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Philippe de Fontaine-Vive : « Le Plan Solaire méditerranéen est à portée de main ! »

Philippe de Fontaine-Vive : « Le Plan Solaire méditerranéen est à portée de main ! »
Valencia - Lundi soir, à la veille de la conférence ministérielle euro-méditerranéenne sur le Plan solaire, et à l’issue de la VIIIe conférence Femip qui se tenait au Palais des Congrès de Valence d’Espagne, Philippe de Fontaine-Vive, VP de la BEI et « patron » de la Femip, affichait sa satisfaction : malgré les menaces sur le trafic aérien, la conférence avait enregistré une forte participation, et les contributions nombreuses avaient permis de mieux faire connaître aux congressistes l’ambitieux Programme Solaire Méditerranéen (PMS), qui recouvre en fait l’ensemble des énergies renouvelables… "Le PSM est à portée de main !" déclara le « patron » de la Femip, ajoutant aussitôt : "Mais il faut redoubler d’efforts !"…
Photo ci-dessus : Philippe de Fontaine-Vive, VP de la BEI et « patron » de la Femip, lors de son intervention à la VIIIe Conférence Femip de Valence, dédiée à « L’énergie, de nouveaux défis pour la Méditerranée ». © leJmed.fr-avril 2010


« Je crois que tenir ce genre de conférence à la veille des rencontres ministérielles est une bonne méthode », déclara Philippe de Fontaine-Vive lors de son échange avec la presse, en clôture de la manifestation. « L’une de nos missions, poursuit-il, est d’alimenter la réflexion des décieurs politiques en leur présentant des recommandations motivées. C’est ce que je ferai dès demain matin, avant l’ouverture de la conférence ministérielle. »

De fait, le VP de la BEI a passé sa journée de lundi « à l’écoute » des intervenants, ainsi qu’il l’avait annoncé dans son propos liminaire du matin. Ces intervenant ès qualités de cette VIIIe conférence Femip dédiée au défi énergétique en Méditerranée étaient nombreux, et venaient de plusieurs pays – Tunisie, Jordanie, Espagne, Italie, Maroc, France, Égypte, Jordanie, Portugal – ou représentaient des institutions ou organisations internationales, comme La Ligue Arabe, la BEI, la WWF, Medener (Association méditerranéenne des Agences nationales d’énergie), ou encore l’Observatoire méditerranéen de l’Énergie et l’IRENA (Agences internationale de l’Energie renouvlable et la mission interministérielle française de l’UPM…

Un pré-rapport lucide

Le développement du potentiel énergétique en Méditerranée, fut, on s’en souvient, l’une des six priorités d’action retenues par le Sommet fondateur de l’UPM (Union pour la Méditerranée), le 13 juillet 2008 à Paris. Deux ans après, et à moins d’un mois du second Sommet qui se tiendra à Barcelone les 6 et 7 juin prochains, un pré-rapport d’étude sur « le financement de l’investissement dans les énergies renouvelables dans la région Sud et Est de la Méditerranée » a été présenté aux congressistes. Réalisé par le cabinet de consultants MWH sous l’égide de la BEI, dont la Femip est l’opérateur en Méditerranée, le pré-rapport rappelle d’abord opportunément les objectifs énergétiques du Plan Solaire Méditerranéen (PSM), appellation usuelle mais qui englobe en réalité l’ensemble des énergies renouvelables (ER) : le PSM vise à installer une puissance de production supplémentaire de 20 GigaWatts en énergies renouvelables dans la région, d’ici à 2020.

« Cinq milliards d’euros sont disponibles à ce jour pour le PMS. C’est encourageant, mais cela ne suffit pas, commenta Philippe de Fontaine-Vive. Il faut aller plus loin, tant en prêts qu’en dispositifs d’assistance technique, et pour cela nous mobiliser tous. Et nous avons aussi besoin d’un élan politique, car le Parlement européen doit se prononcer cette année sur la nouvelle donne de coopération avec les pays partenaires de l’Union européenne ».

Un démarrage encore lent

Présentant plus en détail les résultats préliminaires de cette étude qui sera achevée dans quelques semaines, Mme Grammatiki Tsingou, Directrice générale des Projets de la BEI, en rappela d’abord les objectifs essentiels : identifier dans les différents pays les projets ER susceptibles d’intégrer le PSM ; analyser les impacts économiques de développement de ces projets ; identifier les principaux obstacles – techniques, réglementaires, financiers – à la réalisation de ces projets.

Sur le premier point, on apprit ainsi qu’à ce jour la puissance électrique des projets identifiés s’élève à 10 GW, soit la moitié de l’objectif à 2020, mais que seulement 2,1 GW correspondent aux projets à un stade avancé de développement, et seulement 0,6 GW de ces 2,1 GW disposent d’un plan de financement arrêté…

« Nous sommes loin des objectifs, et le financement est un problème, releva Mme Tsingou, représentante d’une BEI que l’on ne saurait d’ailleurs pointer du doigt, puisqu’elle consacre déjà plus d’un tiers de ses financements dans la région à l’énergie, soit 3,7 Mds € sur la période 2002-2009.

L’ensemble des besoins, estima encore Mme Tsingou, tourne autour de quelque 20 Mds € nécessaires d’ici à 2020, et… 140 Mds (!) d’estimation globale, tous types d’énergie confondus ! « Ces chiffres ne doivent pourtant pas nous inquiéter, les besoins de financement des énergies renouvelables sont comparables à ceux des énergies classiques », souligna Mme Tsingou.

La nécessaire sécurisation des financements

Reste que « le financement semble être l’obstacle principal », ainsi qu’il est expressément écrit dans le pré-rapport, où l’on relève aussi que « considérant l’engagement attendu du secteur privé dans le développement des énergies renouvelables, l’une des questions essentielles réside dans l’existence d’un cadre réglementaire qui prendrait en compte les risques des projets et qui assurerait aux investisseurs une viabilité financière acceptable. La réglementation actuelle est, en la matière, faible dans la plupart des pays, constituant ainsi un obstacle majeur au développement des projets ».<br
De même, et sans surprise, le rapport mentionne que « dans certains pays, d’évidentes entraves au développement des énergies renouvelables découlent directement du cadre institutionnel en place »…

Ainsi, au-delà des exposés parfois un peu trop techniques mais toujours passionnants sur le potentiel des énergies renouvelables, cette VIIIe conférence Femip, d’une manière induite mais évidente, a replacé les enjeux énergétiques méditerranéens sur le plan politique, car c’est bien là que se joue(ra) la sécurisation des investissements de long terme, ainsi que l’interconnexion des réseaux nationaux, également évoquée, et présentée comme un paramètre incontournable d’une vision globale du PSM.

Philippe de Fontaine-Vive, en connaisseur avisé des négociations internationales, ne s’y est d’ailleurs pas trompé : d’une part il s’efforce de fédérer le maximum d’institutions et d’opérateurs autour du PSM, d’autre part il garde bien présent à l’esprit le calendrier politique euro-méditerranéen – conférence ministérielle sur le PSM mardi 11 et mercredi 12 mai à Valence d’Espagne, Sommet UPM les 6-7 juin à Barcelone, redéfinition prochaine par le Parlement européen de la politique de « bon voisinage »… – autant d’occasions pour le « patron » de la Femip de peser, par ses recommandations, sur les décisions des politiques.
« Le PSM est à portée de main, mais il faut redoubler d’efforts », déclare-t-il volontiers. On peut compter sur lui, car Philippe de Fontaine-Vive est un Méditerranéen de cœur, de raison et… d’action !


© Alfred Mignot


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La synthèse d’Alfi Malek, Ingénieur, pour leJmed.fr

Le Plan Solaire Méditerranée, un projet ambitieux et difficile : beaucoup d’efforts restent à faire !

Ce projet, issu du projet de l’Union pour la Méditerranée, a été initié en Septembre 2008. Facile à retenir, Il se résume en trois données : 20 : 20 : 20. À savoir : 20GW en 2020 et représentant 20% des énergies nécessaires aux pays du Sud de la Méditerranée

Où en est-on, à dix ans de l’objectif fixé ?

Une étude réalisée par la BEI, principal partenaire du projet, menée sur neuf pays du Sud de la Méditerranée, se traduirait par les grandeurs suivantes :

 les projets identifiés par l’étude seraient de 10 GW pour les neufs pays étudiés. Cette étude exclut la Turquie et l’Algérie ainsi que les pays Balkans.

 des applications à hauteur de deux GW représentent des projets à l’état d’étude avancée

 06 GW bénéficient à ce jour d’un plan de financement

Les projets identifiés par cette étude présentée en avant première, se répartissent de la manière suivante :

- 3,8 GW en énergie éolienne, 5.8 GW en énergie Solaire, et 600 MW en énergie hydrauliquede ces projets, 4 GW sont dans une phase de préfaisabilité.

Les difficultés pourraient être énumérées de la façon suivante :

 le coût des énergies renouvelables est extrêmement élevé par rapport aux énergies conventionnelles : il serait deux fois plus élevé pour l’éolien, à comparer avec une centrale électrique au gaz, et 4 fois plus élevé dans le cas du Solaire.

 les réglementations locales ne contribuent pas au développement des énergies renouvelables.

 les énergies classiques tels que le gaz, sont subventionnées, pas les énergies renouvelables

 enfin, il ressort des études prévisionnelles au niveau des pays de l’Europe et des objectifs à atteindre en 2020, qu’il n’y aura pas un besoin immédiat d’importer de l’énergie électrique, ceci mise à part l’Italie. Les projets sont donc destinés à produire de l’électricité pour un usage local, et doivent s’inscrire dans le contexte économique des pays respectifs.

À ces difficultés, on ajoutera les difficultés suivantes :

 le caractère intermittent des énergies renouvelables rend leur usage difficile, car leur production ne correspond pas nécessairement aux demandes.
Il y a donc nécessité de stockage, ce qui accroît leur coût.

 les technologies ne sont pas locales jusque là, ce qui nécessite leur importation dans leur totalité ; avec l’incidence que cela peut avoir sur les trésoreries des pays concernés.

 les financements disponibles sont en devises, et contribuent à alourdir la dette des pays du sud de la Méditerranée.

 selon les règles établies, les pays porteurs de projets sont censés disposer d’un apport de 15% du montant global du projet. Les financeurs potentiels ne sont pas à l’abri des risques liés aux taux de changes, etc.

 les technologies et notamment le Solaire PV, sont amenées à évoluer, et de nouvelles générations sont en préparation, avec des rendements plus élevés.

Il reste donc un effort important à déployer pour résoudre ces problèmes dans leur ensemble.

Ainsi :

- l’efficacité énergétique doit être une composante importante du projet.

 des solutions doivent être trouvées pour palier aux problèmes du stockage, et de l’utilisation de l’énergie

 cyclique dans le cas du Solaire : sel fondu, par exemple, pour les centrales electrothermiques, à cycle simple

 erratique dans le cas de l’éolien : il pourrait être combiné avec un processus de dessalement d’eau de mer par exemple

 enfin, un axe de développement qui n’a pas été évoqué jusque là sera nécessairement la climatisation et la réfrigération par le solaire thermique, dans des cycles de type à absorption ou adsorption. Ces technologies existent. Elles nécessitent du développement spécifique à ce domaine.

Il est indispensable d’avoir un programme cohérent, qui tient compte de la formation des ingénieurs, et de techniciens compétents, et de l’information la plus large possible des publiques concernés, décideurs, acteurs, utilisateurs, etc.

Le transfert de technologies et la participation au processus de fabrication : composants, systèmes, ou ’assemblages est une partie importante du succès d’un tel projet.

Enfin, la recherche fondamentale et appliquée doit faire partie de ce projet, elle doit être envisagée par une mise en réseau des centres de recherches universitaires.

© Alfi Malek pour leJmed.fr


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