ELLE PARTICIPERA AU SOMMET WOMEN IN AFRICA DE MARRAKECH (27-28 SEPTEMBRE)
Neila Benzina (WIA, Tunisie) : « L’éducation et la formation sont parmi les urgences absolues de l’Afrique »
Propos recueillis par Alfred Mignot, AfricaPresse.Paris
@alfredmignot | @PresseAfrica
Les 27 et 28 septembre à Marrakech, vous participerez au IIe Sommet mondial de Women in Africa (WIA). Quel est votre message sur la question de « la confiance en l’Afrique et confiance dans les femmes africaines », qui fait l’objet de deux conférences plénières ?
Neila Benzina - L‘Afrique est un levier de croissance fort pour de nombreuses entreprises dans le monde. Avec un taux de croissance supérieur à 5 % sur une durée de près de vingt ans, une jeunesse qui représente un quart de la jeunesse mondiale, un dynamisme et une vitalité très importants sur l’ensemble du Continent, on ne peut que se projeter avec confiance sur ce territoire.
D’ici à 2050, 12 % de la richesse mondiale sera en Afrique, alors que l’Europe ne pèsera plus que 7 %. Aujourd’hui, sept des dix économies les plus en croissance dans le monde sont des économies africaines.
Les femmes africaines sont au centre et au cœur de cette dynamique ; elles jouent un rôle primordial dans l’économie, dans la politique, dans la société civile et aussi dans la construction d’une génération de futurs leaders africains. Elles impactent les écosystèmes et se font une place de plus en plus grande dans un environnement où les opportunités explosent. En conséquence, nous devons aller au-delà de la confiance en Afrique et dans les femmes africaines. Il est aujourd’hui important d’agir et de soutenir la montée en puissance d’entreprises africaines et de femmes entrepreneures africaines qui partent déjà à la conquête du monde.
L’éducation est l’autre grand thème traité en conférence plénière. Qu’auriez-vous à dire sur ce sujet ?
Neila Benzina - L’éducation est clé pour tout progrès et représente aujourd’hui l’un des défis majeurs auxquels de nombreux pays africains doivent faire face.
En effet, parmi toutes les régions, l’Afrique subsaharienne a les taux les plus élevés d’exclusion de l’éducation. Plus d’un cinquième des enfants âgés d’environ 6 à 11 ans n’est pas scolarisé, suivi par un tiers des enfants âgés d’environ 12 à 14 ans. Près de 60 % des jeunes âgés d’environ 15 à 17 ans ne sont pas scolarisés.
Comme la région fait face à une demande croissante d’éducation et de besoins de formation à cause de l’augmentation constante de sa population d’âge scolaire, l’éducation et la formation sont parmi les urgences absolues.
Il faut néanmoins souligner qu’avec les nouvelles technologies (développement des Moocs, classes virtuelles, etc.) et la capacité de la jeunesse africaine à s’approprier les nouveaux outils et les réseaux sociaux, le retard en matière d’éducation et de formation peut être rattrapé en peu de temps.
Il s’agit donc ici davantage d’une opportunité que d’un frein et nous pouvons déjà noter qu’il existe, en Afrique, certains pays modèles en la matière – la Tunisie – et d’autres qui sont en train de prendre conscience de l’importance du sujet et d’investir massivement pour rattraper leur retard.
En effet, globalement, aujourd’hui en Afrique, l’accès à l’école primaire profite à 80 % des enfants, contre 64 % en 2000. Et près de quatre enfants sur dix vont au collège, contre moins de trois il y a quinze ans. La plupart des pays consacrent une part plus importante de leurs ressources budgétaires à l’école.
Par ailleurs, de belles initiatives lancées par la société civile dans certains pays, permettent de répondre à un besoin croissant de formation sur certains types de profils – d’informaticiens et programmeurs, par exemple – et de résorber le chômage des diplômés. Sur cette question, je citerai en exemple l’initiative Elife, lancée en Tunisie par la Fondation Tunisie pour le Développement, qui a pour objectif de compléter la formation des diplômés de certaines écoles d’ingénieurs de l’intérieur du pays, dans les régions les plus défavorisées, en apportant un socle technique, fonctionnel et de « soft skills » complémentaires, permettant ainsi de rendre ces étudiants « employables » à la fin de ce cycle de formation.
Plusieurs ateliers sont proposés en plus des plénières : Lab programme, Masterclass programme, Meet with… Au(x) quel(s) pensez-vous participer, et pourquoi ?
Neila Benzina - Sans aucun doute ! Les thématiques proposées sont très intéressantes et traitent de sujets qui sont au cœur de nos préoccupations en tant que femmes africaines. Je veux apprendre, écouter, m’inspirer des expériences qui seront partagées et en tirer des enseignements.
Ce qui est également clé dans cet événement, c’est la qualité des intervenants et des participants, ce qui va permettre un haut niveau de networking et créer de réelles opportunités de partenariats et de collaboration.
Pour les femmes africaines, ce volet sera un « game changer » à l’avenir car il servira d’accélérateur fort dans une période où le monde évolue vite et où nous devons rattraper un certain retard, notamment au niveau de l’image et du positionnement.
Êtes-vous satisfaite de l’avancée de vos activités, professionnelles et associatives, liées à la promotion de l’Afrique ou plus particulièrement des femmes africaines ?
Neila Benzina - Pour mes activités professionnelles, liées au domaine des nouvelles technologies et de l’innovation, l’Afrique est un terrain de jeu sans pareil ! En effet, par exemple, sur les sujets de spécialité et d’expertise de mon activité, à savoir autour de la gestion et de l’analyse de la Donnée – les data étant le pétrole d’aujourd’hui –, les acteurs africains sont en train de réaliser un « leap frog » important.
Au niveau associatif, il y a de nombreux sujets à couvrir sur le Continent, tels que la formation, l’inclusion, l’égalité, la culture, etc.
En termes de promotion, il y a encore du travail à accomplir pour mieux faire connaître les atouts du Continent et les talents africains, et plus particulièrement le rôle des femmes africaines dans le développement des pays, ainsi que les compétences qu’elles détiennent pour apporter de la valeur, y compris sur la scène internationale.
Il est vrai que l’enjeu en termes d’image et de branding est primordial car ceci donne de l’influence et apporte un rayonnement positif qui va impacter l’économie, les investissements et le développement des pays.
Êtes-vous disposée à vous engager plus avant (et éventuellement, comment) pour le rayonnement de Women in Africa ?
Neila Benzina - Évidemment, je le suis ! et me suis d’ailleurs déjà, modestement, impliquée. Cette initiative est très importante et je crois en sa capacité à apporter une réelle Valeur ajoutée au continent africain à travers la promotion et la mise en relation de ces compétences clés qui représentent les femmes africaines !
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SUR LE MÊME THÈME
– Le programme du IIe Sommet annuel mondial de Women in Africa (WIA) Initiative, à Marrakech les 27-28 septembre