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Moussa Ismaïla Touré, DG de l’API-Mali : « Investir maintenant, c’est saisir la chance d’un gain de pionnier »

9 décembre 2017
Moussa Ismaïla Touré, DG de l'API-Mali : « Investir maintenant, c'est saisir la chance d'un gain de pionnier »
Alors que le forum « Investir au Mali » vient de s’achever à Bamako, Moussa Ismaïla Touré, Directeur Général de l’Agence pour la Promotion des Investissements au Mali (API-Mali) nous livre ici en détail les axes de son action : restaurer la confiance, améliorer l’image du pays, attirer plus d’investisseurs dont la diaspora, mise en place d’un guichet unique et élaboration d’un Code de l’investissement optimisé… Revue de détail.

Propos recueillis à Bamako par Florence Paque

Le Mali accueille les 7 et 8 décembre un Forum d’investissement avec pour slogan « le pari du Mali »… avec quels objectifs ?

Moussa Ismaïla Touré - Après le succès retentissant de l’organisation du Sommet Afrique-France de janvier dernier, nous voulons confirmer que la vie a repris son cours normal. Nous voudrions que ce Forum « Investir au Mali » soit celui de la diaspora, qui est très active dans les pays d’accueil et dans des métiers parfois pointus. Nous souhaitons montrer cette puissance de la diaspora et lui faciliter les conditions de l’investissement dans son pays d’origine.

Les investisseurs connaissent bien la réalité. Je rencontre des gens ouverts et qui sont à la recherche d’opportunités, malgré le contexte sécuritaire du Mali. Je suis convaincu qu’ils sont surpris lorsqu’ils arrivent au Mali par rapport à la perception qu’on peut en avoir de loin. J’ai vécu la même chose. Lors de la crise en 2012, ma famille était là tandis que je me trouvais ailleurs. Tous les jours, je stressais mon épouse alors qu’elle me disait que la vie continuait. Le but est donc d’inviter les gens à venir constater que la réalité est loin de ce qu’ils peuvent imaginer.

Comment réussir à promouvoir le Mali aujourd’hui ?

Moussa Ismaïla Touré - La crise que le Mali a traversée depuis 2012 a eu un impact terrible sur son image, sur tous les plans. Aujourd’hui encore lorsqu’on cherche « Mali » sur Google, les premières images qu’on voit ce sont des chars, des images de guerre.

C’est donc une question de perception. Mais les opportunités au Mali sont bien réelles. Je dirais que la crise a même paradoxalement amélioré ces opportunités. Le Mali est classé comme « un pays à risque », ce qui signifie, pour les investisseurs, des retours sur investissement potentiellement plus importants, et donc une destination beaucoup plus profitable et rentable. C’est ce qu’on appelle « le gain du pionnier ». Lorsqu’on est pionnier sur un territoire, on engrange en général beaucoup plus de profits que ceux qui vont suivre. C’est donc le bon moment pour venir au Mali.

L’agriculture et les mines apparaissent comme les secteurs stratégiques de l’économie malienne…

Moussa Ismaïla Touré - Ces deux piliers de l’économie malienne font partie de nos quatre secteurs prioritaires. L’agriculture, qui est la priorité des priorités, avec 15 % du budget national qui lui sont consacrés depuis 2015. Les mines sont également stratégiques, avec une production moyenne de 50 tonnes d’or par an.

Mais, aujourd’hui, nous nous orientons vers la diversification du secteur minier, qui ne pourra cependant pas se faire réellement sans le retour à la paix. D’importantes ressources minières sont localisées dans le nord du pays : pétrole, phosphate etc. La paix est donc indispensable.

Quels sont vos autres secteurs prioritaires ?

Moussa Ismaïla Touré - L’énergie est aujourd’hui indispensable au Mali et notamment les énergies renouvelables, particulièrement le solaire. Le Mali est d’ailleurs pionnier dans ce domaine dans la sous-région.

Le troisième secteur prioritaire, c’est celui des infrastructures, routes et ponts, qui sont plus des projets d’État que nous voulons financer à travers le partenariat public-privé [PPP]. La loi adoptée en décembre 2016 va nous permettre d’aller dans ce sens.

Le quatrième secteur, c’est l’élevage. Détenant le premier cheptel de la sous-région, le Mali exporte 95% de son bétail sur pied. Nous avons donc l’opportunité de créer de la valeur ajoutée dans cette filière, à l’image du premier abattoir moderne ouvert à Kayes pour la société Laham Industrie. Nous souhaitons ouvrir dix à vingt abattoirs de ce type au Mali.

Quels sont les investisseurs étrangers les plus attentifs ?

Moussa Ismaïla Touré - Il y a d’abord les « investisseurs historiques », parmi lesquels les entreprises françaises figurent en très bonne place. Ces dernières années, les Chinois sont très actifs, particulièrement dans les infrastructures et un peu dans l’agriculture. Mais nous avons de nouveaux acteurs qui s’intéressent de plus en plus au Mali : l’Inde, les pays du Maghreb comme le Maroc, l’Algérie ou encore les pays du Moyen-Orient qui prospectent, ou que nous prospectons de plus en plus.

Quel soutien apporte aux investisseurs internationaux l’API-Mali, l’Agence pour la Promotion des Investissements au Mali, que vous dirrigez ?

Moussa Ismaïla Touré - Notre premier rôle consiste en la facilitation des démarches administratives des investisseurs, grâce à la création – au sein de l’API-Mali – du Guichet unique, qui s’occupe de la création d’entreprises, de la délivrance des autorisations d’exercice pour les métiers réglementés et de l’agrément des projets au Code des Investissements.

Notre Code de 2012 est déjà très attractif. Cependant, nous travaillons sur un projet de relecture pour l’améliorer, faciliter son application et prendre en compte certains secteurs prioritaires. Le nouveau code permettra ainsi de réduire le délai d’obtention de l’agrément, qui se situe dans les faits entre 45 et 60 jours en moyenne.

Nous voulons également développer le service « After care » pour continuer à accompagner l’investisseur après le démarrage de ses activités. Enfin, nous ambitionnons de permettre à tout potentiel investisseur d’accéder aux informations sur ses centres d’intérêt avant de se déplacer vers le Mali. Pour ce faire, nous continuons à enrichir notre site Internet www.apimali.gov.ml

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EN SAVOIR PLUS :

http://www.apimali.gov.ml/

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SUR LE MÊME SUJET :

Mamadou Sinsy Coulibaly, le « patron des patrons » de la CNPM : « C’est le moment d’investir au Mali ! » http://bit.ly/2AZ4Bxg

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