Retrouvez AfricaPresse.paris sur :
RSS

Outils

Patrick SEVAISTRE (CIAN) : « Pour un accompagnement financier par l’APD des actions RSE du secteur privé français »

28 février 2025
Patrick SEVAISTRE (CIAN) : « Pour un accompagnement financier par l'APD des actions RSE du secteur privé français »
Patrick SEVAISTRE lors d’une intervention à l’Académie des Sciences d’Outre-mer (ASOM, Paris), dont il est membre. © APP
Il est aujourd’hui fortement question que le budget de l’Aide publique au développement (APD) française soit amputé d’environ 35 %. On peut le regretter, mais on peut aussi se dire que le moment est venu de mobiliser l’ensemble des acteurs du développement pour rechercher une plus grande efficacité commune des actions en faveur du développement.

.

Une contribution de
Patrick SEVAISTRE, Délégué du CIAN auprès des institutions européennes
avec Arnaud de VIVIES, ancien Directeur à France Coopération Internationale

.

Au cours des dernières années, la France a affiché l’intention d’impliquer davantage les entreprises privées dans des projets de coopération au développement, notamment à travers leurs fondations. Mais cet affichage, souvent incantatoire, ne s’est qu’insuffisamment traduit concrètement dans les faits et, disons-le, l’ADN du monde du développement, à Paris comme à Bruxelles, reste encore marqué par la méfiance vis-à-vis du secteur privé et du monde des entreprises. Cela étant, des partenariats stratégiques entre les deux mondes, que rien ne semblait devoir rapprocher, voient désormais le jour.

Des ONG partenaires des entreprises, oui, mais pas toutes ; certaines dénoncent souvent la privatisation croissante de l’APD et soupçonnent le privé de vouloir se glisser à la table des bénéficiaires directs de l’APD…

Cette absence de confiance entre les deux mondes constitue un passif immatériel majeur qui doit impérativement être dépassé pour permettre une approche public-privé combinant l’expertise des entreprises françaises et l’aide publique, afin d’investir ensemble dans le développement de l’Afrique. C’est ce que font les Britanniques ou les Allemands qui placent le développement économique au cœur de la lutte contre la pauvreté, et leurs entreprises au cœur de cette priorité.

.

Foisonnement normatif
et injonctions morales

La plupart des entreprises françaises sont très soucieuses de chercher à augmenter l’impact économique, social et environnementale de leurs activités, en impliquant leurs parties prenantes (Rougier dans l’aménagement forestier durable, la Compagnie Fruitière dans la santé des communautés riveraines avec deux hôpitaux dans ses plantations au Cameroun et en Côte d’Ivoire).

Toutes ces actions ne sont pas menées uniquement à travers les fondations de ces entreprises ; elles relèvent de leur politique de RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises), souvent méconnue et couteuse (la RSE peut représenter jusqu’à 5 % du chiffre d’affaires), et sont assimilables, pour la plupart, à des projets d’aide au développement.

Or, les pratiques RSE évoluent aujourd’hui dans des cadres de plus en plus contraignants qui réclament des moyens humains, matériels, et engendrent des charges supplémentaires supportées par les entreprises ; celles-ci subissent actuellement, en Afrique, des pressions croissantes liées à ce foisonnement normatif, souvent porteur d’injonctions morales ; elles l’assument dans un contexte où il leur est demandé d’être à la fois les plus vertueuses tout en restant compétitives vis-à-vis de leurs concurrents extra européens, moins respectueux de ces règles.

.

Pour une action combinée de tous
les acteurs, publics et privés

Une proposition serait que l’AFD, dont le mandat d’influence économique vient d’être renforcé par le gouvernement, accepte, non pas de prendre en charge, mais de cofinancer dans un cadre règlementaire qui reste à définir, les actions de RSE des entreprises françaises qui contribuent au développement. Ce serait une manière de renforcer l’efficacité de l’APD tout en diversifiant ses méthodes.

À quand des appels à propositions organisés à cet effet par l’AFD, permettant un accompagnement financier public des actions RSE menées par le secteur privé français ? Cela se pratique couramment pour les projets des ONG et des fondations, alors que les entreprises ne sont pas moins légitimes que d’autres à investir dans des projets utiles au développement.

Comme ne cesse de le répéter le CIAN, il ne s’agit pas de faire financer les actions philanthropiques des entreprises ; les fondations d’entreprise le font très bien ! Il s’agit, par le biais de la RSE, d’encourager les entreprises privées européennes à nouer des partenariats durables avec des acteurs de terrain pour mettre en œuvre, ensemble, des projets innovants et inclusifs.

Bien sûr, les entreprises seules, tout comme les ONG, ne peuvent répondre aux attentes des populations, mais une action combinée de tous les acteurs, publics et privés, permettra de relever les défis du développement, de son financement et de ses conséquences. On mesure le chemin à parcourir… !

.


◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊
◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊

.

Agenda Paris 19/03/25 - XVIIe Conférence des Ambassadeurs Africains sur « Les nouveaux défis du financement de l’Afrique ». INSCRIPTIONS OUVERTES

CLIQUER SUR L’IMAGE POUR L’AGRANDIR

.

Ces dix dernières années, l’Afrique a fait face à un déficit annuel d’investissement abyssal estimé à quelque 1 200 milliards de dollars* ! Et aujourd’hui, le désengagement massif étatsunien – abandon des Accords de Paris et de l’OMS, suppression de l’USaid, incertitudes sur le maintien des Accords sur la Croissance en Afrique (AGOA)… – va encore dégrader la situation.

Dans ce contexte, notre XVIIe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris (CAAP 17)
sera dédiée au thème :

« Infrastructures, entreprises, santé, climat… :
les nouveaux défis du financement de l’Afrique »

MERCREDI 19 MARS 2025,

de 17 h 00 (accueil dès 16 h 15) à 19 h 15,
puis cocktail VIP de réseautage au

Conseil supérieur du Notariat,
60, boulevard de La Tour-Maubourg, Paris VIIe

………

UN PANEL PRESTIGIEUX (en cours de finalisation)

2 AMBASSADEURS participent au panel :
> SEM Émile NGOY KASONGO, Ambassadeur de la RD CONGO
> SEM Ahmad MAKAILA, Ambassadeur du TCHAD

Avec 6 PANÉLISTES EXPERTS confirmés (panel en cours de finalisation) :
> M. Étienne GIROS, Président du CIAN
> Mme Joly ANDRES, Directrice adjointe chez Engie, membre de la Commission Afrique des CCE (Conseillers du Commerce extérieur de la France).
> M. Zied LOUKIL, Partenaire associé chez Forvis Mazars et responsable Afrique.
> Mme Siby DIABIRA, IFC/Banque Mondiale, Responsable Ouest Europe
> M. Samuel GOLDSTEIN, Meridiam, Directeur du Développement Afrique
> M. Philippe BOZIER, Partenaire Forvis Mazars, Responsable Financement de projets
> Avec M. Alfred MIGNOT, producteur et modérateur des CAAP, Directeur-fondateur AfricaPresse.paris

NB - Nos conférences sont photographiées et filmées. L’inscription vaut pour acceptation.

………

* Selon La Banque africaine de développement (BAD) et diverses autres sources, le déficit annuel africain de l’investissement, estimé à quelque 1 200 milliards de dollars se répartit ainsi :
– moins 68 à moins 108 milliards de dollars pour les infrastructures, sur un besoin total estimé entre 130 et 170 milliards de dollars par an ;
– moins 280 milliards de dollars par an pour la lutte contre le dérèglement climatique, soit 2 800 milliards de dollars sur la période 2020-2030 ;
– moins 300 milliards de dollars pour les PME ;
– moins 90 à moins 120 milliards de dollars pour le commerce ;
– moins 402 milliards de dollars par an jusqu’en 2030 pour les transformations structurelles (l’éducation, l’énergie, la technologie, l’innovation et les infrastructures de transport)…

.

PS - CLIQUEZ ICI pour retrouver tous les REPLAYS et ARTICLES des CAAP.

Articles récents recommandés