Patrick Sevaistre (CIAN) : « Le budget 2021-2027 de l’UE pourrait compter 30 à 40 milliards d’euros exclusivement dédiés à l’Afrique »
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AfricaPresse.Paris (AP.P)
@PresseAfrica
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Dans son point d’actualité sur les relations UA-UE, lors de la récente Assemblée générale annuelle du CIAN (Conseil français des investisseurs en Afrique), qui s’est déroulée le 22 septembre dernier à Paris, Patrick SEVAISTRE, Président de la Commission Institutions européennes du CIAN, a confirmé la place grandissante de l’Afrique dans l’agenda européen depuis la crise sanitaire mondiale, estimant que la réaction européenne fut à la mesure de la situation, notamment par la mise à disposition d’un fonds d’urgence de 15 milliards d’euros.
Cet intérêt plus affirmé de l’Europe pour l’Afrique laisse espérer une nouvelle ère de collaboration. Une nouvelle stratégie européenne « avec l’Afrique » – selon l’expression de la présidente de la Commission de l’UE, Ursula von der Leyen –, fondée sur un partenariat « vertical » d’exception avec l’Afrique, est en effet en cours d’élaboration. Visant l’ensemble des secteurs – éducation, économie, sécurité, emplois, environnement, technologie… – cette stratégie commune se veut en adéquation avec les défis de l’agenda 2030 et les objectifs du développement durable (ODD).
Le Président de la Commission Institutions européennes du CIAN, a insisté sur cette marche de l’Europe vers l’Afrique, qui se concrétise par la fin de « l’approche fragmentée » de l’UE vis-à-vis de l’Afrique, et cela même si, selon lui, les espérances sont plus grandes et l’avancée pas encore assez rapide.
En effet, la relation entre les deux continents était jusqu’à naguère régie par l’Accord de Cotonou – également appelé Accords ACP, pour Afrique, Caraïbes et Pacifique – arrivé à échéance le 29 février dernier. Ces Accords, dont les prémisses remontent à 1975 avec les accords de Lomé, organisaient essentiellement les relations commerciales et de coopération au développement entre les deux entités UE-ACP.
Mais, depuis de nombreuses années, les États africains leur reprochaient d’entraver l’intégration économique continentale, par une fragmentation encore visible des marchés régionaux au profit de la concurrence européenne. De plus, l’accord de Cotonou, conclu à l’époque par seulement neuf États européens, ne répondait pas aux enjeux actuels, tels lalutte contre le réchauffement climatique et les problématiques sécuritaires…
Un nouvel instrument de coopération
avec 30 à 40 milliards d’euros pour l’Afrique
Une nouvelle dynamique de part et d’autre est possible, considère Patrick SEVAISTRE, grâce à un nouvel outil, qui vient unifier toutes les politiques extérieures de l’UE, y compris le Fonds européen de développement (FED), constituant la seconde révision de l’Accord de Cotonou, et qui prévoit des subventions pour des projets visant à promouvoir le développement économique, culturel et social des pays d’Afrique, Caraïbes et Pacifique (et de l’outremer), à renforcer la paix et la sécurité, à promouvoir un environnement politique démocratique stable. Ce fonds, non budgétisé, dépendait jusqu’à présent, du financement volontaire des États membres.
Ce nouvel instrument de coopération, ainsi que le précise Patrick Sevaistre, devrait se concrétiser dans le prochain budget 2021-2027 de l’Union par l’allocation d’une somme de « 30 à 40 milliards d’euros dédiés exclusivement à l’Afrique », partie de la plateforme d’investissement pour le voisinage d’un montant global de 60 à 80 milliards d’euros. Ce montant serait le plus important jamais consacré dans le cadre d’un Plan d’investissement extérieur (PIE) de l’Union européenne ; il constituerait de fait une avancée majeure dans la quête d’une coopération privilégiée sur l’axe Europe-Afrique.
Patrick Sevaistre relève cependant les quelques incertitudes persistant à ce jour, alimentées par certains désaccords entre le Parlement et la Commission européenne – certains pays, comme la Biélorussie, souhaiterait en effet que ce montant soit affecté à leur zone de proximité. D’autre part, une confrontation institutionnelle se fait jour entre la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD).
Le Président de la Commission Institutions européennes du CIAN s’interroge également sur le devenir des accords de partenariat économique (APE) au regard de la mise en place de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) mais aussi sur l’implication du secteur privé dans l’aide publique au développement pour l’Afrique, car à ce jour le stade des bonnes intentions n’a pas vraiment été dépassé.
Comme le CIAN,
L’EBCAM est 100 % dédié à l’Afrique
Patrick Sevaistre relève également l’intérêt de l’action de l’EBCAM (European Business Association for Africa and the Mediterranean) présidée par Étienne Giros, Président délégué du CIAN, car l’EBCAM est une organisation rassemblant les pays européens ainsi que la seule dédiée à l00 % à l’Afrique, ce qui lui confère une place de premier rang sur les sujets africains par rapport aux chambres de commerce, Business Europe…
Patrick Sevaiste revient aussi sur les activités du CIAN en insistant sur le rôle de lobbying de la Commission Institutions européennes pour l’EBCAM, notamment par la rédaction de « position papers » sur l’Accord de Cotonou, la relation UE-Chine, pour appeler l’UE à agir dans l’intérêt du respect des règles de « compliance » (conformité réglementaire) par les acteurs économiques.
Piloté par le CIAN, le projet Archipelago 2
L’action du CIAN repose aussi sur des activités plus concrètes, avec des propositions directes pour bâtir une offre européenne en matière d’infrastructures, en faveur de la formation professionnelle ainsi que d’un engagement financier plus important.
Patrick Sevaistre souligne l’implication du CIAN pour la naissance d’un programme « Achipelago 2 » dédié au secteur de la santé et de l’agriculture. Piloté par le CIAN, il s’inscrira dans la continuité de l’appel à projets « Achipelago », lancé par l’UE dans la recherche d’opérateurs privés pour la formation de 445 jeunes en Côte d’Ivoire, dans le secteur de l’électricité et de l’hôtellerie.
Enfin, le Président de la Commission Institutions européennes du CIAN conclut sur le fait que ces propositions seront mises sur la table lors du prochain EU- Africa Business Forum, le CIAN et l’EBCAM ayant persuadé la Commission européenne de maintenir ce forum sous forme de table ronde, et cela malgré le report du sommet politique.
Une commission européenne-santé au CIAN se réunira le 12 octobre avec le responsable du pôle économique de la représentation permanente française à Bruxelles. Ces prochaines rencontres de l’UE dans sa coopération avec le continent africain pourront constituer les fondations d’un nouveau paradigme du partenariat Afrique-Europe pour une coopération technique aboutie dans l’ensemble des secteurs.
LIENS UTILES :
– Site de l’EU- Africa Business Forum
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