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Palerme et Cefalù, entre Orient et Occident

Italie | 26 juin 2010 | src.leJmed.fr
Palerme et Cefalù, entre Orient et Occident
Palerme - « Maintes fois conquise, jamais soumise » pourrait être la devise de Palerme. La ville, principal port à l’occident de l’île, déjà capitale au IXe siècle, a su en effet s’enrichir du flux et reflux des envahisseurs successifs. Cette alchimie unique, c’est tout le charme de Palerme, capitale de la Sicile, plus grande île de la Méditerranée, et cité-passerelle entre Orient et Occident.

Photo ci-dessus - Le Palais des Normands, à Palerme. © Lorca 56


Phéniciens, Grecs, Romains, Sarrazins, princes autrichiens et Bourbons d’Espagne se sont tour à tour disputé la Sicile avant qu’elle ne devînt – tardivement – italienne, en 1870. Mais, beaucoup de Français l’ignorent, un royaume normand de Sicile prospéra ici pendant plus d’un siècle, de 1061 à 1194. De ce royaume, tolérant et multiculturel (les Arabes étaient déjà là depuis l’an 847), il reste plusieurs édifices d’architecture civile et militaire, remarquables pour leur syncrétisme stylistique particulièrement harmonieux.

Toujours présent, dominant la ville, le Palais des Normands – bâti sur les fondements du précédent château fort sarazin et aujourd’hui siège des institutions régionales – a certes perdu ses tours depuis longtemps, et fut maintes fois remanié. Mais sa chapelle Palatine, voulue par le roi Roger (1130) reste un exemple incomparable de la synthèse artistique des trois composantes romaine, byzantine et arabe. Guy de Maupassant, qui la visita, écrivit à son propos : « La chapelle Palatine, [est] la plus belle qui soit au monde, le plus surprenant bijou religieux rêvé par la pensée humaine et exécuté par des mains d’artiste… ».

Le Vieux Palerme, un rêve d’architectes

La cathédrale de Palerme © Ferdi’s World

Également édifiée à l’époque normande, la Cathédrale de Notre-Dame de l’Assomption, embellie au fil des siècles – splendide portique méridional gothique catalan (1453), et coupole, ajoutée au XVIIIe s. – abrite de nombreuses œuvres d’art, parmi lesquelles la châsse d’argent contenant les reliques de Sainte Rosalie, patronne de Palerme.

Remarquable par son effervescence architecturale, la période hispano- aragonaise (1415-1713) fut marquée par d’importants travaux d’embellissement de la ville, tant civils que cultuels : les ordres religieux accumulant des patrimoines immenses, c’est à qui édifie le plus d’églises, de couvents, d’oratoires, bâtis par les plus célèbres architectes, car le rayonnement de Palerme s’étend alors sur toute la Méditerranée ; la noblesse, piquée au vif par cette course au faste, fait elle aussi construire des palais magnifiques. Cette frénétique quête de splendeur nous a laissé quelque 500 bâtiments remarquables, presque tous situés dans un espace relativement réduit, les 240 hectares du « Vieux Palerme ».

Dans ce quartier, la promenade via Maqueda, du nom d’un vice-roi espagnol, constitue de fait un véritable parcours vivant de l’histoire architecturale palermitaine. Après la place Vigliena (1600), remarquable pour sa composition octogonale, ses coins arrondis et les nombreuses armoiries et statues qui la décorent, on verra se succéder quantité de palais et d’églises du XVIIe (par exemple l’église Notre-Dame du Bon Secours, le palais Majorana di Leonvago, le palais Scordia-Mazzarino…) suivis, après la place San Antonino, par nombre d’édifices de l’élégant XVIIIe : palais Merendino-Costantino, palais Giurato, palais de la Cité (hôtel de ville), palais Guggino-Chiaramonte Bordonaro, palais Gastone…

Poursuivant notre chemin le long de la via Maqueda, on trouvera encore des témoignages de ces synthèses stylistiques typiquement palermitaines : par exemple l’église Sainte-Marie de l’Amiral, construite à l’époque normande, en 1143, mais décorée de mosaïques byzantines et rehaussée de nombreux ajouts baroques.

Le Festino de Sainte Rosalie, événement de l’été

Certes, on ne saurait citer toutes ces « vieilles pierres » qui témoignent de l’histoire si singulière de la ville, et de l’importance que la mémoire et les traditions revêtent en cette terre.

Parmi les témoignages les plus remarquables de l’attachement qui leur est porté, le Festino (fête) de Sainte Rosalie. Fille du roi normand Roger, Rosalie préféra vivre en ermite plutôt que de consentir à un mariage non désiré. Quatre siècles plus tard, alors que la peste décimait Palerme, un modeste savonnier eut la vision de Rosalie lui enjoignant de porter ses reliques en procession solennelle. Ainsi fut fait, et l’épidémie cessa, le 15 juillet 1624. Depuis, à de très rares exceptions près, Palerme rend hommage chaque année à sa Sainte, du 9 au 15 juillet : procession solennelle, char monumental reproduisant les scènes de la vie de la Sainte, cérémonies religieuses et fêtes en tous genres consacrent les épousailles du profane et du sacré, intimement mêlés dans la sensibilité populaire sicilienne.

Mais, Palerme sait aussi se laisser aller aux seuls plaisirs de la vie profane. En août et septembre, « Palermo Tutta » propose des centaines de spectacles dans toute la ville, en plein air sur les places ou en terrasses au bord de la mer : théâtre, concerts, danse, cinéma, animations pour les enfants… L’occasion, aussi, de déguster les produits de la cuisine locale : thon et espadon, frit ou à la marinière ; sardines à la caponata (ratatouille d’aubergines) ; délicate ricotta, fromage de brebis qui se déguste aussi bien avec du sucre que poivrée à l’huile d’olive ; sorbets – inventés ici, après que les Maures y eurent importé la glace, ils sont traditionnellement consommés en « trou normand » ; pâte d’amende aux fruits, reine des desserts insulaires… et que l’on peut déguster avec un Mamertino, vin blanc de la région de Messine déjà célébré à la table des Césars, si l’on en croit Pline l’Ancien.

De cette île qui enchanta Ulysse, vous pourrez rapporter l’un de ces pupi, marionnettes assez grandes (jusqu’à 1,30 m) que l’on ne trouve nulle part ailleurs. « Inventés » seulement vers 1860, richement et finement costumés, les pupi célèbrent les antiques guerriers normands et sarrazins, et s’inspirent des personnages de la chanson de Roland… mais dans cette Méditerranée à la si longue mémoire, tous les temps passés se racontent encore au présent.

Près de Palerme :
Cefalù, l’un des « 92 plus beaux villages d’Italie »

Vue du site de Cefalù © David Nikonscavon

Octobre 2003 restera sans doute une date significative dans la longue histoire de Céfalù, petit port pittoresque de 15 000 habitants, situé à 70 km à l’Est de Palerme. L’ANCI (Association nationale des communes italiennes) élut lors Cefalù comme l’un des « 92 villages les plus beaux » de la péninsule. Parmi les critères retenus, la qualité de vie à l’intérieur de la commune, l ‘absence de mobilier urbain en aluminium, de lumières au néon et de « monstruosités architecturales » (sic) ! Donc, si vous vous rendez à Cefalù, vous êtes assuré d’échapper à certaines laideurs de la modernité. Mais, Cefalù recèle bien d’autres charmes…

Ancré à son rocher dominant la mer, fondé au IVe siècle av. J.-C. par les Grecs qui l’appelèrent Céphaloidion – à cause de son rocher en forme de tête – le petit port vit s’écouler bien des siècles avant de rencontrer son destin.

C’est en effet avec la conquête normande, à partir de 1063, que Cefalù devint une cité véritablement prospère et le siège d’un évêché. Au XIIe siècle, le roi Roger II, afin d’honorer un vœu émis lors d’une tempête où il crut périr, décida d’y élever une cathédrale, et ainsi fut fait. Les travaux durèrent un siècle, et le résultat en fut l’édifice religieux le plus normand et roman qu’il soit donné d’admirer aujourd’hui encore sous le ciel de Sicile.

La cathédrale, sur sa Piazza del Duomo plantée de palmiers, présente une façade austère d’où semblent jaillir les deux tours romanes qui dominent les trois nefs et les trois absides de l’ensemble, bâti selon le plan de la croix latine. À l’intérieur, des mosaïques datées de 1148, un grand Christ Pantocrator de pur style byzantin, une Vierge à l’Enfant de la Renaissance italienne, attribuée à Gagini, des orgues décorés à la mode espagnole du XVIIe siècle…

Dans cette petite cité on trouvera encore la tour, restaurée dans les années 1990, de l’Osterio Magno, ancienne résidence du roi Roger, et le Musée Mandralisca, dans la rue éponyme, qui rassemble une rare collection de céramiques grecques et arabes, de belles peintures byzantines, et plusieurs magnifiques cabinets Renaissance.

Descendant de là vers la mer, par les ruelles étroites, vous apprécierez leur caractère authentique et merveilleusement préservé. Le port, jouxté d’une minuscule plage, est encombré par des embarcations colorées de modestes artisans pêcheurs. C’est ici la Méditerranée de toujours ; elle vous fera oublier que vous êtes un touriste de passage…


© Alfred Mignot 2003 pour leJmed.fr

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RENSEIGNEMENTS PRATIQUES

SE RENDRE À PALERME DEPUIS PARIS

Par avion. Des vols réguliers vers la Sicile sont assurés tout au long de l’année par les grandes compagnies, comme Air France (0802 802 802), Alitalia (01 44 94 44 80) Lufthansa (01 55 60 42 08), ou encore Meridiana (01 42 61 61 50). L’aéroport international de Falcone-Borsellino, le second par importance de la Sicile, situé à environ 30 km de Palerme, a accueilli 3,2 millions de passagers en 2001, tandis que celui de Catane-Fontanarassa, le plus important, en a vu transiter 4,2 millions. Navettes toutes les demi-heures entre l’aéroport et le centre ville de Palerme.

Par bateau. Depuis l’Italie, des liaisons régulières en ferries partent de Livourne, de Gènes, de Reggio de Calabre et de Naples pour Palerme. De France, la SNCM assure des liaisons avec la Sicile au départ de Marseille et de Toulon. Mais les liaisons maritimes sont plus nombreuses vers Messine, à l’Est de l’île, qui assure 71 % du transit passagers, contre 7 % seulement à Palerme.

Par la route. Se rendre à Naples, puis prendre l’autoroute Salerne-Reggio de Calabre et embarquer ensuite sur les ferries, sortie Villa S. Giovanni, à 10 km avant Reggio de Calabre. Suivre les indications jusqu’au port. Ferries et bateaux rapides partent pour Palerme toutes les 20 minutes et 24h/24, 7 jours sur 7, sans réservation (25 E environ par voiture).

Par le train. De nombreux trains relient l’Italie continentale à la Sicile. Ces trains s’embarquent sur les ferry-boats à Reggio de Calabre et à Villa S.Giovanni. Mais sur l’île, le réseau est vétuste et très lent.

SE DÉPLACER À PALERME
En autobus. Un dense réseau d’autobus de 560 autobus dessert Palerme, où l’on recense 90 lignes pour un réseau s’élevant à 690 km. Informations bus avec le numéro vert de la ville : 167-018378.

En taxi. Plusieurs stations en centre ville, et deux réseaux de radio-taxis sont à votre service : Autoradio Taxi (Tél. : 091.512727) et Radio Taxi Trinacria (Tél. : 091 225455).

LA LANGUE
L’italien est la langue officielle, mais le sicilien est parlé sur toute l’île, et chaque province possède son accent particulier. Le sicilien a sa propre grammaire, sa conjugaison et son vocabulaire, c’est une vraie langue qui eut sa propre littérature.

LE CLIMAT
En hiver, la température ne descend pas en dessous de 14°C. En été, il fait très chaud, comptez au moins 30°C. L’ensoleillement est exceptionnel avec une moyenne de 2 200 heures par an.

LA MONNAIE
L’euro, comme dans toute l’Italie.

ÉLECTRICITÉ
110 volts, munissez-vous d’un adaptateur.

TÉLÉPHONER
Pour joindre Palerme, faire le 00 39 suivi du numéro de l’abonné avec le 0. Pour appeler la France depuis Palerme : 00 33, suivi du n° de l’abonné, sans le 0.

FUSEAU HORAIRE
L’heure locale est identique à la France, avec alternance de l’heure d’été et d’hiver.

MAGASINS ET BOUTIQUES
Les magasins sont ouverts le plus souvent sans interruption (en général de 9 h 30/10 h à 19 h 30/20 h, du lundi au samedi compris) surtout dans les zones centrales des villes et dans les sites touristiques, en été. Mais attention à l’heure sacrée de la sieste, dans les petites villes et villages : les magasins ferment souvent entre 12 h 30 et 15 h /16 h au nord, et entre 14 h et 17 h au sud.

QUE RAPPORTER DE PALERME ?
Les marionnettes siciliennes, ces fameux pupi, introuvables ailleurs… De tailles variables – 30 cm à 1,30 m – et joliment costumées, elles sont inspirées des conquêtes normandes et représentent souvent Charlemagne, Roland, Renaud… ou des guerriers sarrazins, qui occupèrent l’île durant 250 ans.

ADRESSES UTILES

À PARIS

Ambassade d’Italie
51, rue de Varenne
75007 Paris
Tél. : 01 49 54 03 00
Site : www.amb-Italie.fr

Consulat général d’Italie
5, boulevard Émile Augier
75016 Paris
Tél. : 01 44 30 47 00

Office National Italien de Tourisme
23, rue de la Paix
75002 PARIS
Tél. : 01 42 66 66 68
Fax : 01 47 42 19 74
Site : www.enit.it/fr

À PALERME

Agence consulaire de France
Via Segesta, 9
90141 Palerme
Tél. : (39) 091 58 50 73

Office régional du Tourisme
(Assessorato Regionale Turismo)
Via Emanuele Notarbartolo,9
90141 PALERMO
Tél. : 091 6968033
Site : www.regione.sicilia.it/turismo


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