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Où va l’Afrique francophone ? Ilyes Zouari, Président du CERMF : « Une situation contrastée en Afrique centrale, une activité en forte baisse en Afrique de l’Est » (2/4)

27 mars 2021
Où va l'Afrique francophone ? Ilyes Zouari, Président du CERMF : « Une situation contrastée en Afrique centrale, une activité en forte baisse en Afrique de l'Est » (2/4)
Après un premier volet sur l’état économique de l’Afrique de l’Ouest francophone, cette seconde partie de l’étude du CERMF explore la situation des pays d’Afrique centrale et de l’Est. L’état des lieux s’y avère contrasté, avec une activité parfois en forte baisse. Ilyes Zouari en détaille les raisons, au-delà de celles imputables aux effets de la pandémie.

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Une contribution de Ilyes ZOUARI
Spécialiste du Monde francophone, Conférencier
Président du CERMF
Centre d’étude et de réflexion sur le Monde francophone

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En Afrique centrale francophone, la croissance globale a elle aussi connu une forte baisse, passant de à 2,2 % en 2019 à -3,3 % en 2020.

Au Cameroun, qui dispose de l’économie la plus diversifiée de la région, la croissance a été négative en s’établissant à -2,5 %. Avec une variation annuelle du PIB qui devrait continuer à être en moyenne deux fois plus favorable que celle du Nigeria voisin, comme depuis plusieurs années, le Cameroun devrait lui aussi, prochainement, dépasser ce pays en termes de richesse par habitant, rejoignant ainsi la Côte d’Ivoire et très probablement le Sénégal (le PIB par habitant du pays étant de 1 507 dollars début 2020).

Pour sa part, la République démocratique du Congo (RDC), première économie d’Afrique centrale francophone, a enregistré une croissance négative de -1,7 % (contre 4,4 % un an plus tôt). Bien que le ralentissement de l’économie y ait été assez limité, comme au Cameroun, il n’en demeure pas moins que ce taux reste plutôt décevant pour un pays qui se classe parmi les plus pauvres du continent (581 dollars par habitant, début 2020).

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Le cas très particulier
de la Guinée équatoriale

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En zone CEMAC (dont ne fait pas partie la RDC), la variation du PIB est passée de 1,4 % en 2019 à -3,8 % en 2020, Guinée équatoriale incluse (ou de 2,7% à -3,0 %, hors Guinée équatoriale). Ce pays constitue, en effet, un cas très particulier qu’il convient régulièrement de rappeler, car de nature à fausser l’interprétation des statistiques régionales.

Peuplé d’environ un million d’habitants, seulement, ce pays partiellement francophone et ancienne colonie espagnole était subitement devenu l’un des principaux producteurs africains de pétrole à la fin des années 1990, avant de voir rapidement sa production commencer à décliner, au début des années 2010.
N’étant pas encore parvenu à diversifier suffisamment son économie, il a donc connu une forte chute de son PIB et aligné une sixième année consécutive de croissance négative (-9,0 % en 2020, pour une moyenne annuelle de -7,5 % sur les six dernières années).

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La performance encourageante
du Gabon

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Au Gabon, la croissance est passée de 3,9 % en 2019 à -2,4 % en 2020, et devrait connaître un rebond à 1,9 % en 2021.
Bien que modéré, ce rebond constitue néanmoins une meilleure performance que celle attendue par les deux grands et proches pays pétroliers que sont le Nigeria et l’Angola. Une situation qui s’explique notamment par les efforts réalisés en matière de diversification (Plan stratégique Gabon émergent - PSGE), qui lui permettent d’afficher régulièrement une croissance hors hydrocarbures supérieure à celle de ces deux autres pays.

Sur la période de six années 2015-2020, la variation totale du PIB s’est ainsi établie à 1,4 % en moyenne annuelle pour le Gabon, contre 0,3 % pour le Nigeria et une évolution négative de -1,5 % pour l’Angola (dont les prévisions de croissance pour 2021 s’établissent à 1,1 % et à 0,9 %, respectivement).

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Le Congo pénalisé par l’absence
de réformes courageuses

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Si le Gabon et le Cameroun s’emploient à réformer et à diversifier leur économie, force est de constater que pareils efforts n’ont pas encore été réellement entrepris au Congo voisin (tout comme en Guinée équatoriale), qui a enregistré une évolution fortement négative de son PIB de 8,9 %, après avoir déjà enregistré une baisse assez importante de 3,5 % l’année précédente (et dont la croissance devrait également être négative en 2021).

Une baisse importante du PIB qui traduit l’absence de réformes économiques profondes et courageuses, comme l’atteste le fait que le pays continue à occuper l’une des dernières places du classement Doing Business, en arrivant 180e sur un total de 190 pays étudiés (et se classant donc, à peu près, au même niveau que l’Angola, 177e, ou encore que la RDC, 183e).

Autre conséquence de ce manque de réformes, le Congo a vu sa dette publique considérablement augmenter en 2020, passant de 83,7 % du PIB fin 2019 à 104,5 %, selon les dernières estimations du FMI, et rétrogradant ainsi à la septième place des pays les plus endetté du continent (lui qui était déjà en huitième position un an plus tôt, ainsi que le pays francophone le plus endetté d’Afrique).

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Une activité globale en forte baisse
en Afrique de l’Est francophone

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La croissance globale de cette partie du continent a connu une baisse particulièrement forte, passant d’environ 4 % par an (3,8 % en 2019) à -7,6 % en 2020.

Ce ralentissement brutal de l’activité s’explique par l’importance du secteur touristique dans la moitié des six pays de la région, et en particulier à Maurice et aux Seychelles dont le PIB a chuté, respectivement, de 12,9 % et de 15,9 %, à la suite de l’effondrement du tourisme international.

Pour sa part, Madagascar, plus grand pays de la région, a enregistré une baisse assez importante de 4,2 % de son PIB (après une croissance positive de 4,8 % un an plus tôt).

De leur côté, les pays non dépendants du tourisme ont été ceux ayant réalisé les moins mauvaises performances. Djibouti a ainsi connu une croissance négative de -1,0 % en 2020, et qui pourrait rebondir à 7,1 % en 2021 pour retrouver son niveau des années précédentes.
En effet, le pays avait réalisé une progression annuelle moyenne de 7,1 % également sur la période de six années allant de 2014 à 2019, et ce, en tirant profit de sa situation géographique stratégique qui lui permet de devenir progressivement une plaque tournante du commerce international, grâce notamment à des investissements massifs en provenance de Chine.

Pourtant, seule une dizaine d’entreprises françaises sont implantées dans ce pays, avec lequel la compagnie aérienne Air France n’assure qu’un seul et unique vol hebdomadaire direct avec Paris. Contraste saisissant avec les sept vols directs assurés par Turkish Airlines en direction d’Istanbul, ou encore avec les trois liaisons assurées par le groupe Emirates vers Dubaï.

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Quand la France
méconnaît la RDC…

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Cette faible présence économique de la France à Djibouti, tout comme en RDC, premier pays francophone du monde et pour lequel l’Hexagone n’est que le 11e fournisseur et le 24e client (ne pesant que pour moins de 2 % du commerce extérieur annuel du pays, contre environ 30 % pour la Chine, importations et exportations confondues), en dit long sur la méconnaissance dont souffrent nombre d’acteurs économiques tricolores au sujet du monde francophone, et ce… au plus grand bénéfice d’autres puissances.

Enfin, le Burundi et les Comores ont respectivement enregistré des taux de croissance de 0,3 % et de -1,4 %. La variation légèrement positive affichée par le Burundi s’expliquant principalement par le très faible niveau de développement du pays, qui se classe parmi les cinq pays les plus pauvres du continent (avec notamment le Malawi et le Soudan du Sud, qui font également partie de la minorité de pays ayant réalisé une croissance positive en 2020).

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SUR LE MÊME SUJET

#Afrique #Francophonie -Ilyes Zouari, Président CERMF : « Malgré la crise, l’Afrique subsaharienne francophone continue à tirer l’économie africaine » (1/3)

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SUITE DE L’ARTICLE (3/3) à venir :

– Un endettement globalement maîtrisé en Afrique subsaharienne francophone

– Un rebond attendu dans un contexte international et africain plus favorable

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