempête, et face aux mêmes défis ?

Philippe de Fontaine Vive – Cette prise de conscience que nous évoquons n’a pas eu lieu en Europe, ou en tout cas pas dans toute l’Europe. Comme me le disait très justement tout à l’heure ici même Lino Cardarelli, le Secrétaire général adjoint l’UPM chargé des financements et des PME, désormais en poste à Barcelone, la part de marché européenne, notamment pour les IDE, se réduit significativement, comparée aux investissements réalisés d’une part par les pays du Golfe – ce que l’on savait déjà –, mais aussi par les BRIC. Sur les dernières années, les IDE en provenance du Golfe et des BRIC sont supérieurs à ceux des Européens. C’est donc à l’Europe de réaliser dès maintenant que la croissance dynamique au Sud de la Méditerranée, c’est une chance pour elle. Si elle la laisse passer, d’autres la prendront.

LeJMED.fr – Vous êtes un banquier, mais aussi un homme de culture : pour preuve, vous avez commencé à financer, au titre de la FEMIP que vous dirigez, la rénovation de la Médina de Meknès, dans le cadre de votre initiative « Médinas 2030 ». Aussi, je voudrais vous poser une question qui renvoie plus à Antonio Gramsci, le théoricien italien du rôle central de la culture comme levier du politique, qu’à votre expertise de financeur… Voici : comment faire, selon vous, pour promouvoir et faire partager cette prise de conscience, justement, d’un destin commun entre le sud et le nord de la Méditerranée ?

Philippe de Fontaine Vive – Pour ma part, j’ai participé l’autre soir à un Forum citoyen sur la Canebière à Marseille, parce que …

LeJMED.fr – Pardon de vous interrompre… un Forum citoyen, en effet, où aucun des trois députés européens annoncés n’est venu !

Philippe de Fontaine Vive – … j’ai voulu m’y rendre parce que je considère qu’il faut multiplier les dialogues avec les citoyens du nord et du sud de la Méditerranée… Dans la construction européenne, nous sommes restés trop longtemps dans un débat de techniciens et de spécialistes – y compris nous, à la BEI ! – avec nos amis de la Commission et représentants des différents États membres. Et nous voyons tout le désenchantement qui existe sur l’Union européenne à l’heure actuelle ! Il est dû, je crois, au fait qu’il n’y a pas assez de rencontres avec les citoyens. Et donc à la BEI j’essaie de développer ce type de rencontres, pour faire comprendre concrètement ce que nous faisons à l’intérieur de l’Union européenne. Avec la FEMIP, je souhaite que nous le fassions de façon très active au sud de la Méditerranée.

LeJMED.fr – Une question au Marseillais que vous êtes. Vous êtes présent à tous les grands événements économiques méditerranéens de la ville, comme c’est le cas durant cette Semaine économique de la Méditerranée, que vous avez d’ailleurs en quelque sorte ouverte dès le lundi 29 novembre, en rendant publique l’étude que vous avez commanditée au Femise, sur le thème « Quelle sortie de crise pour les pays MED ? ». Mais, outre cela, quelles activités développez-vous in situ, à Marseille ?

Philippe de Fontaine Vive – Nous avons une gouvernance européenne extrêmement exigeante, et c’est une bonne chose ; c’est-à-dire que nous nous concentrons exclusivement au devenir européen que porte la BEI et donc à chaque fois que je viens dans une conférence comme celles que nous venons d’évoquer, c’est pour porter dans la région le message de la BEI, ou celui d’un consortium auquel la Banque s’est jointe : par exemple, ici à Marseille, le Centre méditerranéen pour l’Intégration (CMI), que nous avons créé à la Villa Valmer avec la Banque mondiale et six gouvernements du nord et du sud, et dont j’assume la coprésidence nord du Conseil stratégique. C’est donc toujours mandaté par la BEI, ou au titre de la FEMIP, que nous intervenons.


© Propos recueillis par Alfred Mignot


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