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Pedro NOVO, Directeur exécutif Export à Bpifrance (1/3) : « Notre ligne d’horizon, c’est la co-construction du partenariat entre les entrepreneurs Africains et Français »

6 décembre 2020
Pedro NOVO, Directeur exécutif Export à Bpifrance (1/3) : « Notre ligne d'horizon, c'est la co-construction du partenariat entre les entrepreneurs Africains et Français »
Dans cet entretien exclusif, Pedro NOVO, Directeur exécutif Export à Bpifrance, détaille les nombreux outils, de financement, d’assurance et d’accompagnement, mis à disposition des entrepreneurs français adressant l’Afrique, mais aussi des Africains. L’objectif : mettre en synergie les deux écosystèmes, devenir plus performants ensemble.

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Propos recueillis par Alfred MIGNOT, AfricaPresse.Paris (AP.P)
@alfredmignot | @PresseAfrica

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L’événement Ambition Africa 2020, attendu en novembre, a été reporté pour raisons sanitaires, mais vous deviez y participer à la table ronde dédiée à l’accès au financement pour les PME africaines. Quel message auriez-vous adressé aux entrepreneurs africains ?

Pedro Novo – D’abord, un constat : si aujourd’hui nous avons su bâtir une architecture de financement qui se renforce, qui se simplifie, qui s’organise de mieux en mieux, à l’adresse des grands donneurs d’ordres africains – industriels ou États pour leurs investissements – il reste une frontière que nous n’avons pas encore franchie.
Cette frontière, c’est la co-construction, le co-investissement, le co-développement entre les entrepreneurs africains et français.

C’est donc notre prochaine ligne d’horizon à dépasser, l’un de nos enjeux majeurs des cinq prochaines années : parvenir à réunir autour de projets communs davantage d’entrepreneurs d’Afrique et de France, issus de secteurs aussi divers que de la French Touch, French Tech, French Fab, French Healthcare (le secteur de la santé)…

Qu’entendez-vous par French Fab ?

Pedro Novo – C’est l’étendard de l’Industrie française, de toute l’industrie ! Du transport, de l’eau, de l’énergie, de l’agroalimentaire, de la transformation… Autant de savoir-faire français d’excellence en phase avec les besoins ou projets qui, de l’Afrique du Nord à l’Afrique du Sud, nous permettraient de renforcer davantage de liens entre les écosystèmes entrepreneuriaux français et africains.

L’un des outils qui nous permettraient d’y parvenir serait de rendre accessibles les ressources financières qui mettraient ces PME africaines à la portée du bilan de nos entreprises. Et réciproquement, qui mettraient à la portée des PME africaines les services de nos PME, les outils et les produits que peuvent vendre les entreprises ancrées dans nos territoires.

Comment envisagez-vous cette mise en synergie des écosystèmes entrepreneuriaux africain et français ?

Pedro Novo – Le désir d’un destin commun est fort, il nous faut réunir les conditions et les moyens pour qu’il puisse se réaliser. Être capables de faire la mise en relation, c’est déjà formidable, mais cela ne suffit pas. Il faut également le carburant financier pour permettre que les entreprises africaines et françaises se projettent dans des ambitions d’investissement significatives. C’est notre ambition à Bpifrance.

Comme nous l’avons fait pour les grands comptes ou les États, il y a un travail d’harmonisation et d’organisation à accomplir entre les acteurs français du financement des entreprises françaises en Afrique, et du financement des entreprises africaines dans leur développement sur le continent.

Pour avancer en ce sens, nous déployons une ingénierie tout à fait à la portée de la culture entrepreneuriale française… D’abord, réunir des entrepreneurs des deux continents autour de projets communs et des priorités des entrepreneurs africains. Cette capacité à coopérer se projette notamment dans l’Afrique de l’Ouest francophone, culturellement plus proche, mais aussi en Afrique de l’Est et Centrale.

En fait, quels que soient les territoires, il existe beaucoup d’opportunités pour que le savoir-faire français s’y africanise. Nos entrepreneurs français savent le faire, sans doute mieux que d’autres compétiteurs dans le monde. La capacité à devenir un acteur local, la capacité à co-investir dans des projets communs, à marier des ressources financières, à adopter une gouvernance flexible associant les autorités, en faisant monter en compétence un management également local… C’est un savoir-faire et une agilité, une capacité d’exécution qui est propre à nos entreprises françaises et à leurs managers. Certes, d’autres savent le faire, mais nous le faisons très bien !

Avec quels dispositifs financiers accompagnez-vous cette stratégie ?

Pedro Novo – C’est en effet important d’avoir les moyens de tenir la promesse. Nous disposons de plusieurs outils financiers pour permettre aux entreprises françaises de se projeter et de réussir sur le continent.

Citons d’abord le crédit export, qui est un financement à l’international réservé souvent à des montants très importants, mais que nous avons adapté à des montants plus faibles. Avec le crédit export et ses deux formules que sont le crédit acheteur ou le rachat de crédit fournisseur, nous rendons possible un crédit à une entreprise africaine qui souhaiterait investir, se développer en s’associant à des entrepreneurs français ou en s’équipant auprès de fournisseurs français.

Bpifrance n’intervient normalement pas dans des opérations inférieures au million d’euros, mais s’il y a une récurrence de financement avec un acheteur nous étudierons la faisabilité d’opérations de montants inférieurs.
Cela étant dit notre coopération avec les banques locales permet d’apporter des solutions pour des montants inférieurs, malgré tout à l’échelle, puisque, selon les banques, les tickets d’entrée varient de 500 K€ à 1 million d’euros.

Ainsi, avec des entreprises du continent, nous avons de plus en plus d’opportunités de financement qui permettent de leur rendre accessible de l’industrie française : acheter une ligne de production, comme cela a été le cas en Tanzanie avec un industriel de l’agroalimentaire ; acheter du matériel de transport, comme cela a été le cas avec des entreprises du BTP au Mali, au Burkina ou au Sénégal. Et cela est possible avec des fournisseurs français pour partie, mais également marocains, tunisiens, voire locaux qui intègrent de l’offre française dans leur offre commerciale.

Notre empreinte est également forte et historique, comme vous le savez, sur l’infrastructure de l’investissement en Afrique. Nous y avons déployé au côté de Proparco depuis 17 ans près de 1,2 Md€ dans une vingtaine de fonds de Capital Investissement et plus de 150 entreprises réparties dans 40 pays. Nous disposons ainsi d’outils financiers de fonds propres – notamment avec le lancement récent de notre dernier fonds de fonds Averroès Africa, dont un tiers des 150 millions d’euros du closing final est destiné à nos investissements directs sur le continent.

En 2017, les compétences de Coface sur l’attribution des garanties publiques pour l’action à l’international des entreprises ont été transférées à Bpifrance. Quel point d’étape peut-on en faire, aujourd’hui ?

Pedro Novo – Nous n’avons jamais contracté autant d’assurance prospection à l’export que depuis 2017 ! La promesse du transfert était justement de tirer profit du réseau français de Bpifrance qui, par capillarité, touche plus de 80 000 entrepreneurs par an, de profiter de ce réseau pour irriguer à travers lui les outils des garanties publiques, dont le produit iconique, l’Assurance prospection.

Grâce à cette originalité française qu’est l’Assurance prospection, le continent africain et les enjeux internationaux sont encore plus à la portée de nos entrepreneurs. En moyenne, nous validons chaque année quelque 1 500 assurances prospection et le plan de relance export nous donne trois ans de visibilité pour un budget disponible pour les entreprises de 1 Md€. C’est historique !

Vous avez dit « originalité française » ?

Pedro Novo – Oui, l’Assurance prospection n’existe nulle part ailleurs, tout comme le VIE (le Volontariat international en entreprise).
C’est donc bien une chance pour nos entreprises de pouvoir se projeter en prenant un risque minimum, et de le faire faire maintenant, car dans six mois à un an, il sera trop tard pour bien se placer dans la compétition de la reprise post-Covid. C’est dès maintenant qu’elles doivent commencer à construire le chiffre d’affaires des dix prochaines années de croissance internationale, notamment africaine. La reprise sera forte et rapide pour une majorité de secteurs économiques. Il faudra avoir de l’avance et être prêts.

Peut-on considérer que les entreprises françaises disposent maintenant de tous les outils nécessaires pour exporter vers l’Afrique ?

Pedro Novo – S’agissant du financement du commerce extérieur et donc de l’export, nous disposons de nombreux d’outils. Ces outils complètent les dispositifs bien établis par Proparco, les interventions réciproques sont parfaitement articulables, comme tout ce que nous faisons avec le Groupe AFD. Il nous appartient de les rendre plus visibles, plus simples, plus digitales, plus rapides dans l’exécution et notamment sur les sujets du financement international.

Parce que dans la panoplie que j’ai évoquée, il en est deux – et c’était mon premier propos – qui concernent directement les entreprises africaines : le rachat de crédit fournisseur et le crédit acheteur.
Dans ces deux cas, l’emprunteur est la PME africaine, elle utilise ces dispositifs de financement export, qui donc permettent, au travers d’un crédit que lui fait Bpifrance, de sécuriser un contrat commercial entre une PME française et une PME africaine.

Cette solution de financement ne va certes pas tout révolutionner, mais elle apporte la possibilité à une PME africaine d’accéder à du crédit dans des conditions compétitives et avec des maturités de moyen-long terme extrêmement attractives, entre 5 et 7 ans. Elle ouvre par exemple la possibilité à une entreprise africaine d’acquérir une chaîne de production industrielle, financée à des taux équivalents aux taux d’accès en Europe et modulée par une garantie publique, une assurance-crédit que nous gérons pour le compte de l’État français dans une filiale dédiée Bpifrance Assurance Export, et cela au titre du transfert des garanties publiques de Coface à Bpifrance.
C’est une approche très prometteuse, et il nous appartient de rendre ce dispositif encore plus accessible aux PME africaines qui souhaiteraient travailler avec des entreprises françaises. C’est notre engagement, la prochaine frontière que nous voulons dépasser

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