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Pascale Chabrillat, DG de l’Ocemo : « Rendre audible la voix de société civile de la Méditerranée »

Tous pays EUROMED-AFRIQUE | 24 juin 2012 | src.LeJMED.fr
Pascale Chabrillat, DG de l'Ocemo : « Rendre audible la voix de société civile de la Méditerranée »
Marseille -

Directrice générale de l’Office de coopération économique de la Méditerranée et de l’Orient (OCEMO), créé en 2011 à Marseille et soutenu par le Groupe Caisse des Dépôts, Pascale Chabrillat est bien décidée à relever un défi intéressant : rendre audible la parole de la société civile méditerranéenne, et particulièrement celle de la jeunesse.

Photo ci-dessus : Pascale Chabrillat dans le parc de la Villa Valmer (Marseille), qui accueille le siège de l’Ocemo. © Alfred Mignot - juin 2012


Campée en haut d’une colline agrémentée d’un beau parc ouvert au public, la villa Valmer domine la corniche Kennedy, à Marseille. D’ici, la vue est imprenable sur la rade et ses îles. Et elle porte loin, jusqu’à la ligne d’horizon et presque au-delà, où l’on imagine aisément les côtes des pays voisins la rive sud, si ressemblante, presque semblable…

C’est ici, à la Villa Valmer, que l’Office de coopération économique de la Méditerranée et de l’Orient (Ocemo), association créée en 2011, a établi son siège. Un choix qui ne relève pas de la seule beauté du lieu : la municipalité y accueille déjà le Centre de Marseille pour l’intégration en Méditerranée (CMI, soutenu notamment par la Caisse des Dépôts et la Banque mondiale) ainsi que l’un des deux bureaux français de l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (Onudi), le Plan Bleu ou l’OIM. 

Le choix du siège de l’OCEMO est donc en soi un acte affirmant la volonté de l’association de consolider à Marseille une « masse critique de matière grise » :
« Avec l’OCEMO, nous avons pour ambition de devenir le référent de l’expertise économique en Méditerranée, explique Pascale Chabrillat, Directrice Générale, en poste depuis septembre 2011. En fait, nous sommes déjà au cœur de la convergence des réseaux euroméditerranéens, puisque nous rassemblons quelque 180 entités sur l’ensemble de la région Méditerranée/Moyen-Orient – soit les 43 pays de l’Union pour la Méditerranée et les pays du Golfe ».

Ces entités, « représentent autant de forces qui ensemble sont appelées à opérer des synergies pour rendre audible les problématiques du monde méditerranéen » sont issues principalement des réseaux universitaires du Forum euroméditerranéen des instituts de sciences économiques (Femise, 87 instituts) et de Anima Investment Network (plate-forme rassemblant 80 agences gouvernementales de développement), auxquels s’ajoutent les réseaux des grandes écoles (comme EuroMed Management, à Marseille) ceux des entreprises (CCI) des villes (Marseille), des régions (PACA…), des institutions (Caisse des Dépôts, Agence française de développement…).


« La jeunesse est au cœur de notre projet »

Dédié à l’avenir de l’économie verte en Méditerranée, le premier colloque organisé par l’Ocemo, les 23 et 24 mai derniers, fut un succès : 150 participants venus de presque tous les pays riverains, dont 80 % du sud. « J’en suis satisfaite, reconnaît Pascale Chabrillat.
Au-delà de l’intérêt de son thème, le colloque a été pour nous l’occasion de réaffirmer la centralité du projet et le positionnement de l’Ocemo autour de nos objectifs essentiels : animer nos réseaux, être un groupe de réflexion prospective, donner vie à une filière d’expertise intégrée, depuis l’analyse stratégique jusqu’à la mise en œuvre de projets opérationnels, et, plus que tout, faire émerger la parole de la société civile euroméditerranéenne, particulièrement celle du sud, avec un focus très fort sur les questions relatives à la jeunesse… Car ce que nous a appris le printemps arabe, c’est que les attitudes technocratiques classiques ont échoué. Elles sont devenues obsolètes. Nous croyons en revanche en la force de proposition des sociétés civiles.
En toute neutralité, l’Ocemo se veut donc une plate-forme d’expression du monde méditerranéen, lui permettant d’exprimer et de véhiculer ses attentes, ses idées, ses perspectives. La jeunesse est au cœur de notre projet,
souligne Pascale Chabrillat. »

C’est donc pour la jeunesse que l’Ocemo a engagé ses propres moyens, avec une enquête expérimentale portant sur 1 000 jeunes de la région de Marrakech, sous la conduite de Michèle Mansuy, responsable des études statistiques, et en coopération avec l’Office national [marocain] de développement humain, l’ONDH. L’originalité de l’enquête tient au croisement, inédit à ce jour, entre des données sur la famille, l’activité professionnelle et le capital formation des jeunes.
Cette première coopération avec le Maroc, dont les résultats sont très attendus début 2013, a vocation à être transposée à d’autres pays : « En quelques années, nous disposerons donc d’un thésaurus méditerranéen de statistiques comparables sur la jeunesse, puisque élaborées sur les mêmes bases méthodologiques », relève Pascale Chabrillat, ajoutant « qu’il s’agit pour les jeunes d’exprimer le regard qu’ils portent sur la société ».

Autres projets en cours d’élaboration : la création d’un réseau méditerranéen des dispositifs Nouvelle Chance nourri par l’expertise de l’École de la deuxième chance de Marseille (www.e2c-marseille.net) ; le pilotage et la coordination de la Semaine économique de la Méditerranée, du 15 au 21 octobre prochain, à Marseille et, plus largement, des actions de participation, de valorisation et de communication relatives à des initiatives économiques en Euromed.


Une légitimité fondée sur l’engagement

Faire émerger la parole de la société civile méditerranéenne, et particulièrement de sa jeunesse… le défi est évidemment immense !

Mais, Pascale Chabrillat, « Auvergnate de Paris » détachée par le groupe Caisse des Dépôts à Marseille est armée de toutes les qualités susceptibles d’assurer son succès, tant par sa formation – DEA & DESS d’économie du développement, obtenu au Centre d’études et de recherches sur le développement international (CERDI) de Clermont-Ferrand – que par son long parcours professionnel, où elle a mis maintes fois en pratique une démarche toujours tournée vers la création d’outils opérationnels, inspirés par l’expérience éprouvée sur « le terrain ».

Ainsi, au début des années 1990, elle part deux ans en mission en Côte d’Ivoire, où elle participe à la mise en place de la comptabilité des communes. Elle travaille ensuite quelques années dans une société de consultants, où elle s’occupe du développement international des territoires, avant de s’en aller enseigner l’économie à Londres, étape vers Washington, où elle déploie pendant 4 années un programme de développement local de la Banque mondiale…

« Lorsque je repense à ce parcours, dit-elle, je constate que je me suis beaucoup trouvée dans la conjugaison du local/global. L’enseignement, pour moi est que l’ancrage originel donne toujours le sens On fait avec des gens, un lieu, un territoire… C’est encore le cas, ici, à Marseille. Comme le dit Philippe de Fontaine Vive, notre coprésident nord et vice-président de la Banque européenne d’investissement, nous sommes bien “de” Marseille, mais pas “que de” Marseille. Nous sommes “de” la Méditerranée… ».

Méditerranéenne de cœur, Pascale Chabrillat l’est devenue au fil des ans, en s’engageant dans l’action. Dès son intégration en 2008 à la Direction des relations internationales du groupe Caisse des Dépôts, elle propose à son directeur, Laurent Vigier, de fixer à Marseille des « boîtes à outils intellectuels » œuvrant dans le cadre régional euroméditerranéen. C’est donc à elle que l’on doit au moins en partie l’implication du groupe Caisse des Dépôts dans la création, en 2009, du Centre de Marseille pour l’intégration en Méditerranée, (CMI, www.cmimarseille.org), ainsi que du Fonds d’amorçage, de réalisation et d’orientation (FARO, www.faro-um.org) en 2010, et enfin de l’Ocemo (www.ocemo.org/) en 2011.

Elle est donc de celles qui créent des outils comme d’autres plantent des arbres fruitiers : elle sait qu’il faut du temps jusqu’à la première cueillette. « L’action de long terme est une composante de l’ADN du groupe Caisse des Dépôts que j’ai emportée avec moi à l’Ocemo », dit-elle, souriante, avant d’ajouter : « Avec la passion de l’intérêt général ! ».

Un attachement à la Res Publica que Pascale Chabrillat aimerait pouvoir essaimer à travers tout le Mare Nostrum.


Alfred Mignot pour La Tribune Hebdo


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Les dates clé de Pascale Chabrillat

1988 > DESS et DEA d’économie du développement, au Centre d’études et de recherches sur le développement international de Clermont-Ferrand.

1991/1993 > Mission de deux ans en Côte d’Ivoire, où elle participe à l’établissement d’une comptabilité des communes.

2004/2008 > Mission de 4 ans à la Banque mondiale, à Washington, où elle déploie un programme international de développement local.

2007 > Publie « À l’écoute de votre économie locale : un guide pratique pour les villes » - Juin 2007, Cities Alliance.

2008 > Intègre la Direction des relations internationales de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), en charge de la région Méditerranée.

2009 > Participe à la création du Centre de Marseille pour l’intégration en Méditerranée (CMI).

2010 > Participe à la création du Fonds d’amorçage, de réalisation et d’orientation (FARO).

2011 > Participe à la création de l’Ocemo, dont elle est devient la directrice générale, en septembre.


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En savoir plus :
 Site de l’Ocemo

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